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Covid-19 en Afrique: après le triste anniversaire, ça craint!

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La protection devient individuelle (Ph. illustration un.org)

Le Covid-19 a un an! Triste anniversaire dont tout le monde, sauf peut-être, la puissante industrie pharmaceutique, se serait bien passé. Eprouvées dans leur quotidien par le petit virus à couronne, apparu un beau jour dans la ville de Wuhan en Chine, les nations de tous les continents, de l’Europe à l’Amérique, en passant par l’Asie, l’Océanie et l’Afrique, ne savent plus à quel saint se vouer. Si l’espoir de refermer la parenthèse douloureuse est né, mais seulement pour certains, avec les différents vaccins dont des doses commencent déjà à couler, ailleurs, dans les corps de populations qui n’en demandent pas mieux, les Africains se demandent encore si la prochaine vague de la maladie ne sera pas plus cruelle que celle précédente. Certes, les prévisions faites par de nombreux spécialistes, annonçant l’hécatombe sur le continent noir, ont toutes fait flop. Comme un miracle, et grâce, sans doute, à son climat chaud qui ne laisse pas trop de chance de survie au virus, et à la jeunesse de sa population, l’Afrique a, plus ou moins, échappé aux pronostics funestes qui en faisaient, avant l’heure, un mouroir à ciel ouvert pour Covid-19.

De même, les gouvernants africains, pour une des rares fois, bien inspirés, ont fortement réduit la mobilité des populations, entre pays et même au plan national, par des mesures drastiques comme la fermeture des frontières aériennes, terrestres et maritimes qui sont souvent allées de pair, avec des mises en quarantaine de régions et villes. Le couvre-feu et autres fermetures des endroits fréquentés par le grand public comme les marchés, les écoles, les lieux de culte, les salles de spectacles, etc., des décisions impopulaires, parce que incompatibles avec le caractère très informel de l’économie et le mode de vie communautaire de l’Afrique, ont également contribué à freiner la propagation du virus qui ne connaît pas de frontière, et ne met aucune cloison entre enfants ou adultes, hommes ou femmes, riches ou pauvres, chrétiens, musulmans ou animistes, blancs ou noirs, etc.

Malheureusement, mais logiquement, il faut le dire, sous la pression de certains et finalement de tous, toute l’artillerie déployée contre l’ennemi invisible, s’est écroulée comme château de cartes. Pire, le lavage des mains au savon ou avec le magique gel hydro-alcoolique, le port du masque et la distanciation physique, des gestes barrière, faciles à exécuter comme bonjour, mais contraignants parce que imposés, sont vite rangés aux oubliettes. Le cafouillage communicationnel au sommet aidant, tout le dispositif de lutte contre le Covid-19, a, ainsi, explosé. Cependant, la liberté retrouvée des populations, ne sera pas sans conséquence sur la lutte contre le nouveau mal du siècle qui a relégué dans les tréfonds de l’actualité, le paludisme et le Sida, les plus gros «tueurs», sous les tropiques. Et comme s’il fallait en rajouter, les grands rassemblements occasionnés par les élections, et les campagnes électorales qui ont précédé les scrutins, dans plusieurs pays africains, se sont érigés en de véritables clusters.

Il urge de mettre en place de nouvelles mesures pour se barricader contre le virus, qui du reste, mute, connaît des variants, et pourrait donc s’adapter allègrement au soleil, même celui sahélien, réputé brûlant. Il importe, également, et dans la plus grande célérité, de renouer avec les bonnes habitudes vitales de respect des gestes barrière, car le vaccin est encore bien hypothétique pour les Africains. De plus, malgré quelques efforts réalisés pour doter les hôpitaux en matériels et en médicaments, en Afrique, nombre de centres de santé manquent de tout, les dirigeants s’étant toujours dépêchés, eux et leurs proches, de prendre l’avion pour Paris, Londres, Genève, ou Barcelone, à la moindre quinte de toux, au plus petit des éternuements ou du léger mal de tête. Sans oublier que sur le continent «berceau de l’humanité», le nombre de médecins par ratio d’habitants reste très faible, voire dérisoire.

Plus que jamais, chacun doit se protéger, pour protéger les autres, car les mesures sorties des laboratoires gouvernementaux, ont montré leurs limites. Parfois, malgré la bonne foi des dirigeants qui, finalement, peuvent peu. Comme l’a si bien conseillé, mon ami Karim, «la stratégie de protection contre le Covid est plus que jamais individuelle et familiale», et, «aucune mesure n’est de trop, aucun geste de prudence n’est superflu». Plus tard risque d’être trop tard.

Par Wakat Séra