Accueil Communiqué de presse Inégalités dans le monde: les milliadaires se sont enrichis «trois fois plus»

Inégalités dans le monde: les milliadaires se sont enrichis «trois fois plus»

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Ceci est un communiqué sur le rapport 2024 de Oxfam, parvenu à Wakat Séra ce lundi 20 janvier 2025. Le document mentionne que les milliardaires du monde se sont enrichis « trois fois plus » vite par rapport à 2023 alors que le  nombre des pauvres « n’a presque pas diminué » depuis maintenant 34 ans 

La richesse des milliardaires a bondi de 2 000 milliards de dollars en 2024, soit trois fois plus vite que l’année précédente, tandis que le nombre de personnes en situation de pauvreté n’a presque pas diminué depuis 1990. 

  • D’après les prévisions d’Oxfam, le monde devrait compter au moins cinq trillionaires dont la fortune dépassera les 1 000 milliards de dollars d’ici dix ans.
  • 204 personnes sont devenues milliardaires en 2024, soit près de quatre nouveaux/elles milliardaires par semaine.
  • 60 % de la fortune des milliardaires provient maintenant d’héritages, de situations de monopole ou de liens de connivence. C’est pourquoi Oxfam estime que « les richesses extrêmes des milliardaires n’ont que peu à voir avec le mérite ».
  • En 2023, les 1 % les plus riches des pays du Nord ont ponctionné 30 millions de dollars par heure des pays du Sud via le système financier international.
  • Oxfam appelle les gouvernements à taxer les plus riches pour réduire les inégalités, en finir avec l’extrême richesse et démanteler la nouvelle aristocratie. Les anciennes puissances coloniales doivent engager des réparations en dédommagement des préjudices qu’elles ont causés.

La richesse des milliardaires a augmenté de 2 000 milliards de dollars en 2024, ce qui représente une hausse d’environ 5,7 milliards de dollars par jour, à un rythme trois fois plus rapide qu’en 2023. En moyenne, quatre personnes sont devenues milliardaires chaque semaine.

Cette énorme augmentation a été précédée d’une année de ponction massive des ressources des pays du Sud par les pays du Nord — En 2023, les 1 % les plus riches des pays du Nord ont ponctionné 30 millions de dollars par heure des pays du Sud via le système financier international.

Pourtant, d’après la Banque mondiale, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté n’a presque pas diminué depuis 1990, et les niveaux d’inégalité entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci sont de plus en plus préoccupants.

En Afrique du Sud, la richesse combinée de six milliardaires a augmenté de 4,1 milliards de dollars en 2024, soit 11 millions de dollars par jour. Ensemble, ils possèdent désormais 29,4 milliards de dollars. Au Nigeria, la richesse de quatre milliardaires (23,7 milliards de dollars) pourrait facilement couvrir l’ensemble de la ville de Lagos en billets de 500 nairas.

L’année dernière, Oxfam avait estimé que nous verrions pour la première fois la fortune d’un multimilliardaire franchir le cap des 1 000 milliards de dollars dans dix ans. Toutefois, compte tenu de l’accélération de l’enrichissement des milliardaires, Oxfam a revu considérablement à la hausse ses prévisions : si la tendance actuelle se poursuit, le monde comptera non pas un, mais au moins cinq trillionaires dans dix ans.

Oxfam publie aujourd’hui son rapport intitulé L’art de prendre sans entreprendre à l’heure où les élites d’affaires se réunissent à Davos, destination touristique suisse, et où le milliardaire Donald Trump, soutenu par l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, inaugure son deuxième mandat présidentiel à la tête des États-Unis.

Le rapport montre également que, contrairement aux idées reçues, les milliardaires n’ont pour la plupart pas eu à gagner leur fortune, 60 % de leur richesse provenant d’un héritage, de situations de monopole ou de liens de connivence. Les richesses imméritées et le colonialisme (qui n’est pas seulement une période révolue d’extraction brutale de richesses, mais perpétue aujourd’hui encore des inégalités extrêmes) figurent parmi les causes majeures de l’accumulation de richesses par les milliardaires.

Nombre d’ultra-riches, notamment en Europe, doivent en partie leur fortune au colonialisme historique et à l’exploitation de pays plus pauvres. Ainsi, le milliardaire Vincent Bolloré, qui met son empire médiatique tentaculaire au service de la droite nationaliste française, a bâti une partie de sa fortune grâce à des entreprises coloniales en Afrique.

« Le gouffre de l’inégalité des richesses entre les pays riches et les pays du monde majoritaire n’est pas un accident – c’est l’héritage du colonialisme. Les anciennes puissances coloniales ne se sont pas contentées d’exploiter les ressources à une échelle inimaginable ; elles ont également conçu et mis en place une architecture financière mondiale pour perpétuer ce vol », a déclaré Fati N’zi-Hassane, directrice d’Oxfam International pour l’Afrique.

Dans ce que le rapport d’Oxfam décrit comme un colonialisme des temps modernes, les pays du Nord contrôlent 69 % des richesses mondiales et 77 % de la fortune des milliardaires, et accueillent 68 % des milliardaires, alors qu’ils ne représentent que 21 % de la population mondiale. Un·e citoyen·ne belge dispose d’un droit de vote environ 180 fois plus important au sein de l’organe le plus important de la Banque mondiale qu’un·e citoyen·ne éthiopien·ne.

Les pays à revenu faible et intermédiaire consacrent en moyenne presque la moitié de leur budget national au remboursement de la dette, souvent à de riches créanciers de New York et de Londres. Ainsi, les sommes allouées au service de la dette dépassent largement les dépenses conjointes consacrées à l’éducation et à la santé. Entre 1970 et 2023, les gouvernements des pays du Sud ont dû payer 3 300 milliards de dollars d’intérêts à leurs créanciers occidentaux.

À l’échelle mondiale, les femmes occupent plus souvent que les hommes les emplois les plus précaires du secteur informel, comme le travail domestique. Dans les pays à revenu élevé, les travailleurs et travailleuses migrant·es gagnent en moyenne environ 13 % moins que les travailleurs et travailleuses ressortissant·es du pays en question. Cet écart atteint même 21 % pour les travailleuses migrantes.

« Pour que l’humanité ait l’espoir de mettre fin à la pauvreté, les dirigeants mondiaux et les gouvernements doivent d’abord s’engager à démanteler les vestiges des systèmes de l’ère coloniale qui menottent des milliards de personnes, à commencer par le système financier international profondément injuste », a déclaré M. N’zi-Hassane.

Oxfam appelle les États à agir sans tarder pour réduire les inégalités et mettre un terme à l’extrême richesse en adoptant les mesures suivantes :

  • Réduire radicalement les inégalités. Les gouvernements doivent s’engager à ce qu’à l’échelle internationale comme au sein des pays, les revenus des 10 % les plus riches n’excèdent pas ceux des 40 % les plus pauvres. D’après les données de la Banque mondiale, si nous réduisions les inégalités, nous pourrions mettre fin à la pauvreté trois fois plus vite. Les gouvernements doivent aussi mettre fin au racisme, au sexisme et aux divisions sur lesquels se fonde l’exploitation économique actuelle.
  • Taxer les plus riches pour mettre un terme à l’extrême richesse. La politique fiscale mondiale doit être encadrée par une nouvelle convention fiscale régie par les Nations Unies et veiller à ce que les personnes et les entreprises les plus riches paient leur juste part d’impôt. Les paradis fiscaux doivent être abolis. D’après l’étude d’Oxfam, la moitié des milliardaires du monde vivent dans des pays qui n’appliquent pas de droits de succession sur l’argent et le patrimoine que recevront leurs descendant·es direct·es à leur décès. Il faut taxer les héritages pour démanteler la nouvelle aristocratie.
  • Mettre fin au transfert de richesses des pays du Sud vers ceux du Nord Il est urgent d’annuler les dettes des pays du Sud et de mettre un terme à la domination des pays riches et des multinationales sur les marchés financiers et les règles commerciales. Cela passe notamment par le démantèlement des monopoles, la démocratisation du commerce et l’assouplissement des règles sur les brevets, et la régulation des entreprises pour veiller à ce qu’elles paient un salaire décent à leur personnel et plafonnent les rémunérations des PDG. Il est également important de revoir le mode électoral au sein de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et du Conseil de sécurité de l’ONU afin de garantir la représentation équitable des pays du Sud. Les anciennes puissances coloniales doivent aussi reconnaître les séquelles durables du colonialisme, présenter des excuses officielles et engager des réparations pour les torts causés aux communautés touchées.

Source: OXFAM