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Burkina: une Coalition syndicale d’étudiants exige la « suppression des conditions récentes au FONER »

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Université de Koudougou (Photo d'archives)

Une Coalition de structures à caractère syndical d’étudiants de l’Université Norbert ZONGO, que sont l’ANEB, FESCIBF,  FNEEB  et l’UNEF exigent la « suppression des conditions récentes dans le lancement de la 1re session du FONER au titre de l’année académique 2021-2022 ».

Mesdames, messieurs les journalistes,

La coalition des structures à caractère syndical d’étudiants de l’Université Norbert ZONGO (UNZ) vous remercie pour votre disponibilité constante à accompagner nos actions, malgré vos agendas chargés. Cela témoigne de l’intérêt que vous portez à l’éducation en général et à l’enseignement supérieur en particulier et aux  luttes qui se mènent pour améliorer sa qualité et son accessibilité aux enfants du peuple.

Avant tout propos, observons une minute de silence à la mémoire de toutes les victimes des drames survenus à l’Université Norbert ZONGO dont la plus récente demeure celle de notre camarade TANKOANO Tenipaguiba étudiant en première année MPCI dans les locaux du restaurant universitaire GEGA, ainsi qu’en la mémoire de toutes les victimes des attaques terroristes dans notre pays.

Je vous remercie !

 Mesdames, messieurs les journalistes

Ce point de presse a pour objectif essentiel de porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale le calvaire que vivent les étudiants de l’Université Norbert ZONGO (UNZ) à l’instar de ceux des autres universités du pays.

Mesdames, messieurs les journalistes

L’Université Norbert ZONGO, à l’instar des autres universités publiques du Burkina Faso, est plongée dans une crise qui s’approfondit d’année en année. Cette crise, qui n’est qu’une des conséquences de l’application des politiques néolibérales dans l’enseignement supérieur, se manifeste entre autre à travers la mauvaise gouvernance administrative et financière de l’université, le tâtonnement dans les programmations et les enseignements, l’adoption de politiques d’exclusion massive des enfants du peuple du droit d’accès à la science et à la technique, l’insouciance et le zèle débordant des autorités vis-à-vis des justes et légitimes préoccupations des étudiants.

 Aux plans académique et pédagogique, l’application hasardeuse et sans mesures d’accompagnement du système Licence-Master-Doctorat (LMD), plonge l’UNZ dans un retard académique jamais égalé avec des années académiques sans tête ni queue.  Ainsi aucune promotion n’a une année académique normale (d’octobre à juillet). A cela s’ajoute les taux d’échecs massifs. A titre d’exemple, en SEG Bac 2018, on a enregistré session normale 269 admis sur 1.303 étudiants inscrit en semestre 3, soit un taux d’échec de 79.35%, à l’UFR/ST dans la filière Mathématiques Bac 2018 au semestre 4 on a enregistré en  session ordinaire 10 admis sur 80 étudiants inscrits, soit un taux d’échec de 87.5%. Quant à la filière MPCI Bac 2019 c’est la même triste réalité avec 147 admis sur 1500 étudiants inscrits en semestre 1 de la session ordinaire, soit un taux d’échec de 90.2%.

Comme si cela ne suffisait pas,  les autorités en charge du ministère de l’enseignement supérieur, dans la poursuite de la liquidation de cet ordre d’enseignement, ont décidé  d’imposer les arrêtés N°2019-073 et N°2019-074 portant respectivement régimes d’études en licence et aux masters dont le seul objectif est de vider l’université des enfants du peuple en vue de la rendre élitiste.

Les méfaits suivants de cette réforme l’attestent amplement :

  • exclusion de 29 étudiants de l’IUT car n’ayant pas obtenus une moyenne générale supérieure ou égale à 12/20 comme le stipule le nouveau régime générale des études ;
  • exclusion de certains étudiants de master I en mathématiques fondamentales avec 10 ou 11 de moyenne dont le seul tort est d’avoir obtenu une note inférieure à 07/20 dans l’un des modules ;
  • refus du droit à la réorientation aux étudiants de philosophie en linguistique, tout simplement parce qu’ils ont déjà consommés trois inscriptions ;

Avec une telle situation, nos autorités continuent de clamer haut et fort que cette réforme vise à améliorer la qualité de l’enseignement. Quel cynisme !

A cela s’ajoute l’inaccessibilité du second cycle compte tenu des conditions édictées tel que la moyenne de 12/20 et les frais de formations s’élevant à 300.000FCFA voire 500.000FCFA dans certaines filière comme MPCI.

Au plan infrastructurel, l’insuffisance criarde des infrastructures (salles de cours, bibliothèques, laboratoires, informatique, toilettes etc.) a fini par convaincre les étudiants du mépris de l’administration. A rappeler que celles existantes ne disposent d’aucune commodité pour la transmission d’un enseignement de qualité et constituent par endroit des dangers pour les étudiants. C’est le cas de la salle polyvalente louée à 36 millions par an qui ne dispose pas d’un tableau encore moins d’une sonorisation audible.

Au plan social, l’autorité s’est érigée en un véritable fossoyeur des acquis démocratiques et sociaux des étudiants. En effet, les plus récentes attaques sont des reformes qui visent à resserrer la base d’octroi de l’aide. En substance, ces réformes prétextant l’octroi de l’aide en fonction du rang social des parents, excluent les étudiants des universités privées, paradoxalement orientés par l’Etat lui-même. En plus, la moyenne de renouvellement de l’aide passe de 05 à 07 sur 20. Désormais, il est impossible de déposer l’aide avec un seul relevé de note malgré le retard criard connu dans nos Universités.

Outre cela, il convient de préciser que la première tranche de l’aide de l’année académique 2021-2022 vient d’être lancée  avec beaucoup de pièces à fournir (certificat de non-imposition, bulletin de salaire des parents, certificat de décès si le parent n’est plus, etc.) à deux mois de la fin de l’année académique. Aussi faut-il le mentionner, du côté du CIOSPB, il est institué que désormais il n’est plus possible de bénéficier de la bourse intermédiaire pour avoir été en session de rattrapage, même avec une moyenne générale de 19,5/20. De plus, on note l’annulation du droit de conservation de bourse de la licence au master.

Quant à la situation des restaurants universitaires, elle est quasi insupportable du fait de l’insuffisance criarde des plats servis. On a à peine 8.666 plats au déjeuner et au dîner pour plus de 60.000 étudiants, soit un (01) plat pour plus de sept (07) étudiants par jour. Cette insuffisance de plats pousse les étudiants à abandonner  les cours et le sommeil pour prendre le rang parfois à 02h du matin pour espérer un plat dépourvu de toute qualité et quantité à 11h. Ainsi c’est dans ces conditions difficile que notre camarade TANKOANO Tenipaguiba a perdu la vie avec la faim.

Mesdames, messieurs les journalistes

A la lumière de ce long chapelet de difficultés égrainées ci-dessus mais non exhaustives, il apparait clairement que l’enseignement supérieur reste le cadet des soucis des autorités universitaires et du pays.

C’est cette situation qui nous a conduits à entreprendre de multiples démarches auprès des autorités universitaires. Parmi ces actions nous pouvons citer : des audiences, des Assemblées Générales, des grèves, des marches, des meetings, etc. Malheureusement toutes ces actions n’ont connu de suite que du mépris et l’insouciance vis-à-vis de nos préoccupations. C’est pourquoi, nos structures, membres de la coalition prend l’opinion publique à témoin sur la dégradation très poussée du climat et des conditions à l’UNZ et exigent des autorités universitaires un examen sérieux et diligent de la plateforme minimale d’action dont les points se présentent comme suit:

  1. Abrogation des textes du FONER issus de l’atelier de Koudougou et suppression des conditions récentes dans le lancement de la 1re session du FONER au titre de l’année académique 2021-2022 ;
  2. Augmentation du nombre de plats servis dans les restaurants universitaires et réouverture immédiate et sans condition de tous les points de services fermés ;
  3. Ajout des tickets ordinaires à la digitalisation dans la restauration universitaire ;
  4. Abrogation des arrêtés n°2019-073/MESRSI/SG/DGESup et n°2019-074MESRSI/SG/DGESup portant régime général des études des diplômes de Licence, Master et de recherche dans les institutions publiques et privées d’enseignement supérieur ; et sa relecture concertée et consensuelle ;
  5. Vérité et Justice sur tous les drames survenus à l’Université Norbert ZONGO et annulation des sanctions infligées à l’étudiant de l’UFR/ST lors de la session du conseil de discipline du 13 janvier 2022.

En tout état de cause, nous tenons les autorités universitaires pour seules responsables de la dégradation du climat social sur le campus.

Mesdames, messieurs les journalistes,

Tel est le motif de cette conférence de presse, nous vous remercions pour votre attention soutenue et nous nous mettons à votre disposition pour vos différentes questions.

Je vous remercie.

Koudougou, le 04 juin 2022                                                      La direction de la coalition