Accueil A la une Crise au CDP: les « frondeurs » retournent à la maison

Crise au CDP: les « frondeurs » retournent à la maison

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Des responsables du CDP (Ph. Wakat Séra)

Selon un communiqué daté du 18 août 2019, les «frondeurs» du bureau en place du Congrès pour la démocratie et le Progrès (CDP), sont retournés à la maison. Ce pas à l’honneur des caciques du parti de l’ex-président Blaise Compaoré qui traversait une crise depuis quelques mois, pourrait bien être un signe de retour à la sérénité dans les rangs. Cette information confirmée par des cadres de l’ex-parti au pouvoir était attendue par les militants du CDP qui ont appelé à l’union de leurs responsables surtout à la veille d’échéances électorales importantes dès 2020, notamment la présidentielle. Nous vous proposons in extenso le communiqué.

Déclaration de militants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), relative à la reprise de leur participation aux instances du parti

Par un communiqué en date du 10 juin 2019, nous, militants du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), signataires de la présente déclaration, avions exprimé notre opposition ferme à la tenue du congrès extraordinaire que le Président du Parti, le camarade Eddie Komboïgo, s’apprêtait à convoquer, dans des conditions irrégulières, pour tenter de faire entériner par cette instance la violation flagrante des Statuts de notre formation, dont il s’était rendu coupable, en portant le nombre des membres du Bureau Politique National à plus de 1000 personnes, alors que le chiffre maximum fixé par les Statuts est de 600 personnes.

Cette dérive nous a conduits à prendre les mesures de sauvegarde suivantes :

Suspension immédiate de notre participation aux instances du Parti, afin de ne pas concourir, d’une manière ou d’une autre, à un processus de prise de décision vicié dès l’origine. Etant donné que hormis le Président d’honneur du parti, seuls le Bureau Politique National et le Conseil National sont habilités à prendre la décision de convoquer un congrès. Le parti se trouvait paralysé par l’irrégularité de la composition du Bureau politique national et la non mise en place du Conseil national plus d’un an après le 7ème congrès de mai 2018.

Introduction d’un recours en référé devant le Président du Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou, pour obtenir qu’il suspende la convocation du congrès jusqu’à ce que cette irrégularité fondamentale soit corrigée. Ce congrès étant prévu pour le 16 Juin 2019, soit moins d’une semaine après notre déclaration susvisée, nous ne disposions guère d’autre possibilité pour empêcher sa tenue. L’ordonnance 39-3 rendue par le Président du Tribunal de Grande Instance, le 14 juin 2019, fait entièrement droit à notre requête et invite le Président du Parti à conformer la composition du BPN avec les dispositions pertinentes des Statuts, avant toute convocation d’un éventuel congrès.

Dénonciation des dysfonctionnements multiples qui entravent la bonne marche du parti, et qui avaient déjà fait l’objet d’une correspondance en date du 21 Mars 2019 adressée au Président du Parti, demeurée sans suite.

Expression claire de notre volonté de reprendre rang dans les instances du Parti et de contribuer à l’amélioration de sa gestion, dès lors que des mesures concrètes seraient prises pour régler les questions en suspens de manière consensuelle et constructive. Cela, parce que nous sommes des militants responsables, désireux d’œuvrer au bon fonctionnement du CDP et au renforcement de sa cohésion.

Bien que le Président du Parti ait choisi de rester sur la défensive, en persistant à nier obstinément les manquements évidents de sa gestion, nous notons que, forcé par la justice, il s’est vu contraint de renoncer au congrès qu’il voulait convoquer de manière illicite. Pour obéir à cette injonction judiciaire, il a entamé des consultations avec différentes instances dans le but de ramener le nombre des membres du BPN à la norme statutaire de 600 personnes. C’est un pas dans la bonne direction, quelles que soient les conditions dans lesquelles ce résultat a été atteint.

Puisque nous avons obtenu un début de satisfaction sur ce point, qui constituait un grief majeur, nous décidons de reprendre, à compter de ce jour, notre participation pleine et entière aux activités des organes dont nous sommes respectivement membres.

Nous le faisons parce que nous sommes attachés au CDP, pour la défense duquel nous avons lutté sans répit, aux heures les plus périlleuses, pour empêcher sa disparition et remobiliser l’engagement des nombreux militants qui lui étaient restés fidèles. Nous le faisons aussi parce que nous sommes liés, par la fidélité et par une loyauté indéfectible, au Président d’honneur du Parti, le Président Blaise Compaoré, dont nous savons l’engagement pour le redressement et la cohésion du CDP. Nous le faisons, enfin, parce que tirant leçon de la propension de certains membres de la direction du Parti à bafouer les règles du CDP, nous entendons surveiller de près le processus de régularisation de la composition du Bureau Politique National et, le cas échéant, des autres organes.

C’est dire que notre participation continuera d’être exigeante sur le respect scrupuleux des textes du Parti, sur la régularité et la transparence de sa gestion, sur le comportement décent qu’une formation comme la nôtre est en droit d’attendre de ses dirigeants. Ce n’est pas de gaité de cœur que nous nous sommes trouvés récemment dans l’obligation d’attraire la direction du Parti devant la justice, pour mettre un point d’arrêt à une dérive pernicieuse et dangereuse.

Outre la composition du BPN, d’autres sujets interpellent les cadres et militants du CDP. Notre Parti donne une image déplorable depuis quelques mois, en étalant ses divisions sur la place publique, dans les médias et sur les réseaux sociaux. Le plus affligeant est que le signal de ces attaques, souvent mensongères et basses, est venu de personnes que leur âge et leur passé plaçaient au-dessus de ce type de comportements. Il en est ainsi du Coordonnateur du Haut Conseil, le camarade Mélégué Traoré, qui a fini de se déconsidérer aux yeux des militants et de l’opinion publique, à force de se répandre en insinuations fausses et mesquines sur les uns, doublées de flagorneries indécentes sur les autres. Alors même que l’éthique de sa position de coordonnateur de l’instance qui est censée regrouper les « sages » du Parti lui impose une obligation de réserve et une mission de conciliation. Nous avons conscience que la présente déclaration participe, elle aussi, à l’exposition publique de nos divergences. Nous y sommes contraints parce que c’est le seul moyen de corriger les informations fallacieuses qui sont continuellement distillées auprès de nos militants et du public.

En plus de ces dérapages verbaux, on assiste à l’installation d’un climat habituel de violence dans les réunions du Parti. Cette dérive est dangereuse, parce que les tentatives d’intimidation par la violence appellent inéluctablement à des représailles violentes. A ce rythme, nous risquons un jour de voir nos activités suspendues pour cause de trouble à l’ordre public. Là aussi, il est malsain que le mauvais exemple vienne de la direction et singulièrement du Président du Parti, qui n’a pas hésité au cours d’une réunion à menacer ses contradicteurs de violences.

Il y a également les tentatives d’instrumentaliser et de diviser les structures locales pour amener certains de leurs membres à critiquer publiquement les cadres qui ne font pas une allégeance personnelle au Président du Parti. A quoi s’ajoute le développement d’un culte de la personnalité, ostentatoire et ridicule, qu’aucun dirigeant du CDP jusqu’à ce jour n’avait eu l’indécence d’organiser.

Sans compter la volonté évidente de marginaliser la Commission Nationale de Contrôle et de Vérification, faute d’avoir pu la domestiquer. Alors même que c’est cet organe collégial, dans lequel toutes les sensibilités sont représentées, qui peut aider à identifier et à corriger les dysfonctionnements que connait le Parti. La défiance de la Direction à l’égard de cette commission a même conduit à ce que le Président de cet organe soit soumis à un espionnage en règle, avec un individu de moralité douteuse affecté à sa filature. Un parti qui se veut démocratique et aspire à incarner une nouvelle espérance pour la gouvernance de notre pays ne peut pas, ne doit pas fonctionner de cette manière.

Il en est de même des diatribes continuelles proférées contre le camarade Kadré Désiré Ouédraogo, ainsi qu’à l’égard de ceux des militants et cadres du Parti qui ont fait le choix libre et responsable de soutenir sa candidature à l’élection présidentielle. Ces attaques vont jusqu’à tenter de dénier la qualité de militant du CDP à une personne dont la nomination comme Premier Ministre par le Président Blaise Compaoré est concomitante avec la création du CDP et qui a été par ailleurs un élu du Parti. Cette contestation, soutenue par les plus hauts responsables du CDP est indécente. Comme est déplacée la critique qu’on lui fait de ne s’être pas suffisamment impliqué dans le fonctionnement du CDP, surtout lorsqu’elle vient de gens qui ont littéralement fui leurs responsabilités dans le Parti, au moment où celui-ci avait le plus besoin d’une direction engagée et courageuse, pour faire face à l’adversité. Il semble que la vérité et la raison aient fini par s’imposer pour mettre un terme à cette tentative d’exclusion absurde.

En vertu des Statuts, Kadré Désiré Ouédraogo est membre du Bureau Politique National et du Haut Conseil, en sa qualité d’ancien Premier Ministre issu du CDP. Cette position ne peut être contestée par personne tant qu’il n’a pas rendu expressément sa démission, ou n’a pas été exclu du Parti.

Nous savons bien que, en dehors des mauvaises pratiques de la gouvernance actuelle du Parti, la cause principale des divisions que connaît présentement le CDP est la question du choix du candidat qui recevra l’investiture de nos militants pour l’élection présidentielle. Qu’il y ait plusieurs candidats à cette investiture et une rivalité entre eux : quoi de plus normal ? Nous sommes l’une des rares formations importantes à connaître cette situation, parce que personne parmi les postulants qui se réclament du CDP ne peut se targuer d’être le « candidat naturel » du Parti. Pas plus le Président actuel du Parti que les autres candidats potentiels ou déclarés.

Le moment venu, les mécanismes internes du parti et le rôle qui est dévolu au Président d’honneur permettront de trancher cette question dans le meilleur intérêt du CDP et du pays. Il n’y a donc pas de raison de s’agiter, en couvrant d’opprobre tous ceux qui aspirent légitimement à recueillir le soutien des militants du CDP pour l’élection présidentielle, en dehors du Président du Parti. Car c’est un fait que le camarade Eddie Komboïgo est en campagne pour l’élection présidentielle depuis 2018, utilisant à cette fin, sans vergogne, les moyens, le nom et les structures du Parti.

Dès lors, la fausse querelle de légitimité qui est faite aux autres candidats du Parti est injustifiée et contre-productive. Elle cristallise les divisions, affaiblit le CDP et nuit à l’ensemble de l’opposition. Or nous devons garder à l’esprit que, dans le cas où un candidat issu de nos rangs serait au second tour de l’élection présidentielle, il serait souhaitable que tous les militants et sympathisants du CDP s’allient pour le soutenir, avec le concours des autres partis de l’opposition. Nous ferons de même quel que soit le candidat de l’opposition qui resterait en lice au second tour pour affronter le Président sortant.

L’alternance est à ce prix. Si nous persistons à nous diaboliser mutuellement sous prétexte de rivalité interne, ce ralliement au second tour sera difficile. D’autant que nous entendons déjà s’élever des voix sectaires dans le camp de Eddie Komboïgo, pour dire que s’il venait à ne pas être candidat, leur choix se porterait sur le candidat du MPP. Ce qui amène à douter de l’engagement sincère et de la loyauté de ces personnes à l’égard du CDP et de l’opposition.

Enfin, s’il y a un sujet sur lequel nous devrions tomber unanimement d’accord au sein du CDP, c’est celui du statut et des prérogatives du Président d’honneur du Parti. Puisque cette question a été clairement réglée par la résolution qui a été adoptée à l’issue du congrès de 2018. Or depuis lors, nous assistons, avec un certain écœurement, à des manœuvres sournoises visant à travestir le contenu et les implications de cette résolution, qui est dissimulée aux militants et semble avoir été soustraite des actes officiels du congrès communiqués aux instances administratives compétentes. Pour mettre un terme définitif à la confusion qui est entretenue à ce sujet, une seule mesure s’impose : publier à l’intention de tous les militants le texte intégral de la résolution tel qu’il a été adopté par le congrès et veiller à son application scrupuleuse.

Toute tentative d’altérer la version de cette résolution, approuvée par le congrès, serait une violation grave et inadmissible des règles du CDP. Ce serait en outre une discourtoisie grossière et inqualifiable à l’égard du Président d’honneur, qui a souscrit expressément aux termes de cette résolution avant qu’elle soit soumise au congrès.

Les militants du CDP ne tolèreront aucune initiative tendant à manquer de respect au Fondateur du Parti ou à minimiser le statut et le rôle qui lui ont été conférés par l’instance suprême qu’est le congrès. Les déclarations récentes du coordonnateur du Haut Conseil, Mélégué Traoré, contestant les prérogatives qui ont été dévolues au Président d’honneur par le congrès, sont scandaleuses. Elles mettent à jour la volonté insidieuse de certains membres de la direction du CDP de soustraire le Parti du leadership du Président Blaise Compaoré, dans le dessein inavoué de servir les intérêts du pouvoir en place.

De même, la majorité des militants et sympathisants du CDP est scandalisée que le Parti soit en retrait dans le plaidoyer pour réclamer le retour au pays, dans la dignité, de l’ancien Chef de l’Etat et des autres exilés politiques, laissant à d’autres personnalités et instances le soin de conduire cette action.

En reprenant notre participation dans les instances du CDP, nous ambitionnons d’apporter une contribution militante à l’amélioration de son fonctionnement interne, dans le respect de ses règles statutaires et de la dignité de ses membres. Nous souhaitons favoriser aussi une gestion intelligente, constructive et apaisée des échéances électorales de 2020, en préservant à la fois la liberté de choix des militants, l’unité et la cohésion du Parti. Enfin, nous voulons veiller, avec une rigueur de tous les instants, à ce que notre grand Parti, au passé prestigieux, ne perde pas son âme et ses repères, en devenant l’instrument d’ambitions personnelles, aventureuses et irréalistes.

Fait à Ouagadougou, le 18 Août 2019 Ont signé :

Koulidiati Jean, BEN, Vice-Président

Sawadogo Zambendé Théodore, BEN, Vice-Président

Dermé Salam, BEN,

Bonkoungou /Yaméogo Juliette, Député, Haut Conseil,

Koné Léonce, Haut Conseil,

Badini Boureima, Haut Conseil,

Zoungrana Yahaya, Député, BEN,

Maïga Hamadou Amadou, BPN,

Sana Soumaïla, BPN

Sawadogo Boureima, BEN,

Somé A. Yvonick, Militant,

Drabo Gnama Pako, BEN

Séni/Sow Roukeïta, BEN

Ouédraogo I. Constant, BEN

Tapsoba Ambroise, BEN

Sakandé Issouf, BEN,

Ouédraogo Adama de Daouda, BEN

Sanou Salia, Haut Conseil

Ziba/Ouédraogo Fatoumata, BEN,

Ouédraogo Salifou, Section Houet

Sanou Mathieu, Section Houet

Diallo Roland, BPN, Section Houet