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Côte d’Ivoire: ce que Gbagbo a dit sur Affi et la création du nouveau parti politique

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L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo

Voici l’intégralité des propos de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo sur la création d’un nouveau parti politique, retranscrits dans l’ambiance de la réunion par l’auteur. C’était hier lundi 9 août 2021, lors d’une réunion des instances dirigeantes du parti.

« (…) Camarades, Nous allons passer à un autre sujet, nous allons passer au sujet de notre existence en tant que parti. Nous sommes le Front Populaire Ivoirien (applaudissements).

A la base, je voulais saluer ici tous nos militants de base (applaudissements). Ceux qu’on ne salue jamais, mais dont on sollicite les voix pour les campagnes, je voudrais les saluer. Tous ceux qui sont partout,  au nord, au sud, au centre, à l’ouest, à l’est, qui sont dans les villages, tous ceux qui se mobilisent quand il y a une compétition,  tous ceux qui se sont mobilisés pour qu’on commence à libérer nos prisonniers, dont moi-même. Je voudrais les saluer et leur dire merci. Restez mobilisés car la lutte continue.

Sur le chemin de la lutte, le chemin est long,  on rencontre souvent quelques écueils. Tu marches, tu marches et tu vois une pierre, tu ne te bats contre la pierre,  tu la contournes ou bien tu la sautes. On suppose que ce qui a fait que tu es parti de chez toi le matin, ce n’est pas la pierre. Tu es parti de chez toi pour arriver dans un autre village.  Donc si tu rencontres une pierre sur la route ou bien tu la sautes ou bien tu la contournes et tu continues ton chemin.

 Donc sur notre chemin,  nous avons rencontré Affi. Écoutez bien!

Je vous rappelle que,  quand j’ai été élu en octobre 2000, nous étions dans mon QG de campagne à Cocody, je me rappelle bien. J’étais assis, et j’ai appelé Sangare. Lui et moi, nous sommes rentrés dans les toilettes,  parce que la salle était remplie. On ne pouvait pas faire d’aparté là. On s’est enfermé. Je dis Sang, nous venons de gagner l’élection présidentielle, prenons le poste de premier ministre et tout le monde le comprendrait. Il dit non, tu me pièges là, parce que, toi et moi, on a déjà discuté de ça. Et ce n’est pas à cette conclusion que nous avions abouti. Nous avons dit que nous avons des jeunes cadres compétents dans ce parti et qu’il faudrait que l’un d’entre eux soit premier ministre. Je dis qui tu vois. Il dit je vois deux, j’en vois deux pour le moment. Affi N’Guessan et Mamadou Koulibaly. Je dis qui tu veux qu’on prenne.  Il dit bon, Affi N’Guessan a été ton directeur de cabinet, il a été ton directeur de campagne,  donc il part avec des préjugés favorables , parce que , après cette description,  on a l’impression qu’il te connaît mieux que l’autre,  donc il faut prendre Affi et puis l’autre, on verra en cours de marches quand est-ce qu’il peut venir suppléer. Donc, je lui dis bon, quand nous allons rentrer dans la salle, c’est toi qui prends la parole pour le lui annoncer.

(…)

Comme la Constitution de la deuxième République prévoyait que le Président de la République ne pouvait pas être en même temps,  Président d’un parti politique, donc quand nous nous sommes installés, on a fait le premier conseil des ministres le 27 octobre 2000. (…)

Mauvaise analyse peut-être, mais ça été l’analyse que nous avions faite Sangaré et moi. Et c’est comme ça que Affi a eu et le poste de premier ministre et la présidence du FPI.

Aujourd’hui,  Affi s’agrippe au poste de Président du FPI et il oublie tout ça. Alors,  moi j’étais en prison à la Haye,  quand j’ai appris ses louvoiements. Les gens marchent, mais comme ils marchent dans les herbes nous qui sommes de la brousse,  quand on regarde les herbes, on sait comment tu as marché. Donc, quand les camarades en ont eu marre de ses louvoiements, ils m’ont appelé pour me dire mais ton gars-là, il faut être candidat au congrès et puis on va lui arracher le Parti, après tu vas donner à quelqu’un d’autre. C’est comme ça que j’ai appelé Assoa Adou,  pour lui dire va faire ma campagne.  Quand il a vu que Assoa Adou quittait le Ghana pour venir faire ma campagne, il a compris que c’était pour être enlevé, donc il a annulé le congrès. Le congrès n’a pas eu lieu, sous la forme où il était prévu.

Donc j’ai compris définitivement que le monsieur, lui aussi était définitif dans son choix, dans son choix d’aller ailleurs. Je dis bon, c’est donc un autre combat,  une autre lutte qui s’ouvre devant nous.

Donc, j’ai montré ma disponibilité à discuter avec lui parce que je voulais comprendre. J’ai montré ma disponibilité. Alors, il y a tous les théâtres dont vous avez été témoins. Il va à Paris, il n’arrive pas à Bruxelles, il retourne. Il y a eu tous ces théâtres-là. Et puis une fois, mon porte-parole Katinan Kone m’appelle d’Accra pour me dire,  j’ai vu Affi, il veut effectivement venir pour parler avec toi, il veut effectivement venir parler avec toi et te remettre le Parti. Je dis tu dis quoi ? Il dit, j’ai vu Affi, il veut effectivement venir pour te remettre le Parti. Je dis,  dis-lui de venir directement. Comme la première fois il était venu à Paris, il a dit qu’il avait été empêché par Assoa Adou et Acka Emmanuel, dis-lui de venir directement à Bruxelles et de descendre à l’hôtel appelé « tant », parce que dans cet hôtel-là,  il y avait mon cousin Laurent Ottro qui était venu et qui était dans cet hôtel. Donc, je dis qu’il n’a qu’à descendre dans cet hôtel. Il est venu, ils étaient deux. Il était accompagné d’un de ses militants.

Moi, j’ai fait venir Assoa Adou de Côte d’Ivoire et j’étais accompagné d’Habiba Toure. Elle n’est pas là aujourd’hui parce qu’elle a des affaires à suivre au tribunal à Paris.Et donc il y a eu un premier tête-à-tête entre Affi et moi. Mais on était trois. Il y avait Affi, il y avait moi, il y avait Habiba Touré. Ça a duré entre une heure, une heure et demie. Je l’écoutais,  il a parlé et il a sorti un document  où  posaient des revendications.  J’étais un peu étonné. Je ne savais pas que dans le Parti là, on posait des revendications. Il posait des revendications le concernant, lui. C’est-à-dire, si il donne la présidence, il doit devenir en fait je dis une ou deux revendications, lui il doit devenir premier vice-président assurant l’intérim totalement. C’est -à -dire,  je prends la présidence du Parti, je deviens la reine d’Angleterre quoi. Alors moi je l’écoutais. Je l’écoutais, on dirait que ce n’est pas du FPI qu’il s’agit.

(…)

Parce que Kodjo Richard est assis là ! Quand on fait une réunion de notre organisation marxiste à Yopougon, où on a décidé de créer une organisation luttant pour le multipartisme et la démocratie.  Kodjo Richard est là. Il est là, Simone est assise à côté de lui. Et nous avons désigné ceux qui devraient aller rencontrer les Pascal Kokora, les Sangaré tout ça pour créer cette organisation. Et Boga Doudou, Simone et moi et Ouraga Obou, mais Ouraga Obou était en ce moment-là en France pour rédiger sa thèse. Donc on est parti à trois.

 En rencontrant Sangaré et Kokora, on était cinq (5) et puis on a arrêté le principe et on a créé ce Parti démocratique qui n’avait pas de nom. Et on est retourné à notre organisation de base et je leur ai dit, il fallait que quelqu’un parte en Europe pour populariser notre lutte. Ils m’ont désigné. Bon je m’y attendais mais bon ils m’ont désigné. En partant, c’est à Kodjo Richard que nous avons laissé l’organisation. Et quand je suis arrivé en France, j’ai donc parlé à Ouraga Obou, on s’est rencontré. On a discuté dans un café sur l’avenue de la grande Arue, c’est le pendant des Champs Élysée. Quand on arrive à la place de l’Etoile, on descend l’avenue de la grande Arue. Et j’ai discuté avec Ouraga Obou et c’est là que nous avons trouvé le nom Front Populaire Ivoirien. Aussitôt on a fait des cachets,  des tampons et je suis arrivé récemment avec le dernier de ces cachets qui était en France.

Donc c’est à moi que Affi parle comme ça.  J’ai laissé les Assoa,  je dis bon parlez avec lui, mais moi ma décision est prise. Je dis bon un jour si Dieu le visite, peut-être qu’il laissera tomber sa proie. Mais il n’a pas changé. Est-ce qu’il a changé?  (La salle répond non) Comme, aujourd’hui je suis revenu de prison et d’exil il nous faut avancer.

(…)

Nous allons continuer à lutter pour le développement, pour la décentralisation, pour l’industrialisation, pour les libertés etc.

Mais il va rester là-bas et nous, nous allons prendre, parce que le FPI c’est nous. Les bases sont là, les fédéraux sont là,  les comités de base sont là, les secrétaires de section sont là, nous allons changer de nom, c’est tout.

J’ai dit, quand tu marches sur le chemin,  que tu vas d’un village à un autre, tu rencontres un caillou, tu n’es pas sorti pour te battre contre un caillou, tu sautes ou bien tu contournes le caillou et c’est ce que nous allons faire. Parce que on nous a envoyé Affi, peut-être qu’on va nous envoyer beaucoup d’autres choses,  mais il faut que nous apprenions que notre combat, on peut nous mettre en prison tout ça, on va en prison, on sort et on continue,  ça ce n’est pas un problème. Nous ne sommes pas les premiers à continuer ça, donc on va continuer le combat, mais cette petite pierre qui était sur le chemin,  nous allons la contourner. C’est ce que je vous propose.

Ce congrès va prendre toutes nos bases et nous allons redonner un nouveau nom et puis nous allons repartir. C’est ce à quoi je vous convie aujourd’hui. Et  j’attends votre décision.  Merci».