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Covid-19: fallait-il réouvrir le grand marché de Ouagadougou maintenant?

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Prise de température à l'entrée de Rood-Wooko

A la date du 20 avril, 106 échantillons analysés dont 88 cas suspects et 18 contrôles. 19 nouveaux cas confirmés, dont 16 à Ouagadougou, 2 à Gorom-Gorom/ Essakane, 1 à Tougouri.5 guérisons, portant à 362 le total des guérisons. 38 décès au total depuis le 9 mars. Au total donc, 600 cas ont été testés positifs dont 368  hommes et  232 femmes, depuis le 9 mars 2020. C’est le tableau que présente le Burkina Faso au titre du bilan Covid-19. Ces chiffres rendus public au quotidien par la structure nationale de réponse à la pandémie poussent parfois à l’optimisme, il n’en demeure pas moins qu’ils dansent un véritable yoyo, pour peut-être d’atteindre un pic, ce que nous ne souhaitons pas, avant de descendre. Mais ce lundi 20 avril, le marché central de Ouagadougou, le plus grand marché du Burkina vient de rouvrir ses portes à des commerçants excédés qui n’en pouvaient plus de vivre loin de leurs business, depuis que ce lieu névralgique du commerce, pour ne pas dire de la vie, avait été fermé. Si Rood-Woko, c’est le nom du marché, a accueilli de nouveau ses locataires, la grande animation est encore attendue. Pour l’instant, c’est le respect des mesures sanitaires à l’intérieur et autour qui demeure la grande préoccupation, et des autorités municipales et des commerçants et surtout des populations.

La moindre erreur ou le plus petit relâchement, dans ou autour de Rood-Woko, peuvent faire du plus grand marché de Ouagadougou, le plus grand foyer de contagion à ciel ouvert. Ce qui risque d’annihiler tous les efforts entrepris jusque-là pour casser la chaîne de contagion. Le challenge est très lourd, car la réouverture de Rood-Woko nécessitera sans doute la levée d’interdiction des de circuler des transports en commun, à l’intérieur et hors de Ouagadougou. Il faut bien que le grand marché soit approvisionné. Dans la lancée, la réouverture de Rood-Woko devant servir de phase pilote à celle des autres marchés et yaars dont les commerçants sont déjà à bout de souffle par ces jours d’inactivité, aucune demi-mesure ne devra être de mise dans le respect des mesures sanitaires. Certes, il importe de desserrer l’étau autour des Burkinabè pris entre l’enclume du Covid-19 et la menace de la mort par la faim, mais il urge également de serrer le dispositif contre le coronavirus. Et c’est en cela que la mesure du port obligatoire du masque est salutaire, même si elle arrive un peu en retard. Mieux vaut tard que jamais, dit-on. La situation est grave et il faut que chaque Burkinabè en soit conscient et évite surtout de constituer un danger pour lui-même et pour les autres. La prévention urge, car elle constitue la seule arme véritable pour les Burkinabè et les autres pays africains dont la précarité du système sanitaire est un secret de polichinelle. Qui plus est, avec une économie dominée par l’informel qui nourrit au jour le jour des populations dont la majorité n’est protégée par aucun filet social, les Burkina ne peut se permettre un confinement à l’occidentale.

Le Burkina vit donc avec cette crainte de voir le Covid-19 prendre davantage du terrain, mais aussi l’espoir que par le biais du respect des gestes barrières, la maladie sera vaincue. Sauf que pour l’instant, le coronavirus est bien là et continue de faire des ravages, malgré les efforts d’un personnel soignant lui-même très exposé.

Par Wakat Séra