En marge des assemblées annuelles 2025 de la Banque Africaine de Développement (BAD), le 31 mai 2025 à Abidjan en Côte d’Ivoire, le ministre de l’Economie et des Finances de la Guinée, Mourana Soumah, qui a conduit la délégation guinéenne à ce rendez-vous continental, a rencontré la presse. Une occasion pour celui-ci de faire un bilan de ce rendez-vous et aussi de répondre à des préoccupations des journalistes sur l’actualité économique et financière de son pays la Guinée.
Mourana Soumah, ministre de l’Economie et des Finances de la Guinée, a salué l’engagement de l’État guinéen à relever les défis dans le domaine des infrastructures. Il déclare que plusieurs défis ont été relevés, notamment dans ce secteur, depuis l’avènement des autorités actuelles, contribuant à redonner un nouveau visage de la Guinée.« La Guinée a pu réaliser en deux ans et demi 1 200 kilomètres de route. Cela est visible et vérifiable. Ce n’est pas de la parole en l’air. La Guinée a dans la tuyauterie près de 1 500 kilomètres de route pour lesquelles nous avons signé les contrats de marché, qui vont permettre au pays de se doter et d’améliorer la connectivité entre les différentes régions », a-t-il affirmé, avant d’expliquer que l’accès aux capitaux demande des préalables dont la notation des crédits et l’existence d’un fonds souverain qui sont pris en compte dans le Programme Simandou 2040. «C’est une fois la notation souveraine que les risques pays sont évalués à l’international», a souligné le ministre Soumah. «Simandou 2040», se présente comme le programme le plus ambitieux de la Guinée. C’est un programme de développement socio-économique durable et responsable de la République de Guinée pour les 15 prochaines années par le chef de l’Etat, le général Mamadi Doumbouya.
Concernant les différentes cibles du Programme Simandou 2040 en chantier, le ministre Mourana Soumah a rappelé la nécessité d’avoir une chaine de valeurs dans le domaine agricole, de la production jusqu’à la transformation, surtout au regard des potentialités dont dispose le pays et qui sont favorables au développement des activités agricoles exportatrices et qui permettent aux Guinéens d’avoir un niveau de consommation moins dépendant de l’étranger. «L’idée pour nous, c’est d’investir beaucoup dans les interactions en termes de pistes rurales, en termes d’infrastructures de connexion et en termes d’accès aux centres de commercialisation. C’est ça l’objectif de diversification économique vers laquelle le Général Mamadi Doumbouya nous envoie. Mais pour cela, il faudra un programme structurant sur les 15 ans», a souligné M. Soumah.
Le ministre des Finances a affirmé, par ailleurs, que c’est la première fois que la Guinée arrive à flécher près de 20% des revenus aussi important que le projet Simandou. «Les ressources minières vont finir. Mais les ressources humaines sont les premières matières. Et la BAD l’a confirmé au cours de ces assemblées. Comment tirer profit du capital ? Et quand on dit capital ici, c’est le capital humain. C’est le plus important. Si les jeunes ne sont pas formés, le pays sera totalement dépendant de la main d’œuvre étrangère», a dit le ministre de l’Economie et des Finances.
Sur la situation macro-économique actuelle de la Guinée Conakry, le ministre Mourana Soumah soutient qu’elle est saine. «Quelqu’un disait, nous avons 43% de taux d’endettement ; c’est l’un des plus maitrisés en Afrique. Nous avions un déficit de 87% en 2024, mais un déficit tiré par les investissements. C’est très important. Ce n’est pas tiré par les consommations simples. Il y a la création d’un écosystème routier, d’un écosystème de franchissement pour permettre aux différentes régions d’être en connexion et de commercer facilement », a fait remarquer le ministre, qui révèle, par ailleurs, que la Guinée a réalisé une croissance de 6.1 en 2024. Celle projetée en 2025 est de 7.1 et celle de 2026 est projetée à 10 (donc de deux chiffres), selon les sources du FMI et l’Etat guinéen, rapportées par le ministre des Finances. Il a affirmé également que la Guinée a un déficit budgétaire contenu dans les limites raisonnables, l’un des plus maitrisés en Afrique. «C’est la Guinée seule qui répond aux critères de la zone monétaire ouest-africaine (ZMAO). Nous avons un déficit budgétaire contenu, mais tiré par les investissements, un niveau d’endettement bas, une inflation maitrisée à 3% (rare en Afrique), un niveau d’appréciation du Franc guinéen qui permet une réduction du taux de change», a-t-il poursuivi.
Sur la question de comprendre les récentes décisions du gouvernement guinéen qui procède au retrait de plusieurs conventions et permis miniers à des sociétés, le ministre de l’Economie et des Finances a déclaré : «La gouvernance constitue le socle du programme du Président Mamadi Doumbouy», expliquant que cette gouvernance doit rimer avec la reddition des comptes et la bonne exécution des conventions. «Quand on signe des conventions avec l’Etat, on ne s’exécute pas. On dit par exemple qu’on veut construire une raffinerie ou on construit une raffinerie. Après plusieurs années, on voit qu’on n’a pas construit de raffinerie. Mais plutôt, on se met à exploiter les ressources minières. C’est totalement inconcevable! Et pour un président comme le Général Mamadi Doumbouya, qui est un patriote, il ne peut pas se permettre d’accepter de tels agissements. Il prendra la décision qui s’impose pour ramener les uns et les autres à se conformer aux exigences conventionnelles», a-il fait savoir à la presse. Pour lui, c’est à travers la construction de raffineries en Afrique en général, et en Guinée en particulier, qu’on peut créer un hub d’industries et espérer avoir une valeur ajoutée plus grande. «Si on ne construit pas de raffineries, on devient un exportateur de produits et cela ne va changer aucunement la vie de nos compatriotes, parce qu’il n’y aura pas de travail, pas d’emplois créés, parce que ce sont des revenus de royalties qu’on encaisse juste, il n’y aura pas de sous-traitance à l’intérieur», déplore-t-il.
Face aux journalistes, le ministre Mourana Soumah a émis le vœu que la Guinée soit une destination touristique, une destination économique, une destination financière, que la Guinée soit une destination où il y aura des viviers de jeunes ingénieurs à travers le Programme Simandou Académie et que ce soit un rêve qui se réalise.
Par Wakat Séra