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Jah Press: «DJ Arafat était capable du meilleur comme du pire»

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Salfo Soré alias Jah Press (DR)

Le directeur général de BIZART production et commissaire général des Kundé, Salfo Soré dit «Jah Press» a affirmé dans un entretien à Wakat Séra que le roi du Coupé-décalé, DJ Arafat, décédé le 12 août dernier à 33 ans, «était capable du meilleur comme du pire». De son vrai nom Ange Didier Houon, le «président des chinois» qui a été enterré le samedi 31 août, en plus d’être «un bon chorégraphe et un bon concepteur, était (aussi) un artiste complet sur le plan instrumental», a ajouté le célèbre homme du showbiz burkinabè.

Wakat Séra: Dans quel cadre avez-vous connu DJ Arafat?

Jah Press: J’ai connu Arafat dans le cadre de mes activités, notamment l’événementiel. Nos chemins se sont croisés essentiellement deux fois. La première fois il devait prester pour une campagne électorale en 2010 à Dédougou. Il n’a pas honoré le rendez-vous. Son père m’a appelé après pour qu’on trouve un terrain d’entente par rapport à ça parce qu’il n’arrivait plus à se produire au Burkina malgré le fait qu’il était sollicité. Pour le faire, il fallait qu’il me rembourse mon argent. Donc c’est grâce à son père, Houon Pierre, paix à son âme, un grand monsieur du showbiz, ingénieur de son de formation et qui accompagnait Meiway dans ses tournées, qu’on a réglé le problème et c’est ainsi qu’on avait trouvé un compromis pour qu’il vienne prester aux Kundé. Et c’est ce qui a été fait.

C’était les Kundé 2011, parlez nous-en un peu plus!

Son père m’a dit de trouver autre chose après les Kundé pour qu’il se fasse un peu d’argent. Donc on avait calé un truc à Faso Parc. Je rappelle au passage qu’à cette édition des Kundé, il était même en compétition dans la catégorie de meilleur musicien Afrique de l’Ouest qu’il a remportée en 2011. Ensuite il devait donc jouer à Faso Parc, mais à la dernière minute, il a voulu me faire du chantage. Il a estimé qu’il allait y avoir beaucoup d’affluence l’endroit étant un parc d’attraction fréquentés par les enfants qui y vont pour les jeux. Et ces enfants allaient assister après au concert. Donc il a envoyé quelqu’un dès 10-11H voir s’il y avait du monde.

Et quand il a vu qu’il y avait du monde, il me demande de lui rajouter de l’argent par rapport au contrat qu’on avait déjà signé. J’ai dit non que ce n’était pas possible. Il a voulu partir sans honorer le contrat, mais je l’ai fait arrêter par le commissaire de l’aéroport à l’époque, le commissaire Kafando, paix à son âme. Quand on m’a fait appeler et que je suis allé, je lui ai fait savoir que c’était son droit de ne pas jouer, mais que normalement quand on prend un engagement il faut l’honorer. Alors j’ai pu récupérer de l’argent qu’il avait déjà touché pour jouer à Faso Parc. J’ai voulu le faire enfermer parce qu’il y avait des dommages et intérêts vu qu’il y a les frais pour la pub et autres qu’on avait déjà réalisés mais on a trouvé un compromis et puis je l’ai laissé partir. Voilà pour la petite anecdote.

Comment vous présentez Arafat?

C’est quelqu’un qui était capable du meilleur comme du pire. Vous voyez, il est venu aux Kundé, ça s’est bien passé, il a fait une belle prestation, il était bien habillé et tout. Arafat c’est ça, capable du meilleur comme du pire. Et pendant que j’en parle je me rappelle que sa prestation aux Kundé était l’une de ses meilleures prestations. Là aussi je dirais qu’il avait la pression du groupe Extra Musica (du Congo). Il était conscient qu’il devait faire fort.

Sur le plan artistique, je trouve que c’était un grand musicien. De sa génération, c’était l’un des artistes les plus complets sur le plan instrumental. Il jouait à tous les instruments (guitare, batterie, tam-tam, etc.). C’était l’enfant d’un ingénieur de son, donc il s’est initié avec son père. Même s’il parlait de celui-ci comme quelqu’un qui ne s’est pas occupé de lui, il faut reconnaître qu’il a appris à jouer au clavier et autres chez son père, Houon Pierre. Au niveau du chant il n’était pas très terrible mais au niveau de la chorégraphie, c’était encore l’un des meilleurs de sa génération. C’était un bon chorégraphe, quelqu’un qui dansait très bien, qui créait même des concepts. Ça c’était l’artiste, c’était du Arafat.

Que pensez-vous de ceux qui accusent les promoteurs de spectacles et certains de ses artistes et collaborateurs de l’avoir lâché?

Ce n’est pas une question de l’avoir lâché. Bien au contraire, c’est lui qui s’est fait lâcher par tous les organisateurs de spectacles parce qu’il ne respectait pas les contrats. Dans la vie il faut être correct. Moi après l’affaire de Faso Parc dont je vous ai parlé plus haut, je ne l’ai plus jamais invité pour un spectacle. Quand vous ne respectez pas les engagements et après vous dénigrez et insultez les gens, cela va de soi que les promoteurs ne veuillent plus vous associer à leurs manifestations. Vous le savez, il a eu des problèmes avec des icônes du show business ivoirien.

Par Bernard BOUGOUM