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Jaynet Kabila, Minembwe et le kinyarwanda

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Jaynet Kabila

Aucun lien, apparemment, entre les trois mots formant ce titre. L’écriture journalistique, pourtant, ne dédaigne pas ce genre de titres dits «incitatifs», souvent sans verbe. Ici, Minembwe et Jaynet Kabila se disputent la vedette, le premier, parce qu’il relève de l’actualité «chaude» et le second, parce qu’il suscite une interrogation (qu’est-ce que Jaynet Kabila vient y faire?).

La sœur jumelle du «raïs» est impliquée dans «L’Affaire Minembwe». A entendre tout ce qui s’y raconte – comme dans un conte de fées -, la déclaration faite à l’Assemblée nationale par la «marquise» du Congo, en août 2019, a le don de mieux éclairer aujourd’hui notre lanterne. En confortant l’idée, en plus, que cette dame se trouve être parmi les principaux protagonistes de la balkanisation de la RD Congo.

En effet, en ce jour-là, devant son pupitre de parlementaire, elle s’élevait, arrogante, martelant: «Il faudra que nous y réfléchissions bien; nous devons penser à la présence d’une cinquième langue vernaculaire en République démocratique du Congo». Elle s’assit, satisfaite.

Elle n’avait pas besoin d’emprunter le don oratoire de Démosthène (un de grands orateurs athéniens) pour se faire comprendre. Cinquième langue vernaculaire? Quoi d’autre que le kinyarwanda comme ajout au lingala, au tshiluba, au kiswahili et au kikongo?

Assis devant mon poste téléviseur, je m’attendais à une réaction épidermique de l’Assemblée, face à une question aussi choquante qu’injurieuse. Silence de cimetière!  Pas un moindre chuchotement. La «marquise» du Congo a parlé. C’est sans objection!

Eux veillent et cogitent

Pourtant, comme le cas des poupées russes (les unes cachant les autres dans leur ventre), la sortie parlementaire de Jaynet Kabila, plaidant pour que le kinyarwanda devienne une des langues vernaculaires congolaises, cachait une autre réalité: l’avènement de la commune rurale de Minembwe. C’est maintenant qu’on peut facilement comprendre le sens de cette courte déclaration de la sœur du «raïs»: Minembwe était en perspective. Qui y eût pu imaginer la subtilité d’une telle astuce?

Comme ils sont Intelligents nos pays voisins! Et combien subtils sont-ils leurs proconsuls dans les arcanes de la politique congolaise!

Voilà comment avancent les usurpateurs de nos terres, disciples de la balkanisation du Congo.  Pendant que le peuple congolais somnole, eux veillent et cogitent. Ils se projettent dans le futur. Ils ne parlent pas en vain. Quand Jaynet Kabila, en août 2019, plaidait pour le kinyarwanda, elle voyait déjà avec assurance la venue de Minembwe, en octobre 2020. Tout était planifié, à une nuance près.

Question, pour finir: «C’est quoi, après Minembwe rural?» Réponse: «Après Minembwe rural, c’est naturellement Minembwe fortement urbanisé.» Dans un premier temps, cette portion du territoire congolais sera transformée en une enclave rwandaise (le Lesotho, pays souverain, n’est-il pas totalement englobé dans l’Afrique du Sud?). Restera alors, pour les prédateurs, un travail sur le long cours: la résorption du Kivu.

«Bodutaka!». Un mot compliqué pour les non-lingalaphones. En fait, la racine du mot est française:  le verbe douter. Tourné ici en phraséologie et en écriture lingala, pour indiquer: «Vous autres qui doutez de ceci ou de cela, voyez-vous combien la vérité est-elle têtue? Et à vos dépens?»

Par Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France