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Burkina: secret défense sur les armes venues d’Abidjan?

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Le "tout militaire" constitue-t-il la solution contre le terrorisme au Burkina? (Ph. d'illustration)

Une cinquantaine de véhicules pickup de type «azawad», 1 000 fusils d’assaut AK47 et 100 000 munitions, le tout pour une valeur de plus de deux milliards de francs CFA. C’est le don en matériels de guerre qu’aurait fait la Côte d’Ivoire à son voisin du Burkina Faso, dans le but de contribuer à la lutte contre le terrorisme qui y décime les populations civiles et militaires. A première vue, une initiative louable mais, à contrario, la livraison de ces équipements militaires, n’est confirmée par aucune autorité, ni ivoirienne ni burkinabè.

Il souffle comme un vent d’omerta, ou de secret défense, ou encore d’une volonté commune des deux pays, d’éviter d’orchestrer une propagande monstre autour de ces armes et véhicules, contrairement à ces montages grossiers dans lesquels est passé maître le Mali à chaque réception de la moindre grenade venue de Moscou. Certes, à en croire les informations officielles venues du front, la situation d’insécurité qui était très préoccupante, pour ne pas dire inquiétante au Burkina, connaît un recul, grâce aux victoires engrangées par les Forces de défense et de sécurité (FDS) et leurs supplétifs, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Mais, comme le dit l’adage africain bien partagé par les deux pays frères de la Côte d’Ivoire et du Burkina, «trop de viande ne gâte pas la sauce»!

Et ce renfort venu d’Abidjan, bien qu’il fasse les gorges chaudes sur les réseaux sociaux, ne peut que donner un coup de main aux troupes du capitaine Ibrahim Traoré pour en découdre avec l’hydre terroriste qui frappe le Burkina, sans distinction et surtout sans répit. De plus, le proverbe n’énonce-t-il pas, implacable, que, quand la case de ton voisin brûle, il faut se hâter de l’aider à éteindre le feu, de peur que celui-ci ne s’attaque à la tienne? Par son geste, s’il est avéré, Alassane Ouattara fait d’une pierre deux coups. Non seulement il contribue à éloigner les terroristes loin des bords de la lagune Ebrié qui commence à devenir une cible pour eux, mais aussi à desserrer l’étau djihadiste autour d’un pays avec lequel le sien partage 540 kms de frontière et des liens séculaires socio-historiques très forts.

D’ailleurs, on ne parlait pas séparément, dans l’histoire, de Côte d’Ivoire et de Burkina Faso, mais, de la Haute d’Ivoire qui atteignait la frontière du Niger. Il est même dit, à raison, au vu de ces relations fusionnelles au point d’être souvent inflammables, que lorsque  la Côte d’Ivoire, où sont d’ailleurs installés des millions de familles et de nombreux opérateurs économiques burkinabè, éternue, le Burkina s’enrhume. Une histoire donc régulièrement mouvementée, alimentée par des détracteurs et certains activistes qui, pour des intérêts égoïstes et très personnels, injectent régulièrement du venin dans le sang qui circule dans les veines communes ivoiro-burkinabè. La démarche ivoirienne répond donc à ce bel esprit de voisinage propre à l’Afrique, et épouse, du reste, la logique de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) d’accompagner les pays en transition politique après des putschs militaires.

Une chose est certaine, la Côte d’Ivoire, le Burkina, le Mali, le Niger, le Togo, le Sénégal, le Bénin, en somme tous les pays de l’Afrique de l’ouest, sous la menace terroriste, sont, plus que jamais contraints à s’unir pour vaincre ensemble. Ou périr, chacun, seul! Mieux, des actions d’économie et de coopération doivent se multiplier dans un esprit de partenariat sud-sud, dans la matérialisation de cette noble initiative que constitue la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Le salut de l’Afrique pour le développement passe par la fin des barrières physiques que sont les frontières héritées de la colonisation. C’est dans cette logique, qu’au Burkina, une association, la bien nommée Investisseurs Sans frontières (ISAF), portée sur les fonts baptismaux en 2017, qui prend progressivement pied en Côte d’Ivoire, au Togo, au Bénin, au Mali, au Sénégal, etc., a décidé de briser tous ces obstacles qui donnent du fil à retordre aux hommes et femmes d’affaires africains.

En tout cas, les équipements militaires, qu’ils viennent de la Côte d’Ivoire, ou du Togo, ou encore du Niger, vers le Burkina, pour faire reculer le terrorisme et au cas échéant donner l’estocade au fléau, c’est un signal fort pour une Afrique qui s’est toujours illustrée par sa division sur l’échiquier international. Et ce sont les terroristes qui doivent trembler!

Par Wakat Séra