Accueil A la une Crise du pain: «On leur fait la force»

Crise du pain: «On leur fait la force»

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Le pain au Burkina Faso

Le Gouvernement burkinabè est parvenu à s’accorder avec les acteurs des boulangeries sur le prix de la baguette de pain qui a été maintenu à 150 F CFA, au lieu de 200 comme le souhaitaient certaines structures. Au micro de Wakat Séra, des Burkinabè de la capitale ont diversement apprécié, le vendredi 27 mai 2022, le dénouement de cette crise du pain qui avait abouti à la fermeture de certaines boulangeries par le ministère en charge du Commerce.

Moussa Ilboudo: «l’Etat ne s’est pas assumé jusqu’au bout dans cette affaire»

Si l’Etat augmente le prix du carburant, forcément il faut que les autres agents augmentent leurs prix pour s’en sortir. Tu es boulanger, tu mets ton carburant dont le prix a augmenté, tu as un personnel à payer, ça veut dire que tu dépenses plus. Ils ne font pas dans le bénévolat, c’est un commerce et ils ont besoin de bénéfices. Pour moi l’Etat ne s’est pas assumé jusqu’au bout dans cette affaire. Soit vous prenez les choses en main en assurant un contrôle général sur la hausse des prix, soit vous laissez les autres augmenter leurs prix aussi.

Séni Batian, libraire: «Si l’Etat fait des efforts (…) que les boulangers le fassent également»

C’est une décision encourageante. Dans un pays en développement, de pauvreté où ça ne va pas du tout, où on vit au jour le jour, s’il faut augmenter le prix d’un des produits les plus consommés, ça ne serait pas une bonne chose. Les boulangers ont certainement leurs raisons, mais c’est à eux de monter au plus haut niveau pour que les dirigeants de ce pays trouvent une solution à leur problème. Si le Gouvernement a décidé du maintien du prix du pain à 150 F, c’est qu’il a dû supporter certaines charges à travers des subventions, ou en levant certaines taxes. Les boulangers sont aussi des Burkinabè, si l’Etat fait des efforts un pas en avant, qu’ils le fassent également. Ce n’est pas qu’on ne voit pas les augmentations de prix, mais est-ce pour autant qu’il faut aller à tous les niveaux pour faire ces augmentations? A ce rythme, on ne va pas s’en sortir.

Sams Naaba, chef coutumier: «On leur fait la force!»

Le riz, le maïs, l’huile, le sucre, les condiments, le carburant, le transport; tout a augmenté, jusqu’à la farine de blé. Pourquoi on empêche que le prix du pain augmente lui aussi? Pourtant les boulangers payent des taxes, le transport, comme tous les autres commerçants. C’est parce que les militaires mangent eux aussi le pain qu’ils ne veulent pas que son prix augmente. Moi je ne suis pas d’accord avec cette décision. Ce n’est pas juste. On leur fait la force.

Ousmane Simporé, chef cuisinier: «Les 150 F sont pour moi un bon prix»

C’est une bonne décision. Les gens souffrent, il n’y a pas d’argent ni de travail. Les 150 F sont pour moi un bon prix. Acheter le pain qu’on consomme beaucoup à 200 F serait difficile à supporter. On n’a pas d’argent. La vie est déjà assez chère pour nous, on ne doit pas manquer de nourriture aussi.

Daouda K. Zongo, citoyen burkinabè: «Ce que le Gouvernement a fait n’est pas bon»

Ce que le Gouvernement a fait n’est pas bon. Ce sont eux qui ont été les premiers à décider des augmentations avec le carburant et le transport. La première erreur vient d’eux. Si le carburant a augmenté avec le transport, les boulangers sont aussi obligés de revoir leurs prix pour se faire du bénéfice afin de s’en sortir. Si j’avais l’habitude de payer 500 000 F CFA pour mes dépenses et que subitement on augmente de 5 000, en ce moment je fais comment pour m’en sortir? Soit j’augmente mes prix aussi ou je ferme.

Jean Marie Ouédraogo: «Le Gouvernement doit faire quelque chose pour aider les boulangers»

S’ils ont maintenu le prix à 150 F, c’est une bonne chose. Maintenant le Gouvernement doit faire quelque chose pour aider les boulangers à s’en sortir. La farine de blé coûte extrêmement cher.

Propos recueillis par Siaka CISSE (Stagiaire)