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Joe Biden ou Donald Trump, l’Afrique y gagne quoi?

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Donald Trump (à fauche) et Joe Biden, dans un combat à rebondissements, pour la présidence des Etats-Unis (Photo montage de information.tv5monde.com)

L’élection pour désigner le successeur de Donal Trump, 45è président des Etats Unis d’Amérique et candidat à sa propre succession, n’est pas prête de connaître son dénouement. Les deux challengers, le républicain Donald Trump et le démocrate Joe Biden sont au coude à coude. Si, selon les derniers chiffres, le champion des démocrates prend le large, le scrutin n’a pas fini de dévoiler tous ses rebondissements. Que ce soit le président sortant ou son adversaire, aucun des deux ne s’avoue vaincu. Mieux, dès l’annonce des premiers résultats, le sulfureux Donald Trump a commencé à crier victoire, accusant, par la suite, le camp d’en face de fraudes, par le biais des votes par correspondance, pour révéler, dans la foulée, son intention de faire valoir ses droits devant la justice, notamment la cour suprême, que des observateurs pensent être à acquise à sa cause.

Une chose est certaine, il faudra, aux candidats, aux électeurs et au monde entier, prendre leur mal en patience, pour connaître le verdict des urnes, cette élection, qui renforce les clivages entre les Américains, étant présentée comme l’une des plus explosives de l’une des puissances de la planète. Comme en 2000, où l’élection qui opposait le démocrate Al Gore au républicain George W. Bush, a été marquée par une grosse incertitude, celle de 2020, qui présente tous les signes avant coureurs de contestations et d’une longue bataille judiciaire, devrait laisser une Amérique encore plus divisée.

Si, comme en ont l’habitude, des politiciens africains, Donald Trump a pris les devants, en déclarant sa victoire alors que rien n’était encore joué, il faut dire que, contrairement à l’élection de 2008 qui a conduit, à la Maison Blanche, Barack Obama, le premier noir, originaire du continent africain, et plus précisément du Kenya, celle de 2020 ne semble pas préoccuper, outre mesure, les Africains. Certes, l’impact de cet événement politique majeur sera inter-planétaire, car il concerne le «gendarme du monde», mais le continent africain vit, lui-même une année électorale, avec des scrutins sous tension, Covid-19 et menaces terroristes obligent. Pire, le virus du troisième mandat confligène à souhait, a piqué des présidents comme ceux de la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, 78 ans, et de la Guinée, Alpha Condé, 82 ans, tous des opposants, qui sont devenus de grands prédateurs de la démocratie, transformant leurs pays en cocottes-minute, dont le sifflement n’augure rien de bon pour la stabilité socio-politique de ces pays et de la sous-région.

De plus, ayant connu la grosse désillusion, car croyant que le double mandat de Barack Obama était synonyme d’une pluie de largesses américaines qui tomberait sur le continent noir, les Africains sont, plus que jamais, conscients du peu d’intérêt des dirigeants du Pays de l’Oncle Sam, pour leurs pays. Qu’il soit démocrate ou républicain, c’est, fort logiquement, l’intérêt des Etats-Unis qui est mis en avant par le président américain. Or, contrairement à la France par exemple, qui reste liée à l’Afrique par le passé, ou mieux le passif colonial, les Etats-Unis d’Amérique, surtout en matière de politique extérieure, ignorent totalement l’Afrique.  En dehors, bien évidemment, de l’African Growth  Opportunities Act (AGOA), la loi sur la croissance et les opportunités en Afrique, mise en place par le Congrès américain sous l’égide de Bill Clinton, et la coopération militaire symbolisée surtout par Africom, les Etats-Unis ne s’intéressent à l’Afrique que pour tenter de rattraper et freiner, dans une guerre économique sans merci, l’avancée du géant chinois, sur le continent.

S’il faut reconnaître, de leur part, une légère préférence pour Joe Biden, Donald Trump les ayant qualifiés de «pays de merde», les Africains, exception faite de leurs dirigeants habitués à tendre la sébile, attendent peu ou prou, de cette élection. Même si elle est très passionnante, elle ne changera, à moins d’un miracle, rien au quotidien du citoyen lambda burkinabè, rwandais, botswanais ou tchadien.

En attendant, c’est une élection qui fait beaucoup sourire sur le continent. Morceau choisi de messages qui circule sur les réseaux sociaux: Urgent
«Urgent:_élection aux_USA
Le_Burkina Faso est sérieusement préoccupé par la crise socio-politique qui se dessine aux USA.
Le Pays des hommes intègres invite tous
les acteurs politiques au calme et à la retenue. Nous condamnons avec la dernière énergie les déclaration de victoire de certains Candidats avant les résultats officiels.
Par ailleurs, le Burkina exprime son profond attachement à la démocratie. Et ne tolèrera aucune dérive. Nous n’hésiterons pas à prendre des sanctions économiques si des violences sont observées… En outre, ordre a été donné aux Forces armées burkinabè de se tenir en alerte maximale et prêtes à intervenir.
Le Burkina n’hésitera pas à user de la force pour rétablir l’ordre constitutionnel aux USA. Si des troubles sont observés…» Comme quoi, l’Afrique vient de perdre la palme d’or des élections chaotiques, avec des revendications de victoire et des tiraillements entre candidats. Une place que vient de lui ravir, le pays dit de la démocratie.

Par Wakat Séra