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Burkina: «un pays en crise, un peuple martyrisé, une patrie en danger!» (Opposition)

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Le président de l'Autre Burkina-PSR, Alain Zoubga

L’autre Burkina/Parti pour le socialiste et la refondation (PSR), parti politique dirigé par Dr Alain Zoubga, dans cette déclaration, fait une analyse de la situation nationale d’un Burkina éprouvé, notamment sur les plans sanitaire, sécuritaire et social. Dans un contexte où «tous les secteurs sont en crise», l’autre Burkina/PSR «comprend difficilement que le pouvoir MPP (Mouvement du peuple pour le progrès) lui-même décide d’en rajouter» en décidant de la fermeture du Lycée Philippe Zinda Kaboré (LPZK) qui accueille environ 4 000 élèves.

Le Burkina, un pays en crise, un peuple martyrisé, une patrie en danger!

Ce titre évocateur de la déclaration de l’AUTRE Burkina/PSR reflète largement la réalité dans notre pays. C’est un diagnostic grave qui ne laisse place qu’à une seule véritable préoccupation à savoir comment y faire face. Aujourd’hui, plus qu’hier l’urgence est sécuritaire, sociale et sanitaire.

1- Dans le domaine de la santé, l’état sanitaire du pays relativement au Covid 19 n’est pas dramatique mais il reste préoccupant. Et si la propagation de la maladie semble contenue, en pareille situation et dans ce domaine de la santé, restons tous vigilants en considérant l’apparition de variants qui rôdent autour de nous dans quelques pays voisins. Deux aspects dans cette lutte contre la pandémie nous préoccupent:

  • La vaccination ne progresse pas suffisamment et depuis le début, environ 118 000 personnes auraient été vaccinées avec un bond intéressant au mois d’Août, ce qui est peu. Certes, le département de la santé déploie des efforts sur le terrain, mais certaines personnes annoncent déjà un échec vaccinal.
  • Sur le plan des statistique sanitaires en analysant les chiffres l’on peut se poser quelques questions car au-delà de la faiblesse de la valeur absolue de ces indicateurs l’on constate une tendance, même légère, à l’augmentation continue des nouveaux cas durant la période juillet-Août et début Septembre de cette année. Cette tendance porte à la fois sur le total des chiffres de juillet comparé à celui du mois d’Août d’une part et d’autre part sur les données quotidiennes du mois d’Août avec des données plus élevées durant la dernière semaine jusqu’au 02 Septembre. Toute chose qui peut inquiéter de nombreuses personnes quand on sait par ailleurs que ces chiffres sont généralement sous-évalués par rapport à la réalité au sein des populations.

Au regard de ce qui précède même si la vaccination est sans conteste l’un des moyens les plus efficaces contre la propagation de la maladie, dans le contexte actuel (disponibilité et accessibilité des vaccins, faiblesse des résultats..) nous estimons que ce ne serait pas une bonne idée de faire du « passe sanitaire » une obsession. C’est pourquoi, tout en poursuivant les efforts de vaccination, nous recommandons une reprise sérieuse des mesures barrières bien connues et acceptées par la population (port du masque, distanciation sociale, lavage des mains..).

2- La situation sécuritaire de notre pays, est catastrophique et rien ne permet d’espérer une amélioration réelle dans les semaines voire les mois à venir. Pire l’on constate que l’insécurité prend d’autres formes très dangereuses. A la guerre djihadiste barbare et cruelle viennent s’ajouter de nouvelles formes de d’insécurité liées directement à la mal gouvernance de l’Etat.

-Ainsi, les morts atroces des jeunes de l’Université de Koudougou sous les décombres d’un bâtiment en construction est la conséquence directe de la cupidité de quelques criminels à qui l’on a octroyé des marchés PPP très mal exécutés, des ouvrages de mauvaise qualité devenus dangereux pour les citoyens. L’on se rappelle que l’opposition politique avait qualifié le PPP de « tumeur économique » il y a quelques années. Et les exemples sont nombreux dans les domaines des routes, des ponts, des édifices, infrastructures de sports, d’universités et de santé, des cas sont connus depuis des années et des responsables de l’Etat s’y retrouvent.

Pour toutes ces raisons nous demandons à l’Assemblée nationale de mettre en place une commission d’enquête qui s’associera des experts indépendants du domaine pour faire un audit institutionnel sur la politique du PPP (attribution des marchés, qualité des bénéficiaires, exécution, qualité des travaux entre autres).

-Puis c’est au BAM où l’on a vécu la catastrophe des mines. Pour nous, l’absence de mesures et le manque de volonté réelle de protéger les travailleurs et la population dans les zones des sites miniers contre la rapacité des grands financiers, patron des sociétés minières, sont la cause réelle des morts dans cette localité. Ce drame des mines n’a pas encore livré tous ses secrets mais il y a des indices qui montrent beaucoup « d’obscurité » tendant à masquer la lumière sur les faits, plus spécialement les causes réelles de cette hécatombe. Nous demandons instamment au procurer du Faso d’approfondir l’enquête pour situer et préciser toutes les responsabilités car l’impunité a trop fait de mal dans notre pays. En outre il est recommandé de procéder à une révision conséquente des accords signés avec les sociétés minières en portant une attention particulière sur la protection (sociale, sécuritaire, économique..) des travailleurs et des populations de ces zones.

-Le lynchage atroce, cruel et motel des travailleurs du CCVA à Bouroum-Bouroum est aussi une conséquence directe de la montée violente de l’incivisme depuis 2015 face à laquelle nos gouvernants peinent à trouver une réponse efficace, donnant l’occasion à certaines personnes de pointer d’un doigt accusateur des communautés entières. Et pourtant, il est du devoir de l’Etat d’apporter une solution juste et efficace à ce genre de questions dites communautaires voire de société. Concernant ce drame nous saluons la dernière marche des forces vives de la région et demandons la mise place d’un comité de crise issue de ces forces vives afin de réfléchir et proposer des «idées» de solutions durables.

Dans un tel contexte d’insécurité généralisée, nous devons agir au-delà du «tout militaire». Et si l’unité sacrée est fortement évoquée il faut cependant que les tenants du pouvoir comprennent que cette unité dite sacrée n’est pas une simple déclaration mais un fait, une pratique et ce sont eux qui en tiennent les principaux leviers (réconciliation par un dialogue inclusif, respect des engagements du dialogue social …) pour agir efficacement. Mais, en attendant la nouvelle stratégie annoncée, face à la situation exceptionnelle, des mesures exceptionnelles. Ainsi nous sommes pour le «tout agent fds au front», ce qui passe par le retrait des ¾ de nos contingents militaires à l’étranger et le retour au pays de tous nos officiers et sous-officiers qui sont dans des ambassades et organismes internationaux.

3-La crise sociale ne date pas d’aujourd’hui, mais elle est devenue affreusement inhumaine avec le calvaire des populations déplacées, la faim et la misère. La vie chère traque davantage beaucoup d’hommes et de femmes avec les dernières mesures des augmentations sauvages des prix des produits de consommation courante. Concernant le front social proprement dit, il est qualifié de calme en ce moment par de nombreux citoyens et c’est paradoxalement ce qui «dérange» certains décideurs du régime en place. Ils se nourrissent des crises!

Ainsi, le département de l’Education vient d’allumer une mèche provocatrice en décidant de fermer le plus grand lycée du pays, un établissement emblématique, historique qui fait la fierté de la Nation. Une décision inique grosse de dangers pour la rentrée qui s’annonce, mais le «super» ministre Ouaro, «l’homme au destin national» comme le clament haut et fort ses partisans, reste imperturbable. Dans la tourmente des premières réactions, il annonce avec mépris d’un ton provocateur de «bonnes perspectives» pour le grand ZINDA. Cependant s’il s’agit d’un projet de bonnes réformes, alors présentez-le avant de détruire le lycée. Dès lors comme dirait le voisin il faut «quitter dans ça», dans cette démarche qui s’apparente à une logique de «délinquance» politique. Personne ne doit oublier ce boulet de feu qui plombe à jamais notre université suite à la décision d’une année blanche prise sous le ministre DABIRE, l’actuel Premier Ministre.

Dans ce contexte où tous les secteurs sont en crise, notre parti comprend difficilement que le pouvoir MPP lui-même décide d’en rajouter, alors qu’il a besoin de paix sociale pour mettre en œuvre son programme de gouvernement. L’histoire peut «bégayer» mais elle peut se répéter chez nous aussi et comme le montrent les grandes luttes des nations, les catastrophes sociales sont souvent l’œuvre d’hommes médiocres mais les grandes catastrophes révèlent souvent de grands hommes au service des peuples !

Aujourd’hui, notre conviction est que la fermeture du lycée ne se justifie pas et ne peut se justifier. Les arguments avancés par le ministre, notamment le vandalisme, s’apparentent à du mensonge. Et c’est du reste ce qui justifie la décision du tribunal de relaxer les élèves pour « infraction non constituée », le 31 mai dernier. Cette fermeture est quant au fond une décision politique et l’objectif c’est de « casser » un foyer de lutte de la jeunesse scolaire et estudiantine. Toutefois elle va engendrer rapidement la naissance d’autres foyers qui vont grandir, murir et s’unir contre toute volonté des pouvoirs politiques dans notre pays tendant à étouffer les libertés de la jeunesse scolaire. En tout état de cause, ce qui pourrait être reproché aux élèves du Zinda existe, à des degrés différents, dans la quasi-totalité de nos écoles et cela fait partie des insuffisances nées des politiques successives des différents régimes. En effet, ce sont les décideurs politiques à travers leurs programmes de gouvernement qui sont responsables des graves insuffisances de notre système national d’Education et ils ne devraient s’en prendre qu’à eux-mêmes. Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. Dès lors, rendez-vous aux assises pour identifier et formuler les problèmes à résoudre afin de rendre plus performant notre système national d‘Education. Actuellement, fermer le lycée ZINDA c’est fermer le dialogue social ce qui pourrait provoquer tôt ou tard une réaction brutale mais légitime du mouvement démocratique dans ce pays en guerre. Ce serait un sérieux handicap pour les prochaines assises en préparation sur l’Education. Et sur un plan plus général, chers compatriotes, préservons nos forces pour faire face à cette guerre terroriste qui nous étrangle.

En attendant, nous voulons demander aux « sages » qui ont rédigé le document de base des prochaines assises de bien vouloir intercéder auprès du gouvernement pour qu’il reconsidère sa décision. Quant aux parents d’élèves, nous leur demandons de jouer leur partition car leur silence inquiétant pourrait être considéré comme un silence coupable.

Mais quoi qu’il advienne il y a encore de l’espoir car nous avons encore un dernier recours, c’est le Président KABORE. Nous l’interpellons avec respect, sur cette crise du lycée afin qu’il prenne la bonne décision, à l’instar de celle qui a permis de résoudre en partie la crise à la CENI. Alors, ainsi soit-il !

Ouagadougou, le 05 Septembre 2021

Dr Alain Dominique ZOUBGA