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Centrafrique: peur sur Bangui!

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Bangui sous menace des rebelles (Ph. illustration- aa.com.tr)

Bangui a été réveillé, ce matin du 13 janvier par des détonations assourdissantes. Ce n’était pas le restant des feux d’artifice de la Saint-Sylvestre qui a enterrée l’année très peu regrettée de 2020, mais rien d’autre que des échanges de tirs entre les rebelles qui menacent de prendre la capitale centrafricaine et l’armée régulière, qui avait à ses côtés, ses alliés russes, rwandais et la Minusca. Ces combats aux portes de la ville, qui ont fait des morts, dont un casque bleu, et ont jeté sur la route de l’exil des habitants de Bangui et de ses environs, sont le prolongement des raids des rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). Ces derniers avaient déjà mis, sous coupe réglée, une bonne partie du pays qui vient de vivre des scrutins présidentiel et législatifs couplés.

Du reste, ces élections, dont la présidentielle a consacré la victoire de Faustin Archange Touadéra et les législatives celle de son parti, constituent l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Les rebelles, qui n’en n’ont pas obtenu le report, comme ils l’avaient exigé, mettent, visiblement, à exécution, leurs menaces de s’emparer de la capitale, et si affinité, du fauteuil de Faustin Touadéra. Jusque-là, ils régnaient en seigneurs, dans les régions à l’intérieur du pays, Bangui s’étant érigée en citadelle, surveillée comme du lait sur le feu, par l’armée centrafricaine, des éléments de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique, et les russes et les rwandais.

La tension qui est donc restée vive, avant et pendant les élections n’a pas diminué d’un cran. Les forces en face, ne semblent pas refroidir les ardeurs des rebelles lourdement armés, et dont l’aile politique demeure également très active sur le terrain, menée par un certain François Bozizé, ancien président centrafricain. Depuis son retour au bercail, cet homme vindicatif est prêt à reprendre, par tous les moyens, un pouvoir dont il a hérité du coup d’Etat du 15 mars 2003 et qui lui a échappé, le 24 mars 2013, suite à…un coup de force des rebelles de la Séléka. Grand spécialiste des coups d’Etat, comme ceux manqués de 1982 et de 2001, le général Bozizé s’est refait une virginité par les urnes, en 2005 et en 2011, avant d’être chassé du palais, le 24 mars 2013 par Michel Djotodia et ses hommes.

Voici le général en exil pour la troisième fois. Mais, malgré le mandat d’arrêt international émis contre lui, le 29 mai 2013, par la justice de son pays et les accusations et sanctions de l’ONU dont il est l’objet, il effectue son retour à la maison. Et sa candidature à la présidentielle du 27 décembre 2020, rejetée par la cour constitutionnelle, en a fait un parrain incontesté de la coalition de rebelles dont les canons pointent sur la tempe de l’archange qui veille actuellement sur la Centrafrique.

Mais qui donc a mis François Bozizé, entre les pattes de Faustin Archange Touadéra, qui s’est, et sans doute un peu trop, rapproché de la Russie? Quelle est donc la main invisible qui porte les malheurs de celui que certains qualifient de «président de Bangui»? Un acteur de l’ombre qui attend tranquillement de tirer les marrons du feu à l’occasion!

En tout cas, il est de plus en plus évident que la Centrafrique, pays au sous-sol riche de diamants et autres minerais, attise toujours les convoitises. Et ce n’est pas la France, qui regarde d’un très mauvais œil, le flirt entre Touadéra et Vladimir Poutine, qui dira le contraire, elle qui reste très collée à son pré-carré, malgré la mort toujours annoncée, mais jamais suivie d’enterrement, de la Françafrique.

Par Wakat Séra