Accueil Politique Burkina: l’opposition «ne se prêtera pas à (…) un marketing politique»

Burkina: l’opposition «ne se prêtera pas à (…) un marketing politique»

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Des politiques à la Place de la Nation après la démission du président Blaise Compaoré le 31 octobre 2014 (Ph. d'illustration)

L’opposition burkinabè «ne se prêtera pas à une action de marketing politique». C’est ce qu’a laissé entendre, ce jeudi 25 avril 2019, face à la presse à Ouagadougou, le leader des partis affiliés au chef de file de l’opposition politique, Zéphirin Diabré, à la suite de l’appel du président du Faso, Roch Kaboré à un dialogue politique.

Le 4 avril dernier, lors d’une rencontre avec les politiques, notamment l’opposition et la majorité présidentielle, le président Kaboré annonçait la tenue d’un dialogue politique. Pour l’opposition, si dialogue devrait avoir lieu, il faut que les sujets qui y seront abordés «dépassent les aspects purement politiciens pour prendre en compte les questions de la vie nationale et les problèmes qui assaillent les Burkinabè au quotidien». C’est pourquoi, les partis membres du CFOP ont proposé «sept grands thèmes et 39 sous-thèmes», selon M. Diabré citant, notamment, «la situation sécuritaire, la réconciliation nationale, l’unité nationale et la cohésion sociale, le code électoral et l’élection de 2020, la gouvernance et les questions sociales».

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«L’opposition (…) est disposée à participer au dialogue politique, (car) il y va de l’avenir de notre pays», a rassuré son leader, Zéphirin Diabré. Mais il a prévenu que son institution «ne se prêtera pas à une action de marketing politique dans laquelle un pouvoir qui a échoué va utiliser les opposants pour soigner son image auprès des partenaires au développement et de la Communauté internationale», plaidant pour un dialogue «sincère».

M. Diabré a soutenu, face aux Hommes de médias, que leur participation à ce dialogue politique qui est prévu se tenir du 27 au 28 avril prochain, «est conditionnée au respect de deux préalables», dont «le premier a trait au statut et au règlement de ce dialogue» et «le second est relative aux modalités de mise en œuvre et de suivi des décisions qui y seront issues», notant que «l’opposition n’est pas prête à aller causer de tout et de rien, puis se lever, sans qu’il n’y ait des solutions concrètes aux problèmes des Burkinabè».

L’opposition burkinabè s’oppose à « un marketing politique »

Un autre sujet abordé lors de cette rencontre avec la presse, concerne la révélation que nos confrères de Africa Intelligence a faite dans son offre du 22 avril 2019. En effet, ce magazine informait que le président Roch Kaboré serait en contact avec des intermédiaires en vue d’une négociation avec les groupes armés. Pour Zéphirin Diabré, le conférencier du jour, « si cette information était avérée, elle serait scandaleuse », car depuis 2016, le régime Kaboré, « n’a cessé d’accuser (l’ex-président) Blaise Compaoré d’avoir pactisé avec les terroristes ».

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Selon l’opposition, « si l’information se confirmait, il y aurait de l’incohérence doublée de tâtonnement dans la manière de gouverner de M. Kaboré, puisqu’il a, à maintes fois, déclaré qu’il ne négocierait pas avec les terroristes ».

M. Diabré qui se demande « comment des informations secrètes et détaillées ont pu se retrouver entre les mains des journalistes », a invité le président du Faso à « faire, lui-même, preuve de transparence sur cette question », dire « oui ou non y a-t-il négociation avec les terroristes ». « Si oui que cherche le président en négociant avec ceux qui ont tué des centaines de Burkinabè et crée d’énormes dégâts matériels dans notre pays ? Quelle est la contrepartie que notre pays est prêt à offrir ? », s’interroge le chef de file de l’opposition politique burkinabè.

« Y a-t-il oui ou non négociation avec les terroristes »

Lors de cette conférence de presse, le leader de l’opposition burkinabè a invité les uns et les autres à avoir « une pensée pieuse à l’endroit des victimes du massacre de Yirgou (Centre Nord burkinabè). Il a regretté du fait que, 125 jours après le drame, « il n’y ait pas un début de justice », exigeant du président Kaboré et de la justice « de la vérité et de la justice sur Yirgou ». « Cette revendication vaut pour tous les autres massacres ethniquement motivés qui commencent à devenir monnaie courante dans notre pays », a dit M. Diabré qui appelle à « une union sacrée de toutes les bonnes volontés, pour éradiquer ce cancer qui tente de gangréner notre société ».

Par Daouda ZONGO