Accueil A la une Burkina: tout est cher au marché!

Burkina: tout est cher au marché!

0
Des céréales exposées pour la vente (Photo Siaka Cissé)

Les prix des produits de première nécessité ont sensiblement augmenté depuis des mois au Burkina Faso. Des céréales aux huiles, en passant par les légumes, tout est cher sur des marchés dans la ville de Ouagadougou et sans doute dans bien d’autres villes du pays. Nous avons fait le constat au marché de Dassasgho, un quartier populaire de la capitale burkinabè, où les commerçants, tout en évoquant les raisons de cette hausse des prix, ont lancé leur cri du cœur au gouvernement afin d’améliorer la situation pour les populations qui en souffrent.

Noufou Kaboré est vendeur de céréales au marché de Dassasgho, non loin de l’échangeur de l’Est. Il vend du maïs, du sorgho, du petit mil, du haricot dont les prix ont connu une hausse sensible depuis des mois. Chez lui, le sac de 100kg de maïs est passé de 12 000F CFA à 20 000F CFA, celui du haricot de 30 000F CFA à 35 000F CFA. Quant au petit mil et le sorgho, Noufou Kaboré nous confie que leurs prix n’ont pas trop changé «parce qu’ils ne sont pas autant consommés que les autres». Chez lui, le plat (environ 2kg) de petit mil est vendu à 700F CFA et celui du sorgho à 500F CFA.

Des tomates mises en des tas de 500F CFA et 1000F CFA

Malgré cette flambée des prix des produits, M Kaboré affirme que les clients viennent s’en procurer, car selon lui, ils n’ont pas d’autres alternatives. Il dit déplorer cette situation de vie chère et nous explique les raisons qui ont engendré selon lui, la hausse des prix de ces céréales au Burkina Faso.

Les céréales proviennent des provinces, des zones périphériques de Ouagadougou

«On rentre dans les provinces pour acheter les céréales auprès des cultivateurs. On se rend souvent à Bobo-Dioulasso; à Korsimoro; à Kokologho; à Léo; à Foussa vers le Ghana», nous cite ainsi Noufou Kaboré ses sources d’approvisionnement en céréales. «Vers le Sahel, il n’y a plus rien, les gens ont fui les zones et manquent de vivres. Dans les villages, les gens cultivaient, il y avait assez de vivres pour tout le monde, maintenant qu’ils ont fui les lieux, cela a provoqué un manque», c’est le constat implacable du vendeur de céréales Noufou Kaboré.

 Ainsi attribue-t-il cette situation à l’insécurité qui règne dans certaines zones du pays. Il a, par conséquent, prié pour que la paix revienne dans le pays, mais il ne se veut pas naïf. «Quand tu manges à côté de ton voisin qui a faim, c’est ça qui amène la bagarre», affirme Noufou Kaboré en parabole. Pour lui, «si on se lève main dans la main et que Dieu y apporte du sien», les choses pourraient positivement changer.

Mme Ilboudo, vendeuse de condiments

Un peu plus loin dans le marché, nous trouvons un autre vendeur de céréales du nom de Ali Ouédraogo. Dans des sacs sont contenus du maïs (rouge comme blanc), du sorgho, du petit mil, du petit poids, du poids de terre, du haricot, du fonio, etc. La situation est quasiment la même chez Ali Ouédraogo en matière de hausse des prix des céréales. Cet autre commerçant est plus dans les ventes en détail, ce qui permet à tous les clients de s’approvisionner chez lui. Le plat de haricot s’offre en contre partie de la somme de 1450F CFA, celui du maïs rouge à 700F CFA, le maïs blanc à 600F CFA, celui du petit mil est vendu à 800F CFA. Pour ce qui est du sac de 100kg, celui du maïs blanc est par exemple vendu chez M. Ouédraogo à 28 000F CFA.

La situation sécuritaire et sanitaire pointée du doigt

«Ce n’est pas notre souhait que les céréales deviennent cher sur le marché», s’excuse Ali Ouédraogo. Il lie cette situation au climat sécuritaire et sanitaire dans le pays. Il explique qu’à cause de l’insécurité, les cultivateurs ont abandonné les champs et d’autres se sont retrouvés dans les villes. Cela a engendré un manque qui s’est accentué selon lui, avec la récente décision prise dans le pays voisin le Togo, d’interdire les exportations de ces produits, comme l’a également fait le gouvernement burkinabè avec la suspension des autorisations spéciales d’exportation.

Ali Ouédraogo, vendeur de céréales

Si remplir le fond de son grenier s’avère coûteux, faire bouillir la marmite ne l’est pas moins. En effet, les prix des légumes, qui se font rares à certains moments sur les marchés, ont aussi connu une hausse. Madame Dalla est vendeuse de condiments. On peut avoir chez elle des tomates, des oignons… Elle a disposé les tomates en des tas de 500F CFA et de 1000F CFA. Quant aux oignons, ils sont étalés et il y en a pour presque toutes les bourses. Certains sont dans des sacs de 50kg qui coûtent 20 000FCFA le sac.

Les condiments sont aussi chers sur le marché

Elle nous fait la confidence que pour avoir la petite caisse de tomate, il faut débourser une somme entre 35 à 40 000F CFA. Pourtant, «en temps normal, on pouvait acheter la caisse entre 10 ou 15 000F CFA. On ne s’en sort pas. Les clients se plaignent et c’est compliqué pour nous», se lamente Mme Dalla. Sa marchandise, elle se ravitaille tous les trois jours, sur les marchés des localités périphériques de Ouagadougou, telles Koubri, Kokologho et Zitenga.

Non loin de Mme Dalla est installée Mme Ilboudo qui a sur son étalage, du poivron, des feuilles d’oignons, du piment, du concombre. Mme Ilboudo ne se réjouit pas non plus de la situation du marché des légumes dont les prix ont connu une hausse, ce qui a donc rendu leur vente difficile. «Actuellement nous achetons le sac de concombre entre 12 000F CFA et 15 000F CFA», dit-elle. Elle nous apprend que lorsque le produit est en manque sur le marché, le sac peut s’acheter jusqu’à 25 000F CFA. Elle nous confie que les jardiniers ont augmenté ces prix «parce qu’ils ont entendu parler d’augmentation d’essence, de transport, d’engrais». Le sac de poivron, elle nous dit l’avoir acheté à plus de 30 000F CFA. Le litre d’huile, selon le constat fait chez des boutiquiers, est passé de 800FCFA à 1100FCFA.

Le ministère de l’Industrie, de l’Artisanat et du Commerce mène régulièrement des opérations de contrôle des prix des produits de grande consommation dans le but de juguler leur flambée. Il a également interdit l’exportation de ces produits vers d’autres pays afin de rendre des stocks disponibles pour les populations consommatrices.

Siaka CISSE (Stagiaire)