Accueil A la une Diébédo Francis Kéré, l’Etalon de l’architecture dans un pays aux fondations chancelantes

Diébédo Francis Kéré, l’Etalon de l’architecture dans un pays aux fondations chancelantes

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De Gando son village natal au Prix Pritzker, il a fallu poser pierre sur pierre (Ph. d'illustration/deutschland.de)

Il s’appelle Diébédo Francis Kéré. Il est Burkinabè. Depuis quelques années, il écrit de belles pages de l’histoire contemporaine de l’architecture en multipliant les réalisations de joyaux et les constructions dans des contrées démunies. Auréolé ce jour du Prix Pritzker, ce que le monde de l’architecture considère comme son Nobel, il devient le tout premier lauréat africain de cette prestigieuse distinction, créée en 1979. Le pionnier de l’architecture durable succède à ses homologues français, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, spécialistes du logement urbain et détenteurs du graal de l’architecture en 2021.

De son village natal Gando dans le centre-est du Burkina Faso, où se dresse encore sa première œuvre architecturale, une école construite en 2001, avec l’aide des populations, à cette consécration, le nouveau roi dans son domaine rayonne sur le reste du monde, depuis Berlin, la capitale de l’Allemagne où son agence est installée. L’architecte a donné à des pays africains comme le Bénin, le Togo, le Kenya, le Mali, le Mozambique, le Soudan, et bien entendu la terre de ses ancêtres, le Burkina, des infrastructures innovantes tant dans le secteur de l’éducation que de celui de la santé et autres. Bâtisseur infatigable dont l’éventail de projets ne cesse de se déployer, Diébédo Francis Kéré est également celui qui trône maintenant, par la force de son travail, sur le toit, au propre comme au figuré, de l’architecture d’aujourd’hui et du futur.

En tout cas, l’Afrique compte des talents de pointure internationale. C’est ce que révèle ce prix Pritzker 2022 qui vient reconnaître, non seulement l’expertise d’un Africain, d’un homme tout simplement, mais confirmer que le continent noir n’est pas que la terre des guerres, des maladies et de la désolation. Du reste, en plus de servir de réservoir inépuisable de ressources humaines de qualité mais taillables et corvéables à merci et de «magiciens» aux sports en Europe, notamment en football, l’Afrique fournit à l’Occident, ce qu’elle a de meilleur comme matières premières et dont elle est, le plus souvent, dépouillée, sans état d’âme par ses prédateurs, pardon, partenaires, au développement».

Mais plus que tout, le tout nouveau prix Pritzker apporte à son pays plongé dans la grisaille des attaques terroristes meurtrières, un rayon de joie et d’espoir. C’est une nation entière, endeuillée au quotidien par les forces du mal, qu’elles soient des djihadistes ou les fameux Hommes armés non identifiés (HANI), qui partage avec fierté cette distinction d’un de ses valeureux fils. Il reste maintenant aux dirigeants burkinabè à s’inspirer de cette leçon de détermination de Diébédo Francis Kéré, pour construire un grand mur protecteur autour de populations tuées et contraintes à l’exil dans leur propre pays, par des hommes sans foi ni loi qui se servent de l’Islam, cette belle religion d’amour du prochain, pour poser des actes infâmes.

C’est ainsi que le «Pays des hommes intègres», à l’accoutumée si tranquille, et qui faisait pâlir de jalousie ses voisins, pour sa quiétude est devenu si dangereux qu’il occupe, selon certaines statistiques, la première marche du podium des pays les plus touchés par le terrorisme dans l’espace de l’Union économique et monétaire ouest africaine. Les comptabilités macabres qui ne font qu’enfler, suite aux dernières attaques terroristes, ne font malheureusement que renforcer cette prouesse dont les Burkinabè auraient bien voulu se passer.

De toute façon, les militaires qui ont, ce 24 janvier, renversé le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré, jugé incapable de répondre aux attentes sécuritaires des Burkinabè sur près de sept années, savaient bien qu’ils ne jouiraient d’aucun état de grâce, le pays étant devenu presque totalement rouge sur les cartes sécuritaires des différentes chancelleries étrangères qui le déconseillent à leurs ressortissants qui voudraient s’y aventurer et conseillent une prudence de sioux à ceux qui y vivent.

Il urge donc pour le nouvel homme fort de Ouagadougou, le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba et ses hommes, de rendre aux Burkinabè cette paix qu’ils implorent de tous leurs vœux afin de célébrer avec plus de faste, d’autres victoires comme le Prix Pritzker du grand architecte, Diébédo Francis Kéré.

Chapeau, l’artiste!

Par Wakat Séra