Accueil A la une IUTS: des syndicats travaillent à «asphyxier l’économie» burkinabè (Coalition)

IUTS: des syndicats travaillent à «asphyxier l’économie» burkinabè (Coalition)

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Les responsables de la coalition

La Coalition des syndicats libres et indépendants, regroupant plus de 20 syndicats, a animé ce jeudi 26 décembre 2019, à Ouagadougou à la Bourse du Travail, une conférence de presse pour donner sa position sur l’Impôt unique sur les traitements et salaire (IUTS) dont la suppression est exigée par des syndicats dont la Confédération générale des Travailleurs burkinabè (CGT-B), constituée essentiellement des syndicats de la Fonction publique. Face à la presse, le porte-parole de la coalition, Guy Olivier Ouédraogo et ses camarades, ont affirmé que « certains d’entre eux sont des capitalistes syndicaux » qui par leurs actions visent un « chaos économique pour abattre la démocratie ».

Cette conférence a été suscitée, selon ses animateurs, par  la dernière la sortie médiatique de l’autre grande aile syndicale dirigée par Bassolma Bazié, actuel Président De Mois (PDM) de l’Unité d’Action Syndicale (UAS), qui a annoncée des débrayages début janvier 2020, en vue d’exiger la suppression de l’IUTS. « Nous avons constaté ces derniers temps, que le camarade Bassolma Bazié, PDM, intervient au nom de l’UAS sans concertation ni l’accord de ses paires sur certaines questions. Il est de bon ton que nous portions à la connaissance du peuple burkinabè et en particulier les militants que les cinq centrales et les syndicats autonomes qui composent la coalition ne sont pas concernés par les prises de décisions unilatérales du PDM actuel Bassolma Bazié et par conséquent elle ne saurait être responsable des engagements pris par celui-ci », ont signifié les conférenciers.

A les en croire, des syndicats travailleraient en sourdine à liquider l’économie du Burkina Faso, déjà éprouvée par des attaques armées meurtrières. « Certains d’entre nous sont des capitalistes syndicaux. Ils veulent asphyxier l’économie du pays. C’est le chaos économique, le sabotage économique qui est visé à travers leurs actions. Vous savez le Burkina est un pays de savane et on se connait. On applique les théories de Bakounine (Mikhaïl) qui est un anarchiste pour abattre les démocraties. Nous sommes dans ce milieu et personne ne nous apprendra à faire ces tactiques-là. C’était nos dada. On a abandonné tout ça. Nous savons ce qui est caché derrière certaines revendications. Comme vous voulez on va vous dire toute la vérité maintenant », a réagi Guy Olivier Ouédraogo sur le sujet. « On dit aux travailleurs taper et que le meilleur gagne. Mais nous nous ne raisonnons pas comme ça. Ce n’est pas du syndicaliste », a-t-il regretté en insistant que lui et ses camarades défendent la justice sociale, l’équité salariale et la protection de l’économie nationale. « Il faut se dire les quatre vérités. C’est parce qu’il y a un pays, des citoyens, une économie, qu’il y a des travailleurs », a-t-il continué.

Guy Olivier Ouédraogo, porte-parole de la Coalition

En ce qui concerne cette question de l’IUTS qui constitue un blocage actuellement dans le dialogue gouvernement/syndicats, les syndicats libres et indépendants disent avoir fait des propositions qui « exonèrent » les travailleurs du public et aussi du privé ayant un faible revenu. Selon les conférenciers, « 85 à 90% des travailleurs du public ne seront pas touchés pour l’IUTS » qui concerne trois indemnités à savoir celle de logement, de fonction et du transport. Ainsi, le regroupement a proposé le relèvement des revenus imposables des indemnités comme suit : 100 000 FCFA pour l’indemnité de logement, 50 000 F pour l’indemnité de transport, 60 000 F pour l’indemnité de fonction et l’imposition des primes à partir de 201 000 FC FA. « Au niveau des fonctionnaires, ils n’ont que l’indemnité de fonction et de logement. Les travailleurs de la Fonction publique de la loi 081 peuvent témoigner qu’il n’y a pas de travailleur qui perçoit les indemnités que nous avons proposées », a rassuré le principal conférencier qui a noté que les autres indemnités à savoir celles de suggestion et technicité et autres que les agents de l’Administration publique ont, ne sont même pas « concernées » par l’IUTS. « Donc vous voyez ! On fait du bruit pour rien. On agite les gens inutilement et cela nous fait oublier les intérêts supérieurs de notre nation qui aujourd’hui est la défense de notre territoire », a-t-il regretté.

L’impôt, une valeur de souveraineté…

Les syndicats libres et indépendants réunissant pour l’essentiel des militants issus du privé, estiment que l’impôt a une valeur de souveraineté qui doit être supportée par tous les Burkinabè. « Aujourd’hui tout le monde dit mettons la France dehors. Disons non au FCFA (…) Mais si on veut s’affirmer, il faut que nous acceptions certains sacrifices. Ca aussi il faut le dire et ne pas flatter la jeunesse avec des mots creux. Si nous voulons notre liberté, il faut accepter les sacrifices nécessaires pour cette liberté-là », ont-ils renchéri en martelant que l’IUTS, « c’est la justice sociale. C’est faire en sorte que ceux qui gagnent plus contribuent plus ». Leur porte-parole trouve «  indécent que nous nous baladions dans des pays pour demander de l’aide qui vient des contribuables de ces pays-là, et nous on déclare tout de go que nous supprimons nos impôts. Que nous disions nous ne voulons pas des écoles sous paillotes mais Dieu est grand on confie ça à la coopération chinoise et nous n’y faisons absolument rien ». Le regroupement des syndicats libres et indépendants est « une coalition responsable qui n’a besoin d’aucun populisme et ses militants le savent. Nous avons tout simplement besoin du bien-être des travailleurs et surtout du bien-être de notre peuple », a-t-il répondu.

Pour les syndicats opposés sur cette question à l’aile syndicaliste de Bassolma Bazié, « ce n’est pas acceptable que nous (salariés) qui avions eu la chance d’avoir un peu plus, nous soustrayons de notre devoir, et que la pauvre dame qui vend des galettes au bord de la route, soit obligée de payer sa patente et autres ». « Si je devais vivre dans un pays pareil, je préfère renoncer à ma nationalité », a dit d’un ton de nervosité Guy Olivier Ouédraogo en termes de conclusion sur la préoccupation qui risque de paralyser les jours à venir l’Administration publique si rien n’est fait par les autorités.

Par Bernard BOUGOUM