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Burkina: « veille citoyenne pour une défense ferme des libertés démocratiques »

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Ceci est une déclaration de l’Unité d’action syndicale (UAS), à l’occasion des huit ans de la résistance populaire face au coup d’Etat du 16 septembre 2015 du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP). Dans ce document elle interpelle le Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR2) sur la nécessité de « rendre justice aux martyrs et blessés aussi bien de la résistance au putsch du 16 septembre 2015 que de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 », de « respecter la constitution conformément au serment prêté devant le conseil constitutionnel ». Par ailleurs, elle « invite les organisations démocratiques, ses militant(e)s et sympathisant(e)s, les travailleuses et travailleurs en général à assumer pleinement leur rôle de veille citoyenne pour une défense ferme des libertés démocratiques (notamment de presse, d’opinion, d’information) et syndicales et pour la lutte contre l’insécurité, la crise humanitaire, la vie chère et la corruption ».

16 septembre 2015 – 16 septembre 2023. Cela fait huit (8) ans que le Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) avec à sa tête le général Gilbert DIENDERE entreprenait un coup d’Etat de type fasciste contre le régime de la transition que dirigeait le président Michel KAFANDO. En réaction à ce coup de force, le peuple, dans ses différentes composantes (travailleurs, jeunes, femmes, militaires patriotes, …) sans distinction religieuse, ethnique ou régionale et sur l’ensemble du territoire, a engagé une résistance héroïque sous la forme de grève générale, de montée sur les barricades, de manifestations diverses.

Cette réaction populaire exceptionnelle est intervenue après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 qui a mis fin au régime mafieux et impopulaire de Blaise COMPAORE après 27 ans de règne. Elle a surpris les putschistes et les a contraints à la reddition le 1er octobre 2015. Elle a sonné le glas du tristement célèbre RSP.

L’UAS salue ce sursaut historique majeur de notre peuple et s’incline devant la mémoire de ceux qui ont donné de leur vie, de leur sang et de leur sueur pour son succès. Les séquelles de la répression barbare que notre peuple a subie, particulièrement sa frange jeune, sont nombreuses et encore visibles chez de nombreuses victimes.

La contribution de l’UAS à la résistance à travers notamment la grève générale est conforme à son rejet du coup d’Etat comme solution aux problèmes fondamentaux de notre peuple. La commémoration cette année de l’anniversaire de la résistance victorieuse au coup d’Etat du 16 septembre 2015 s’opère dans un contexte national très difficile pour notre pays.

Après le coup d’Etat du 24 janvier 2022 du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) qui a mis fin au régime de Rock M Christian KABORE, un deuxième coup d’Etat est intervenu qui a porté au pouvoir le capitaine Ibrahim TRAORE avec une autre aile du MPSR (MPSR2). La principale raison avancée par les auteurs des deux coups d’Etat a été l’inefficacité de la lutte contre l’insécurité. Force est de constater que malgré les ressources colossales injectées dans cette lutte et les nombreuses initiatives prises, les résultats sur le terrain se font toujours attendre. En effet, on enregistre la poursuite des attaques avec des pertes en vies humaines élevées, des déguerpissements de villages, le blocage de nombreux axes routiers par les groupes terroristes. Tout ceci a conduit à une situation humanitaire préoccupante jamais vécue par le pays.

En plus de la persistance, voire de l’aggravation de la crise sécuritaire, nous observons des attaques récurrentes contre les libertés individuelles et collectives avec des cas d’enrôlements forcés, d’enlèvements, des suspensions de médias, d’immixtion du pouvoir dans les affaires judiciaires, de prises de nombreuses mesures de restriction des libertés, des enrôlements et réquisitions punitifs comme le cas récent du docteur Arouna LOURE. Tout ceci s’opère sous le couvert de la lutte contre l’insécurité, devenue un prétexte facile pour tout justifier.

L’UAS interpelle encore une fois les autorités du MPSR 2 sur la nécessité :

  1. de rendre justice aux martyrs et blessés aussi bien de la résistance au putsch du 16 septembre 2015 que de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ;
  2. de respecter et de faire respecter la constitution conformément au serment prêté devant le conseil constitutionnel et de ce fait éviter les atteintes contre les libertés et droits des citoyens sous le couvert de la lutte contre l’insécurité ;
  3. de se concentrer sur la lutte contre l’insécurité en prenant en compte la lutte contre la corruption notamment au sein des forces de défense et de sécurité.

Une des leçons essentielles qu’enseigne la résistance victorieuse au putsch de 2015 est sans conteste la capacité du peuple à venir à bout de toute adversité lorsqu’il prend conscience des enjeux du moment et de ses potentialités et se mobilise pour prendre en charge lui-même sa destinée.

Par conséquent, l’UAS invite les organisations démocratiques, ses militant(e)s et sympathisant(e)s, les travailleuses et travailleurs en général à assumer pleinement leur rôle de veille citoyenne pour une défense ferme des libertés démocratiques (notamment de presse, d’opinion, d’information) et syndicales et pour la lutte contre l’insécurité, la crise humanitaire, la vie chère et la corruption.

Fait à Ouagadougou, le 14 septembre 2023

Pour les secrétaires généraux, ont signé :

Le Président de mois par intérim des centrales syndicales     

Marcel ZANTE

Secrétaire Général/CNTB    

Le Président de mois des syndicats autonomes

Alain SOME

Secrétaire Général/SYNTRAPOST