Accueil A la une Excision en Gambie: au secours Docteur Denis Mukwege!

Excision en Gambie: au secours Docteur Denis Mukwege!

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Les exciseuses doivent déposer les armes pour de bon! (Ph. d'illustration)

Une loi pour la résurrection de l’excision en Gambie, sous le prétexte qu’en interdisant le phénomène, c’est «violer le droit des citoyens à pratiquer leur culture et leur religion». La proposition de loi du député indépendant gambien Alamameh Gibba était, était, ce lundi, à son deuxième examen à l’Assemblée nationale. Voici comment un élu du peuple peut devenir, du jour au lendemain, un ennemi du peuple! Face à la douleur indicible et aux conséquences les plus inimaginables de cet acte ignoble commis contre des innocentes petites filles qui deviennent des femmes physiquement et psychologiquement diminuées, difficile de qualifier l’initiative de ce député. Quelle mouche a bien pu piquer cet homme qui a résolument opté de marcher à contre-courant de l’humanité?

En tout cas, l’honorable voudrait…déshonorer davantage l’autre moitié, à peine passée la commémoration du 8-Mars, la Journée internationale des droits de la femme, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Pourtant, l’unanimité est faite autour des méfaits de l’excision, tel que pratiquée dans des conditions d’insalubrité totale, mais surtout exposant les jeunes filles, parfois des bébés, à une mort subite par hémorragie ou au mieux à des infections que les victimes trainent toute leur vie! Une vie anéantie par le manque de cet organe charcuté sans état d’âme, par une vielle femme armée d’un couteau mal aiguisée, au détour d’un séjour passé au village pour des vacances ou une simple visite à des grands-parents ou parents, eux-mêmes parfois complices!

Face aux dangers multiples et multiformes de ce mal, des actes de sensibilisation individuels ou des campagnes massives d’ONGs, avec l’aide inestimable de leaders de la société civile et de chefs religieux et coutumiers, ont fait déposer aux exciseuses, armes et lames contre les larmes de leurs victimes et de leurs familles. Dans les villages comme dans les villes, la hargne contre le clitoris est en train de tomber lentement, et peut-être sûrement, pour le bonheur des femmes. Cette gent féminine dont le droit à vivre une vie pleine est enlevé, au nom de valeurs qui n’ont jamais été imposées, en règle par la culture, encore moins par la religion, mais sont sorties tout droit de l’imagination fertile et horrible de certains qui y ont trouvé un moyen de domination. Un cliché totalement faux et odieux, véhiculé par des partisans indécrottables de la chose, va jusqu’à faire de la non excisée, une jeune fille frivole et libertine! Une idée construite simplement autour du fait que les terminaisons nerveuses hautement érectiles que secrète le clitoris, en ont fait une zone de forte excitation et de plaisir sexuels.

Si au moins la section partielle ou totale de l’organe, était pratiquée comme, de plus en plus la circoncision, dans des milieux médicalisés, sous anesthésie et donc moins traumatisante pour celles qui la subissent presque toujours contre leur volonté! La culture et la religion ne doivent pas être sources de mort ou de quelconque malheur, mais doivent contribuer à l’épanouissement de l’être dans une société expurgée de ces actes avilissants, comme les mutilations génitales sauvages, que ce soit à l’endroit de l’homme ou de la femme!

Et si le Nobel de la paix, Docteur Denis Mukwege ou «l’homme qui répare les femmes» et ces disciples à travers le monde, se rendaient en urgence, et en masse à Banjul, pour entretenir davantage les députés gambiens sur le drame que vivent dans un silence de résignées, toutes ces femmes sans moyens, mais qui éprouvent l’envie de retrouver cette partie de leur physique, pour ne pas dire de leur vie, qui leur a été volée?

Non! Cette proposition de loi ne doit pas passer, ni en Gambie, ni ailleurs! Les démons de l’excision ne doivent pas être réveillés, mais plutôt enterrés comme les lames et couteaux des exciseuses qui comprennent, de plus en plus, le mal qu’elles font aux autres femmes! Il faut sauver et maintenir les valeurs culturelles africaines, mais en finir avec des pratiques criminelles, comme l’excision!

Par Wakat Séra