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Burkina: Roch Kaboré pris en tenaille!

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Le Burkina du leader de la révolution d’août 1983, Thomas Sankara, longtemps demeuré à l’abri des attaques et des mouvements d’humeur tous azimuts, est devenu en moins de cinq ans, après la démission du président Blaise Compaoré, la cible de groupes armés, très actifs dans le Nord et l’Est du pays. A cela s’ajoute une fronde sociale sans précédent. Un cocktail qui met à mal la gestion du pouvoir d’Etat et le quotidien du Burkinabè.

A la suite de la démission forcée du président Blaise Compaoré en octobre 2014, après sa controversée décision de modifier la Constitution, en vue d’un cinquième mandat présidentiel, une élection a été organisée pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel normal, en novembre 2015. Cette élection a porté le banquier et l’ex-président de l’Assemblée nationale burkinabè Roch Marc Christian Kaboré au pouvoir.

Dès sa prise du pouvoir, «Roch la solution» a été vite confronté à des attaques armées, dont la toute première sous son règne est celle de Restaurant-café Cappuccino-Splendid Hôtel-Taxi Brousse, qui a fait une trentaine de morts. Une attaque qui a annoncé une série d’autres, comme pour tester la capacité du président Kaboré à faire face à l’adversité.

Plus de 200 attaques

De 2016 (début du pouvoir de Roch Kaboré) à nos jours, plus de 200 attaques ont été perpétrées sur le sol burkinabè contre des positions des Forces de défense et de sécurité, des écoles, des églises et autres, faisant des centaines de morts, civils et militaires.

En plus des tueries, le pays est confronté à des enlèvements et des fermetures d’écoles à cause des menaces qualifiées de «terroristes». Près de 1 000 établissements ont vu leurs portes fermées, privant ainsi plus de 500 000 enfants, l’art d’apprendre à «lier le bois au bois», comme l’écrivait Sembène Ousmane dans «Les Bouts de bois de Dieu». Les menaces «terroristes» ont contraint plus de 80 000 personnes à se déplacer, selon des données des Nations unies.

Dans ces derniers jours la violence a pris une autre tournure, en ciblant des communautés ethnique ou religieuses. Des prêtres et pasteur, des responsables musulmans, des commis de l’Etat, entre autres, ont été tués. Après Yirgou dans le Centre-Est où plusieurs personnes ont trouvé la mort, vient s’ajouter le cas de Arbinda. Tous ces conflits communautaires auraient été causés par des «terroristes». Face à ce constat, le gouvernement a salué la parfaite cohabitation des différentes communautés, et appelé les populations à ne pas céder à la provocation des «terroristes» qui souhaitent le chaos dans le pays.

Au cours du Conseil des ministres du mercredi 15 mai 2019, il a été annoncé un programme de tournée de sensibilisation des forces vives de la nation sur la cohésion sociale face aux attaques armées. Des opérations de sécurisation ont été menées et se mènent sur le territoire. Après l’opération conjointe qui a concerné les localités frontalières entre le Burkina, la Côte d’Ivoire et le Ghana, il y a eu l’opération Otapuanu dans les régions de l’Est et du Centre-Est et l’opération Ndofou qui vient d’être lancée dans le Nord du Burkina.

Des syndicats «teigneux» gonflés à bloc

Le pays est donc confronté à des attaques armées qui endeuillent les familles et qui plombent d’une manière ou d’une autre l’économie du pays. Mais ce n’est pas tout, car le mercure social ne baisse pas non plus. Les mouvements d’humeur des syndicats ne font que se multiplier, et ce sous plusieurs formes.

A la suite du mouvement de protestation des magistrats dès le début du mandat de Roch Kaboré, eux qui ont eu gain de cause, plusieurs syndicats réclament à leur tour de meilleures conditions de vie et de travail, ou de la mise en œuvre d’accords signés sous la transition dirigée par le diplomate Michel Kafando. Vu l’ampleur des revendications, le président Kaboré a opté d’opérer une mise à plat des rémunérations en vue de partir sur de nouvelles bases. Une rencontre de composantes de la société a eu lieu pour réfléchir sur la question et des recommandations ont été faites. Il est à noter que des syndicats ont refusé d’y participer. Les recommandations faites à l’issue de la rencontre peinent à être mises en œuvre et les mouvements de protestation des agents de l’Etat refont surface de plus belle.

La récurrence des protestations, a amené l’ex-ministre burkinabè de la Sécurité, deuxième vice-président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, pouvoir), Clément Sawadogo à qualifier le syndicalisme au Burkina, de «plus teigneux de l’Afrique» voire «du monde».

Aujourd’hui, après les financiers, la plupart des syndicats du pays sont en mouvement de protestation. On peut citer, entre autres, les greffiers, des agents de la Poste, les Gardes de sécurité pénitentiaire, les agents de santé, les administrateurs, les agents du ministère de la Culture et les avocats.

Par Daouda ZONGO