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Etat de la Francophonie numérique: le rapport 2016 présenté à Ouagadougou

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A l’occasion des Etats généraux de la jeunesse du Burkina Faso qui s’est déroulé du 15 au 18 novembre 2017 à Ouagadougou, il a été procédé à la présentation du Rapport 2016 sur l’état des lieux de la Francophonie numérique. C’était au Centre de Conférences de Ouaga 2000.

Réalisé par l’Institut du droit de l’espace et des télécommunications (IDEST) à l’initiative de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), avec une Préface de Monsieur Adama Ouane, Administrateur de l’OIF, cette seconde édition du rapport dresse un bilan actualisé de la situation francophone dans le domaine des TIC, souligne les progrès accomplis et met en perspective le chemin à parcourir par les pays francophones pour que le numérique soit moteur de développement, renforce la participation citoyenne, l’expression des  libertés démocratiques et favorise la diversité culturelle et linguistique sur Internet.

Se centrant sur les axes d’intervention retenus par les Chefs d’État et de gouvernement lors de l’adoption de la « Stratégie de la Francophonie numérique : Horizon 2020 » (Sommet de Kinshasa, 2012), cette publication regroupe des statistiques et des avis qualitatifs récents ainsi que des expériences innovantes pouvant potentiellement se poser en modèle. Rédigé par un collectif d’auteurs francophones, ce document est destiné à être compris par des non spécialistes afin de susciter une large réflexion et éclairer les prises de décision.

«Conçu pour mesurer l’avancement du numérique dans la Francophonie, ce rapport est appelé à devenir un document de référence en la matière». Adama Ouane, Administrateur de L’OIF, extraits de la Préface du Rapport 2016 sur la Francophonie numérique.

 

Comprenant cinq chapitres, le rapport traite en premier lieu du développement et du maintien des infrastructures numériques.

On y confirme notamment le niveau de branchement grandissant de la téléphonie mobile et d’internet dans l’espace francophone, y compris dans les pays en développement, ainsi que l’importance stratégique pour un territoire de disposer de plusieurs points d’interconnexion internet, communément appelés  IXP, afin de permettre une réduction des coûts d’exploitation des fournisseurs d’accès Internet et l’amélioration de la qualité des services offerte. Le rapport signale que les Etats et gouvernements membres de l’OIF abritent quelque 107 IXP sur les 798 répertoriés dans le monde, soit une progression de 62,13% par rapport à 2014. Douze d’entre eux sont implantés dans des pays francophones du continent africain (page 30 du rapport).

(Sur 798 IXP (points d’échange internet) installés dans le monde, les pays francophones en abritent 107 (voir page 30 du rapport).

Parmi les exemples d’applications des réseaux et dispositifs numériques au service du développement, le rapport mentionne les usages croissants dans le domaine de la gestion de l’eau et la démocratisation du paiement électronique. Ainsi, il existerait actuellement plus de 219 plateformes offrant des services de paiement par téléphone mobile et la plupart de ces plateformes se trouveraient dans les zones urbaines des pays en voie de développement (page 44 du rapport).

S’appuyant sur des études récentes confirmant le rôle des TIC comme vecteurs de productivité, le rapport souligne également les résultats de plusieurs initiatives francophones favorisant le développement de l’économie numérique : mise en place de cadres juridiques appropriés,  mise en réseau des acteurs nationaux, utilisation privilégiée des logiciels libres, développement de la science ouverte, appui à l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes dans le secteur de l’informatique.

On constate notamment que de nombreux pays francophones ont pris la mesure du développement du numérique et de l’intérêt de l’investissement national dans ce domaine, en favorisant l’émergence d’écosystèmes locaux à travers le soutien à la création de zones technologiques et d’incubateurs. Tout en relevant au sein de l’espace francophone une disparité dans la facilité de faire des affaires, y compris pour le secteur des TIC, le rapport note que depuis 2014 les pays membres de l’Ohada continuent d’améliorer systématiquement leurs cadres légaux et règlementaires pour promouvoir et stimuler la création d’entreprises en Afrique de l’Ouest et  en Afrique centrale: «Ainsi, la réduction des délais pour créer une entreprise est de 61%» (page 55 du rapport).

Le troisième chapitre présente la situation, les succès et défis de l’espace francophone en matière de création de services gouvernementaux en ligne, de promotion de politiques nationales et régionales pour des données ouvertes sur Internet, de développement de lois sur la cybersécurité et sur la protection des données à caractère personnel. Ainsi vingt-et-un États et gouvernements membres de l’OIF dont cinq du continent africain, possèdent au moins un Centre d’alerte et de réaction aux attaques informatiques (page 108 du rapport).

Pour les pays de la Francophonie, il s’agit également de contribuer à l’émergence d’une gouvernance de l’Internet qui favorise le développement et l’expression de la diversité culturelle et linguistique aux bénéfices de tous. Dans ce quatrième chapitre, le rapport insiste sur l’importance du renforcement de l’influence des acteurs francophones dans les instances et conférences internationales du numérique grâce en premier lieu à une politique volontariste des États et des organisations politiques régionales visant à développer des écosystèmes numériques nationaux et régionaux. Pour la majorité des territoires francophones, le renforcement de leurs écosystèmes passe notamment par leur capacité à gérer les adresses internet dont le suffixe est associé à leur pays (aux taux de pénétration actuellement souvent faibles comparés à ceux des noms de domaine génériques tels les .com et .org, voir page 135 du rapport).

La production d’outils et de contenus reposant sur une dynamique collaborative d’ouverture et de partage ainsi que de valorisation du domaine public représente un autre enjeu important. Plusieurs initiatives numériques francophones contribuent à développer ces biens communs de la connaissance à des fins aussi variées que la gestion de situations de crise à l’aide de données cartographiques numériques libres, la préservation de la diversité végétale grâce la création d’une base de données botanique en libre accès, l’amélioration de la qualité des enseignements à l’aide du partage et de la mutualisation de ressources éducatives libres, etc.

La situation reste néanmoins contrastée. À titre d’exemple, la productivité des internautes francophones au sein d’une initiative aussi populaire et mondialisée que l’encyclopédie en ligne Wikipédia se situe à la cinquième place, derrière l’allemand, le russe, l’anglais et le japonais (page 153 du rapport). Les autres langues en usages dans l’espace francophone ne sont pas absentes de Wikipédia. Cependant, s’il est à noter la vitalité de certaines langues de l’Europe francophone, en dehors du vietnamien (13e place), de l’arabe (21e place), du malgache (62e), du créole haïtien (73e), du yoruba (93e) et du swahili (95e), « l’ensemble des autres langues des pays de la Francophonie sont majoritairement absentes et celles présentes ne dépasseraient pas les mille articles chacune, sauf de rares exceptions excédant ce chiffre » (page 155 du rapport).

Si de manière générale, d’importants progrès ont été réalisés durant la période 2015-2016 dans le développement de l’écosystème numérique au sein de l’espace francophone, de nombreux défis restent à relever. « Pour relever ces défis, il est important d’associer les jeunes qui sont les premiers concernés : pratiquement tous les objectifs du développement durable ont des répercussions sur leur existence et leur potentiel et ils seront les acteurs clés de la société numérique de demain», concluent les auteurs du rapport (page 182)

Le rapport est disponible en libre téléchargement au format pdf  

http://www.francophonie.org/rapport-numerique-2016/

Encadré: A propos de l’OIF

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est une institution fondée sur le partage d’une langue, le français, et de valeurs communes. Elle rassemble à ce jour 84 États et gouvernements dont 58 membres et 26 observateurs. Le Rapport sur la langue française dans le monde 2014 établit à 274 millions le nombre de locuteurs de français.

Présente sur les cinq continents, l’OIF mène des actions politiques et de coopération dans les domaines prioritaires suivants : la langue française et la diversité culturelle et linguistique ; la paix, la démocratie et les droits de l’Homme ; l’éducation et la formation ; le développement durable et la solidarité. Dans l’ensemble de ses actions, l’OIF accorde une attention particulière aux jeunes et aux femmes ainsi qu’à l’accès aux technologies de l’information et de la communication.

La Secrétaire générale conduit l’action politique de la Francophonie, dont elle est la porte-parole et la représentante officielle au niveau international. Madame Michaëlle Jean est la Secrétaire générale de la Francophonie depuis janvier 2015.

58 États et gouvernements membres et associés

Albanie • Principauté d’Andorre • Arménie • Royaume de Belgique • Bénin • Bulgarie • Burkina Faso • Burundi • Cabo Verde • Cambodge • Cameroun • Canada • Canada-Nouveau-Brunswick • Canada-Québec • République centrafricaine • Chypre • Comores • Congo • République démocratique du Congo • Côte d’Ivoire • Djibouti • Dominique • Égypte • Ex-République yougoslave de Macédoine • France • Gabon • Ghana • Grèce • Guinée • Guinée-Bissau • Guinée équatoriale • Haïti • Laos • Liban • Luxembourg • Madagascar • Mali • Maroc • Maurice • Mauritanie • Moldavie • Principauté de Monaco • Niger • Nouvelle-Calédonie • Qatar • Roumanie • Rwanda • Sainte-Lucie • Sao Tomé-et-Principe • Sénégal • Seychelles • Suisse • Tchad • Togo • Tunisie • Vanuatu • Vietnam • Fédération Wallonie-Bruxelles

26 observateurs

Argentine • Autriche • Bosnie-Herzégovine • Canada-Ontario • Costa Rica • République de Corée • Croatie • République dominicaine • Émirats arabes unis • Estonie • Géorgie • Hongrie • Kosovo • Lettonie • Lituanie • Mexique • Monténégro • Mozambique • Pologne • Serbie • Slovaquie • Slovénie • République tchèque • Thaïlande • Ukraine • Uruguay