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Burkina: le nouveau PM, du désarmement nucléaire au désarmement des terroristes et des coeurs

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Le nouveau Premier ministre burkinabè Lassina Zerbo (à droite) et le président du Faso Roch Kaboré (Ph. d'archives)

Le nouveau Premier ministre tu le connais? Il fait quoi? Il vient d’où ce monsieur? Parce que nous, on n’avait jamais entendu parler de lui hein! Et paf, il tombe comme ça! En tout cas, moi je n’ai jamais entendu parler de lui. Cette réaction du Burkinabè lambda, à la nomination du nouveau Premier ministre burkinabè, le vendredi 10 décembre, veille de fête nationale au Burkina est plus que légitime, même si le président du Faso est friand des chefs de gouvernement issus des institutions internationales, de son premier Premier ministre Paul Kaba Thiéba, issu de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) et de l’Union monétaire économique ouest africaine (UMOA) au deuxième, Christophe Marie joseph Dabiré, sorti des couloirs de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Dr Lassina Zerbo ne déroge pas à la règle d’où sa faible popularité auprès de Burkinabè habitués à des baobabs politiques locaux comme feu Salifou Diallo ou un certain Simon Compaoré. Et c’est bel et bien sur des noms comme Zéphirin Diabré, le Monsieur Réconciliation, ou un certain Stanislas Ouaro, ministre en charge de l’Education nationale que les pronostiqueurs avisés et les apprentis bookmakers, qui ont pris d’assaut les réseaux sociaux ont misé. Mais ils n’étaient pas dans les secrets de Kosyam, le palais présidentiel où, selon un confrère généralement bien informé, tout était fermé. Visiblement, Roch Marc Christian Kaboré a bien assimilé ses crocs en jambe déroutants dont étaient spécialiste, l’ancien président Blaise Compaoré qui a toujours dérouté, même ses plus proches collaborateurs, en ce qui concernait ses choix de Premier ministre et ministres.

Lassina Zerbo jouit d’une vaste expérience managériale et de leadership dans le secteur privé ainsi qu’à la Commission Préparatoire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE). S’il est, depuis, le 1er août 2013, le secrétaire exécutif de la Commission préparatoire de cette organisation, celui que les intimes appellent «Sina» et dont les visiteurs du soir apprécient la maîtrise des questions d’actualité, bien entendu en plus de la connaissance pointue du nucléaire, où il vit comme poisson dans l’eau. De ce fait, il possède un carnet d’adresse à l’internationale bien épais dont il doit pouvoir se servir pour renforcer l’image du Burkina Faso à l’extérieur, notamment auprès des partenaires commerciaux et au développement, et surtout de ceux qui peuvent contribuer à contenir, voire mettre hors d’état de nuire, l’hydre terroriste qui étouffe le pays dont il est désormais le chef du gouvernement. En effet, c’est sur le terrain de la lutte contre le terrorisme, que les concitoyens de Dr Lassina Zerbo, endeuillés au quotidien par les attaques armées, et nombre d’entre eux contraints à l’exil dans leur propre pays, l’attendent, de pied ferme. Ce sont les manifestations de rue, dont certaines ont été interdites, et d’autres ont refusé du monde, et qui traduisaient le ras-le-bol des Burkinabè contre «l’incapacité des autorités à combattre efficacement les djihadistes et autres bandits armés qui ont fait du Sahel leur sanctuaire, qui ont poussé le prédécesseur du nouveau Premier ministre et son Gouvernement à la démission. Et çà «Monsieur OTICE» en est bien conscient. Il est également conscient qu’il n’aura pas droit à l’état de grâce. Il est, enfin, conscient que les mêmes causes produisent, inévitablement, les mêmes effets.

En tous cas, qu’il soit connu ou non de ses compatriotes au plan national avant de prendre les rênes de l’Exécutif, Dr Lassina Zerbo est non pas au pied du mur, mais dans le mur. Par le choix des Hommes qui composeront son équipe que le grand manitou de Kosyam a promis resserré, le nouveau PM doit rassurer les Burkinabè qui manquent maintenant de larmes pour pleurer leurs Forces de défense et de sécurité tombées au front et les nombreuses victimes civiles des balles assassines des « hommes armés non identifiés ». Il doit amener ses compatriotes de bonne foi ou non, à mettre balle à terre dans leurs manifestations où l’amalgame est reine et vouent aux gémonies, le président du Faso et les forces occidentales, notamment françaises. Il est temps pour les Burkinabè et, du reste, toutes les nations africaines, qui ont bénéficié d’indépendances octroyées dans la dépendance, de se battre pour accéder réellement à une souveraineté internationale qui leur donnera voix de cité dans le concert des nations mondial. En tout cas, Lassina Zerbo aura fort à faire car le vers du terrorisme est dans le fruit, tout comme la haine de l’autre est devenue le sport national des Burkinabè.

Qu’il redresse le pays, qu’il vainque le terrorisme, qu’il ramène la justice sociale, qu’il éradique la corruption, qu’il parvienne à recoller les morceaux de la cohésion sociale partie en lambeaux, qu’il refasse du Burkina Faso, ce havre de paix où, plus ou moins, les paysans cultivaient leurs terres en toute sérénité et nourrissaient «les gens de la ville», les élèves et étudiants, malgré la hantise du manque d’emploi bénéficiaient de l’éducation dans des classes qui ferment malheureusement de plus en plus, sous la menace des terroristes, etc. Des priorités et rien que des priorités. Ainsi se présentent les 7 travaux de Lassina Zerbo.

Par Wakat Séra