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Fronde sociale: le pouvoir MPP «pratique mal la social-démocratie», selon Mahamoudou Dicko de la NAFA

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Mahamoudou Dicko, président de la NAFA

Face à l’ébullition de la fronde sociale au Burkina depuis l’accession du président Roch Marc Christian Kaboré en janvier 2016, Hama Mahamoudou Dicko, premier responsable de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), parti proche de l’ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères, le général Djibrill Bassolé, a invité les nouveaux dirigeants à s’inspirer du modèle scandinave pour résoudre la préoccupation qui paralyse de jour en jour l’administration publique. L’enseignant-chercheur en Biochimie et Biotechnologie à l’université de Ouagadougou a confié, dans un entretien que Wakat Séra vous proposera dans les prochains jours, que le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP, majorité), «pratique mal la social-démocratie».

«Les grèves qui ont lieu sont surtout orientées vers des questions salariales. Et à ce niveau, je pense que le pouvoir MPP pratique mal le modèle social-démocrate», a déclaré le professeur Dicko qui estime que «l’application de la social-démocratie commande qu’il y ait de la lutte des classes et qu’on lutte contre les inégalités et les disparités sociales». En la matière, le président de la NAFA a invité le régime MPP à s’inspirer du modèle suédoise.

«Par exemple dans le modèle scandinave, les gouvernants doivent travailler de sorte à ce que les ratios entre les salaires les plus élevés et les salaires les plus bas soient équilibrés pour qu’il n’y ait pas trop de disparités», a-t-il dit.

Pour lui, lorsque des agents de la Fonction publique qui font le même travail subissent des disparités salariales variant entre 100 000 et à 500 000 francs CFA par salarié, «cela pose énormément problème». «Dans le modèle scandinave d’une manière générale, ils (dirigeants politiques) comprennent qu’il y a des disparités mais c’est contrôlé dans le public y compris le privé pour qu’il n’y ait pas de misérables et des gens qui sont dans l’opulence, pouvant même boire le champagne tous les week-end et d’autres ne peuvent même pas s’offrir un jus de fruit», s’est-il offusqué avant de reconnaître que ce problème «structurel» existe dans presque tous les pays africains.

«C’est la même chose au niveau des perdiems. Lorsque vous prenez le modèle scandinave, l’ambassadeur a les mêmes traitements que son chauffeur lorsqu’ils voyagent. Le simple agent a les mêmes perdiems que le directeur lorsque vous partez en mission parce ce que l’objectif est de vous mettre dans de bonnes conditions pour la réussite de la mission », a-t-il poursuivi. «Mais au Burkina par exemple, vous partez à Bobo-Dioulasso (capitale économique située à 356 Km à l’Ouest de Ouagadougou), le chauffeur à 5 000 FCFA tandis que le directeur général a 25 000 ou 35 000 FCFA selon les services. La conséquence directe c’est qu’à votre retour, le chauffeur souvent dort dans le véhicule puisqu’il a très mal dormit la nuit parce qu’il n’a pu bien se loger et vous courrez le risque de faire un accident », a déploré Mahamoudou Dicko.

Le président de la NAFA dit ne pas être «surpris» de l’ampleur de la grogne sociale parce que le «pouvoir MPP nous a prouvé dès le départ qu’il n’avait pas une vision pour le développement du Burkina Faso». «Si vous remarquez, depuis l’accession du MPP au pouvoir, le pays fonctionne par tâtonnement. Dans une situation post-insurrectionnel, on amène un Premier ministre (Paul Kaba Thiéba) qui n’a pas vécu au Burkina et pire il ne connait pas très bien certaines réalités du pays », a-t-il fait remarquer d’abord, avant d’estimer «donc, il avait tout à apprendre, il s’est entouré de gens c’est logique qu’il ne comprenne pas beaucoup de choses dans le fonctionnement du gouvernement».

Le professeur Hama Mahamoudou Dicko ne partage pas l’avis de ceux qui pensent que la Coordination des syndicats des enseignants (CNSE) qui mène des négociations avec le gouvernement pour une sortie de crise du système éducatif, fait de la surenchère. «Il n’y a pas un métier qui est très contraignant que la fonction enseignante. Donc il faut qu’on trouve des solutions à ce problème qui es train de devenir une gangrène», a-t-il conclu.

Par Mathias BAZIE