Accueil A la une Burkina: qu’attendent les Burkinabè du nouveau Premier ministre?

Burkina: qu’attendent les Burkinabè du nouveau Premier ministre?

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Le nouveau Premier ministre du Burkina Faso, Lassina Zerbo

Des citoyens se sont prononcés sur la nomination du secrétaire exécutif de l’Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), Dr Lassina Zerbo, comme Premier ministre après la démission de Christophe Marie Joseph Dabiré, le samedi 11 décembre 2021 à Wakat Séra qui a promené son micro dans la capitale burkinabè.

Christophe Kaboré, boulanger: «Moi je veux qu’il redresse le pays»

Christophe Kaboré, boulanger « Moi je veux que s’il vient il n’a qu’à redresser le pays »

Christophe Kaboré ne connaissait pas le nouveau chef de l’Exécutif burkinabè, Dr Lassina Zerbo, nommé par décret le vendredi 10 décembre 2021. «Je ne le connais pas et si ce n’est pas à cette occasion, je n’ai jamais entendu parler de lui», dit Christophe Kaboré qui veut que «s’il vient, il n’a qu’à redresser le pays pour le remettre sur les rails» parce que rien ne va notamment sur le volet de la gouvernance vertueuse et de la sécurité qui se dégrade de jour en jour. «S’il vient, celui qui déconne seulement qu’on le mette sur les rails. Il n’a qu’à s’assumer et éviter le copinage et le clientélisme afin que le pays redevienne comme avant où il y avait la paix et la quiétude», signifie notre interlocuteur.

Pour lui, le fait que M. Zerbo était à l’extérieur n’est pas un frein mais plutôt un avantage pour lui. « S’il veut réellement travailler, cela n’est pas un souci. C’est là même qu’il peut être à l’aise pour taper. S’il était ici, avec les amitiés et autres connaissances, il ne pouvait pas avoir la main ferme pour mater. Mais, comme ça, tu es venu rien que pour un bon rendement, celui qui déconne seulement, tu le mets à sa place sans problème», soutient-il, soulignant que la priorité du nouveau Premier ministre doit être la lutte contre la corruption et cela va avoir une incidence positive sur la lutte contre le terrorisme.

«On dit qu’il y a Jihadisme et quoi là, c’est parce qu’il y a la corruption et l’injustice. S’il lutte réellement contre ça, vous allez voir que beaucoup de choses vont changer. Vous-mêmes, voyez qu’on punit chaque fois les pauvres au détriment des riches. Et donc cela fait que certains pauvres vont s’aligner avec les terroristes. Mais si tout est correct, vous allez voir que le terrorisme va diminuer», se convainc M. Kaboré.

Daniel Kambou, étudiant en Lettres Modernes (L1), à l’université Joseph-Ki Zerbo: «Si on lui laisse les mains libres il fera un bon travail»

Daniel Kambou, étudiant en Lettres Modernes (L1), à l’université Joseph-Ki Zerbo « Si on lui laisse les mains libres il fera un bon travail »

Daniel Kambou avoue également ne pas vraiment connaitre la personnalité de Dr Lassina Zerbo. Mais, pour lui, ce n’est pas le plus important parce que si le président Roch Kaboré l’a appelé à un moment où la situation du pays est grave, «ce n’est pas le fait d’un hasard». Ce que M. Kambou souhaite, qu’on laisse la liberté au nouveau chef du gouvernement de bien conduire le pays. «Si on lui laisse les mains libres, il fera un bon travail», dit-il.

Selon Daniel Kambou, la priorité de M. Zerbo doit être la sécurité. «Son équipe doit tenir compte en premier lieu de cet objectif, c’est-à-dire résoudre l’insécurité qui grandit. Il faut d’abord la sécurité sans quoi on ne peut rien faire», attire-t-il l’attention des autorités. «On doit arrêter à tout prix les attaques qui nous endeuillent à tout moment. Il faut qu’on règle cette situation avant d’aborder les autres pans du développement», enfonce-t-il.

Daniel Kambou estime que le fait que le nouveau Premier ministre était à l’extérieur ne «doit pas poser problème. Il n’était pas au pays mais certainement qu’il échangeait avec les gens du pays et maîtrisent bien les dossiers urgents», lui souhaitant beaucoup de courage et bonne chance car la tâche qui l’attend est grande.

Harouna Kiéma, vigile: «J’aurai préféré que ça soit quelqu’un qui était ici au pays et qui maîtrise les dossiers et le terrain»

Harouna Kiéma, vigile « J’aurai préféré que ça soit quelqu’un qui était ici au pays et qui maîtrisait les dossiers et le terrain»

La nomination du nouveau chef de l’Exécutif burkinabè est «bien mais j’aurais préféré que ça soit quelqu’un qui était ici qui maîtrise vraiment la maison comme on le dit couramment. Quelqu’un qui maîtrisait les dossiers brûlants et le terrain», affirme M. Kiéma qui poursuit que «mais je me dis que le président qui n’a pas vraiment de problème, a sa raison».

C’est pourquoi, il souhaite que les populations, notamment les politiciens, donnent le temps à M. Zerbo et sa nouvelle équipe qui attendent d’être constituée de faire d’abord leur preuve avant tout jugement. «Je demande seulement qu’on l’observe, qu’on le laisse travailler quelque temps avant qu’on ne commence avec les critiques sinon on va entraver son action dès le départ et ça ne sera pas bien. On peut ne pas croire en lui mais accordons lui le bénéfice du doute quand même», soutient-il.

Comme priorité, Harouna Kiéma veut que le diplomate qui jouit d’une grande renommée à l’internationale «commence d’abord par lutter de manière implacable contre l’insécurité et le grand banditisme car ce sont ces deux phénomènes qui rendent tout difficile actuellement au Burkina Faso». «Actuellement ça ne va pas. Il y a trop de deuil et de faim dans le pays. Tout est cher. Il y a trop de problèmes dans le pays-là», décrit-il la situation du pays.

Notre interlocuteur veut qu’après la lutte contre les attaques armées, que le nouveau chef du Gouvernement burkinabè, mène une lutte «farouche» contre la corruption car c’est l’autre grosse gangrène du pays des «Hommes intègres».

«Il faut qu’il amène des politiques pour épauler les plus démunis pour éviter que certains n’aillent se faire enrôler par les assaillants pour nous combattre. Il faut qu’il lutte contre l’injustice qui est un gros problème et ôte tout espoir de développement aux pauvres», déclare-t-il, signifiant que « dans beaucoup de structures, pour pouvoir y avoir accès en termes de travail, il faut connaître un proche là-bas qui va t’aider à obtenir une place. Cela doit changer. La plupart des services ici dans le pays, c’est seulement des entreprises familiales et la gestion est chaotique», conclue-t-il.

Adamou Koko plus connu sous le nom de « Koko la Merveille »: «Généralement, les gens sont loin de leur pays (…) sont plus informés que ceux qui sont au pays»

Adamou Koko plus connu sous le nom de Koko la Merveille

Comme bon nombre de citoyens rencontrés dans les rues ouagalaises, « Koko la Merveille », agent d’une ONG, ne connaît pas le scientifique et diplomate burkinabè. «Honnêtement, moi je ne le connais pas donc je ne parlerais pas de ses compétences. J’ai appris que c’est à cause des manifestations qu’on a remplacé le Premier ministre sortant et donc je pense que si son profil convient à ce que demandent les manifestants, ça contribuera à apaiser le climat», laisse-t-il entendre, appréciant la nomination de M. Zerbo car «le changement c’est toujours mieux si ça peut apporter quelque chose».

Alors, comme c’est le début, il s’est gardé d’apprécier le nouveau chef de l’Exécutif pour ne pas se tromper. « On ne peut pas encore savoir si la nouvelle équipe va être plus efficace que la sortante tant qu’elle n’a pas encore commencé à travailler. Mais je me dis que comme il est nouveau, il doit être plus conscient des enjeux que le sortant et va certainement apporter de nouvelles solutions », commente-t-il.

Pour Adamou Koko, le profil ou le niveau d’étude d’un chef du gouvernement « importent peu ». « Ce qui compte, c’est la connaissance du terrain et qu’il soit plus conscient des problèmes que vit le pays pour proposer des solutions concrètes qui impliquent toute la population par l’insécurité c’est le problème de tous. Il faut que tout le monde s’aligne derrière la nouvelle équipe», espère-t-il.

Quant au fait que la durée à l’extérieur du nouveau Premier ministre pourrait le handicaper, « Koko la Merveille » pense le contraire. « Généralement, les gens qui sont loin de leur pays sont plus informés que ceux qui sont au pays. Moi-même en tant Nigérien vivant ici au Burkina Faso, je vis cette expérience parce je ne suis pas au Niger mais souvent j’ai beaucoup plus d’informations sur ce qui se passe là-bas par rapport aux gens qui vivent au pays », témoigne-t-il avant de tempérer, « je ne dis cependant pas qu’il est plus informé que ceux qui sont ici mais tout dépendra de l’équipe qui va l’accompagner. S’il s’entoure de gens dont leur esprit converge sur le solutionnement de l’insécurité, le fait qu’il n’était pas ici ne devrait pas constituer un problème », renchérit M. Koko.

Issa Kabré, cordonnier: «Qu’il fasse en sorte que des hauts gradés dans l’Armée aillent sur le terrain»

Issa Kabré, cordonnier « Qu’il fasse en sorte que des hauts gradés dans l’armée aillent sur le terrain »

«Moi, mon souhait est qu’il dirige bien seulement le pays», espère Issa Kaboré qui pense que la nomination de Dr Lassina Zerbo «est bien parce qu’on en avait besoin ». Il a demandé que Dieu « lui donne la force » afin qu’il « réussisse sa mission pour atténuer la souffrance des populations qui ne savent plus à quel saint se vouer ». Comme ses prédécesseurs qui se sont prêtés à notre micro, il « ne connaissait pas du tout » M. Zerbo, « mais cela importe peu ».

Issa Kaboré veut que le physicien trouve une équation à la problématique des attaques armées. « Il faut qu’il nous débarrasse rapidement des assaillants qui nous endeuillent chaque fois-là. C’est vraiment le souci que vit tout Burkinabè actuellement. Moi je veux justement sur ce sujet qu’il fasse en sorte que des hauts gradés dans l’Armée aillent sur le terrain soutenir les soldats », lance-t-il.

« On sait bien qu’ils ne peuvent plus combattre comme les jeunes vu leur âge mais s’ils sont à côté avec des conseils et la réalité qu’il vont vivre sur le terrain, vous allez voir que l’insécurité va beaucoup régresser car ils auront des idées meilleures que celles qu’ils prennent de leur bureau depuis la capitale ».

Par Bernard BOUGOUM