(Agence Ecofin) – L’Afrique, qui fournit une grande partie de l’offre mondiale de diamants, abrite des producteurs de premier plan tels que le Botswana, la RDC ou encore l’Angola. Des acteurs clés dont les économies dépendent, à des degrés divers, de l’exploitation de cette ressource.
Le marché du diamant traverse une crise majeure, marquée par une baisse prolongée de la demande et des prix, due notamment à la montée en puissance des diamants synthétiques. D’après plusieurs sources concordantes, les prix enregistrent une chute de plus de 25 % depuis 2022. Une situation qui impacte les économies des principaux producteurs africains, dont le Botswana, la Namibie ou encore l’Angola.
Botswana : l’économie a ralenti en 2024, selon le FMI
Le Botswana, premier producteur africain de diamants, fait partie des premières économies africaines impactées par la situation actuelle de ce marché. Le secteur diamantifère constitue en effet un pilier de l’économie locale, représentant environ un tiers des recettes fiscales et 80 % des exportations. D’après le Fonds monétaire international (FMI), le pays a enregistré un ralentissement de la croissance économique à 1 % en 2024, contre 2,7 % en 2023, principalement en raison de la baisse de la production de diamants. De Beers, qui produit la quasi-totalité des diamants du pays, a d’ailleurs vu ses revenus passer de 6 milliards de dollars en 2022 à 2,7 milliards de dollars en 2024.
Namibie : les diamants plombent la croissance
La Namibie n’échappe pas non plus à cette dynamique. Principal produit minier exploité, les diamants ont représenté 6,3 % du PIB en 2023. En 2024, les revenus tirés des exportations de diamants bruts ont baissé de 33 % pour atteindre 11,9 milliards de dollars namibiens (630 millions USD au taux actuel). Selon la Banque centrale de la Namibie, cette contre-performance a été l’une des principales causes du ralentissement de l’économie à 3,7 % en 2024, contre 4,4 % en 2023.
Angola : une baisse de 3 % des revenus en 2024
L’Angola qui cherche à s’affirmer comme un hub régional de l’industrie du diamant a également subi les effets de la faiblesse du marché, malgré une production en hausse. Selon les données de la Société nationale angolaise de commerce de diamants (SODIAM), le pays a produit 14 millions de carats en 2024, en hausse par rapport aux 9,7 millions de carats rapportés par le Processus de Kimberley en 2023. Pourtant, la baisse du prix moyen des diamants a entraîné une réduction du chiffre d’affaires brut en valeur absolue de 45,2 millions de dollars par rapport à l’année précédente.
La crise sur le marché des diamants a des implications plus lourdes pour l’Angola, puisqu’elle contrarie temporairement les ambitions de diversification de l’économie nationale, largement dépendante du pétrole. Le pays a mis en œuvre ces dernières années un plan d’augmentation de la production, marquée par la mise en service fin 2023 de sa plus grande mine de diamants. De Beers a également fait son retour dans le pays afin de participer à cette dynamique qui inclut la mise en place d’unités de taille et de polissage des pierres sur place.
La Sierra Leone, un apport clé en recul
Bien qu’en baisse depuis quelques années, le secteur minier fait toujours partie des principaux contributeurs de l’économie de la Sierra Leone, représentant 8,1 % des revenus publics en 2023, selon le FMI. Les diamants jouent un rôle clé dans cette contribution, comme le témoignent les récents chiffres de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). En 2023, l’organisation rapporte que les diamants ont représenté 23,2 % des contributions fiscales du secteur minier, derrière le minerai de fer. Cependant, la part des diamants dans les exportations minières est passée de 11 % en 2022 à 5,5 % en 2023.
Centrafrique, RDC, Lesotho : autres producteurs affectés
Parmi les autres pays concernés par la baisse des prix des diamants, on retrouve la Centrafrique. Si le secteur minier représente moins de 2 % du PIB selon les chiffres de l’ITIE, cette maigre contribution est tirée par l’exploitation des diamants. Avec l’or, ils représentent 80 % de la production extractive. En 2022, la valeur de la production de diamants s’élevait à 15 millions de dollars, contre 1,5 million de dollars pour la production d’or.
En RDC, la crise sur le marché des diamants vient s’ajouter aux difficultés que traverse ce secteur. Depuis 2017, la production nationale a été divisée par 2 et est tombée à 8 millions de carats en 2023. Notons néanmoins que l’essentiel de la production du pays est destiné à un usage industriel, et reste donc partiellement affecté par la baisse des prix, surtout liée aux diamants destinés à un usage en joaillerie. Par ailleurs, l’exploitation des diamants joue un rôle marginal dans un secteur minier dominé par le cuivre et le cobalt.
On peut aussi évoquer le Lesotho, petit pays d’Afrique australe connu pour la qualité de ses gemmes, en particulier celle de la mine Letšeng. Cette dernière est réputée pour ses diamants qui ont le prix par carat le plus élevé de toutes les mines au monde. Si cette caractéristique a permis au secteur de résister à la baisse des prix pendant un certain temps, le FMI notait en septembre 2024 que « le déclin de la compétitivité dans le secteur des vêtements et la baisse des prix des diamants ont pesé sur les exportations » du pays en 2023 et 2024.
Source: Agence Ecofin