Accueil A la une Ligne énergétique Ferké-Bobo-Ouaga: au coeur des préoccupations du MCC

Ligne énergétique Ferké-Bobo-Ouaga: au coeur des préoccupations du MCC

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Le directeur général du Millenium Challenge Corporation (MCC), Mahmoud Bah

Le Burkina Faso a bénéficié mi-août 2020 d’un second accompagnement du Millenium Challenge Corporation (MCC) pour le soutenir dans ses investissements concernant uniquement le secteur de l’électricité. Les Etats-Unis d’Amérique à travers le MCC comptent ainsi avec un don d’un montant total de 500 millions de dollars américains, soit plus de 272 milliards FCFA, aider le Burkina à réduire le coût élevé, la mauvaise qualité et le faible accès à l’électricité et aussi faciliter l’intégration énergétique en Afrique de l’Ouest. Dans cet entretien que le directeur général par intérim du MCC a accordé à Wakat Séra ce mercredi 16 juin 2021, Mahmoud Bah, nous livre de plus amples informations sur le projet de renforcement de la ligne électrique de haute tension reliant Ferkessédougou (en Côte d’Ivoire) à Bobo-Dioulasso et Ouagadougou.

Wakat Séra: Quelle appréciation faites-vous de la situation énergétique en Afrique de l’Ouest?

Mahmoud Bah: En ce qui concerne la situation énergétique en Afrique de l’Ouest, d’abord de manière globale, il est très important de noter les contraintes à l’énergie que pose l’intégration régionale. En premier lieu, reconnaissant d’abord que 1,3 milliard de personnes à travers le monde n’ont pas accès à l’électricité. Et en particulier en Afrique de l’Ouest, les pays du Sahel souffrent d’une grande contrainte en ce qui concerne l’accès à l’électricité. Et cela est en partie dû à l’effet du changement climatique. Le MCC dans ses programmes a reconnu cette contrainte et depuis des années, nous sommes orientés vers l’intégration énergétique en tant que moteur de développement économique.

Nous reconnaissons des mesures d’atténuation et la résilience que font face les pays du Sahel. Et donc dans notre programme d’intégration régionale, nous mettons en avant, les investissements dans le secteur de l’énergie, mais aussi, les investissements dans les politiques de réformes institutionnelles. Cela, nous pensons, pourront aboutir, à une situation où l’échange de l’électricité entre les pays de la sous-région sera plus efficient et plus effectif.

En particulier nous avons un programme en vue entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Nous pensons que ce programme est en parfaite harmonie avec le plan directeur du West African Power Pool (WAPP ou en français, le Système d’Échanges d’Énergie Électrique Ouest Africain EEEOA, NDLR), l’entité spécialisée de la Communauté économique des Etats de l’Afrique l’Ouest (CEDEAO) qui a comme objectif, l’intégration du marché énergétique en Afrique de l’Ouest. Voilà, en quelques mots, notre aperçu de la question de l’intégration énergétique de la sous-région.

Pourquoi les États-Unis, à travers le MCC, ont choisi d’intervenir sur le secteur de l’énergie et pas ailleurs pour réduire la pauvreté en Afrique de l’Ouest?

Nous avons une méthode de travail qui, d’abord, passe par la sélection des pays partenaires. Donc nous avons des pays partenaires comme le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana et tant d’autres. Et tout commence par une étude des contraintes au développement. Et très souvent, l’une des grandes contraintes au développement que nous observons, c’est l’accès à l’électricité, sa fiabilité, son caractère abordable et aussi la gouvernance des institutions qui occupent le terrain en ce qui concerne la production, la transmission et la distribution de l’électricité. Donc notre choix est guidé par l’analyse des contraintes que nous faisons lors du développement de nos investissements.

A partir du moment où nous avons identifié que l’accès à l’énergie, l’accès à l’électricité, est une contrainte, nous passons à une phase de développement d’un investissement de concert avec notre partenaire qui dans ce cas est le Burkina Faso. Mais nous reconnaissons aussi que les contraintes liées à l’électricité font partie du corps national de développement économique et social du Burkina Faso. Le pays lui-même a reconnu que ce déficit de l’électricité est une priorité au développement du pays. De là, travaillons ensemble à mettre en place un programme, un investissement qui va s’adresser à cette contrainte.

Donc il y a des investissements en infrastructures, soit, la production de l’électricité renouvelable où une transition juste de l’électricité réelle au renouvelable. Il y a aussi le renouvellement des infrastructures qui existent aujourd’hui à savoir des infrastructures de distribution que ce soit des postes ou des centrales. En harmonie à ça, nous avons la partie institutionnelle que j’ai mentionnée. Il y a un besoin critique d’adresser les réformes institutionnelles. Et ça, il s’agit de la régulation indépendante de l’électricité, il s’agit de la gouvernance, de la bonne gouvernance des compagnies d’électricité, il s’agit aussi de la transparence dans les contrats qui font que l’échange et l’achat de l’électricité d’un pays à un autre se fait d’une manière transparente. Donc voilà en quelques mots ce que j’avais à vous dire sur le choix du secteur de l’électricité.

A quand les conclusions des études menées conjointement par le MCC et le WAPP pour renforcer la ligne d’interconnexion de haute tension Ferkessédougou-Bobo-Dioulasso-Ouagadougou?

Avec le WAPP, d’abord nous avons signé un agrément pour qu’il soit notre coordonnateur dans les études que nous allons faire pour s’assurer de la viabilité de l’investissement sur la ligne Ferkessédougou-Bobo-Dioulasso-Ouagadougou. C’est une ligne de transmission et donc, il faut qu’on fasse des études de faisabilité pour s’assurer qu’effectivement cet investissement est fiable. Donc le WAPP nous aide dans cette coordination vu son expérience de terrain et vu les autres projets sur lesquels il a travaillé parce qu’il est central dans le plan directeur de la politique énergétique de la CEDEAO. Maintenant, nous avons, disons, des mois avant que nous ayons les résultats de ces études.

Qu’est-ce qui va être concrètement fait sur cette ligne en termes de travaux?

Ce qui va sortir de ces études sera le fondement de l’investissement du programme que nous allons monter ensemble avec le gouvernement du Burkina Faso et en parallèle aussi le gouvernement de la Côte d’Ivoire. Mais ce sont des projets à long terme. Nous avons un but, c’est l’intégration énergétique de la sous-région à long terme. Donc sur la ligne elle-même, si elle est fiable, ce que nous envisageons, c’est des interventions qui vont augmenter la capacité de la ligne, sa fiabilité, son rendement, et y compris tous les investissements annexes qui vont venir avec.

Donc voilà en quelques mots le time-line que nous avons devant nous. Le WAPP en commun accord avec le MCC et les pays partenaires travaillent ensemble pour ressortir une étude de faisabilité qui nous permettra de concevoir un programme commun que tous les partenaires pourront mettre en œuvre.

Entretien réalisé par Bernard BOUGOUM