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Jonathan Zongo, footballeur burkinabé, appelle à l’aide le président de la République (L’Equipe.fr)

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Gravement blessé au genou gauche en 2017, Jonathan Zongo, milieu de terrain burkinabé passé par Almería, a dû arrêter sa carrière et dépenser son argent pour se soigner. Aujourd’hui lâché par sa Fédération, il lance un cri d’alarme et espère qu’on va lui tendre la main.

C’est l’un des mauvais aspects du football. Quand les promesses n’engagent que ceux qui les croient, quand la solidarité promise n’est qu’un vain mot et la carrière et la vie d’un footballeur finalement peu de choses. C’est la triste histoire de Jonathan Zongo, milieu offensif du Burkina Faso, aujourd’hui âgé de 31 ans. La carrière de ce joueur talentueux bascule le 18 janvier 2017, lors de la Coupe d’Afrique des Nations et le match opposant le Gabon, pays organisateur, au Burkina Faso (1-1).

« On jouait la 50e et quelques minutes quand je me suis blessé au genou gauche », raconte Zongo. Sur l’action fatidique, il tente de freiner une contre-attaque de Denis Bouanga mais son genou tourne après un duel à l’épaule avec l’attaquant gabonais qui évolue désormais à Saint-Etienne. La blessure est terrible : le joueur d’Almería (Liga espagnole) s’est rompu tous les ligaments du genou et les premiers diagnostics ne sont en rien rassurants. « On me disait que c’était impossible, que je ne rejouerais pas et même que je ne marcherais plus. Mon pied ne répondait plus, le nerf sciatique était touché », se remémore-t-il.

Décision est prise de l’envoyer à Barcelone consulter le docteur Ramon Cugat, un chirurgien orthopédiste réputé qui suit les joueurs du FC Barcelone et a soigné la cheville de Neymar, il y a bientôt deux ans. Malgré la gravité, il tient un discours un peu plus rassurant et opère Jonathan Zongo. Mais à la douleur et aux inquiétudes nées de cette grave blessure vient se greffer une autre problématique, financière cette fois. Le joueur doit avancer tous les frais médicaux, la Fédération du Burkina Faso n’étant pas couverte, ou pas suffisamment, par les assurances même si l’incident s’est déroulé lors d’un match officiel de la sélection.

En fin de contrat avec Almeria en juin 2017, Zongo n’avait pas prolongé son bail avec le club espagnol avant son départ à la CAN, espérant pouvoir négocier un meilleur contrat à la faveur de bonnes performances pendant le tournoi. « Le Betis Séville, Villarreal avaient voulu le recruter mais le président d’Almeria n’avait pas voulu le laisser filer, raconte le Camerounais Modeste M’Bami, ancien milieu de terrain du PSG et de l’OM et qui a connu Zongo à Almeria en 2010-2011. Avant la CAN, il avait aussi des offres de Chine et du Japon. »

Les deux footballeurs africains ont noué un lien fort. « C’était mon protégé », raconte l’ancien Lion indomptable, 38 ans aujourd’hui. « Il m’a rejoint à Almeria en 2010-2011. Je me souviens d’un match avec l’équipe B pendant lequel il avait réalisé une performance exceptionnelle. Tout le stade scandait son nom, confie M’Bami. J’étais dans les tribunes avec le coach Juan Manuel Lillo (aujourd’hui adjoint de Pep Guardiola à Manchester City) car on avait entendu dire qu’un bon jeune jouait en réserve. Deux jours après, je sors du centre d’entraînement et je vois Jonathan à la sortie. Il me dit :  »je voulais te saluer et te demander un conseil ». Almeria lui proposait un contrat aspirant de six ans mais il ne voulait pas le signer. Je lui ai répondu qu’il fallait mieux signer et qu’après il verrait, on ne sait jamais ce qui peut se passer. »

Une prophétie. Le lendemain de sa signature, Jonathan Zongo se blesse au ménisque lors d’un entraînement avec la réserve. Déjà le genou… « Depuis ces premiers jours, on est restés très proches », confirme M’Bami, qui emploie le terme affectueux de « petit » quand il parle de Zongo. Sept ans plus tard, le joueur n’a plus de long contrat pour le protéger. Pendant huit mois, au début de l’année 2017, après sa première opération, il s’installe à Barcelone où il doit donc payer un loyer. Des complications nécessitent de nouvelles chirurgies. Il enchaîne par plusieurs semaines au centre européen de rééducation du sportif de Cap Breton, dans les Landes. Là aussi à ses frais.

Des promesses qui n’ont pas (encore) été tenues

Une bonne nouvelle lui parvient tout de même. « Je retourne au Burkina et le président de la République, Roch Marc Christian Kaboré, me reçoit et m’annonce qu’il va payer tous ces frais, relate Zongo. Il me dit aussi qu’on se verra pour voir comment ma blessure a évolué. » À force de courage et de travail, l’ancien milieu de terrain a tout fait pour rejouer et reprendre le cours de sa carrière en 2019, en Thaïlande, et de nouveau en Secunda B, en Espagne, avec Badalone. Il est allé s’entraîner à Abidjan en Côte d’Ivoire avec son copain Aristide Bancé. Mais son genou ne le lui a pas permis. « À Badalone, le terrain était en synthétique et après un match mon genou n’a pas tenu. J’avais trop mal. Aujourd’hui je ne peux pas marcher sans douleur et je peine à monter des escaliers », annonce Jonathan, de sa voix douce sans colère ni amertume.

À ce jour, le nouveau rendez-vous avec le chef de l’État burkinabé n’a pas eu lieu. A-t-il seulement été averti de ce qui arrivait à Jonathan Zongo ? « Si ça se trouve, il a donné de l’argent pour aider Jonathan, explique Modeste M’Bami. Mais comme ça se fait en Afrique, l’argent a peut-être été détourné et n’est pas allé où il devait. Il n’y a qu’une manière de la savoir : il faut que le président Kaboré revoie Jonathan puisque la Fédération lui a tourné le dos. À la suite de cette blessure, il a tout perdu. Que de regrets, il était si prometteur… » L’ancien Parisien, qui continue d’aider Zongo, ne comprend pas que la Fédération du Burkina ne lui trouve pas un poste alors que c’est pour elle et son pays qu’il s’est blessé.

Jonathan Zongo est rentré au Burkina il y a quelques jours, sans rien ou presque. « J’ai tapé à la porte un peu partout mais rien, regrette-t-il. J’ai bien reçu de l’aide de Charles Kaboré, l’ancien joueur de l’OM, ou de Jonathan Pitroipa (ex-Rennes et actuellement Paris FC). Charles a payé mes dernières semaines de soins à Cap Breton. » Le docteur Cugat continue de prendre de ses nouvelles régulièrement et lui ouvre les portes de son domicile dès qu’il séjourne à Barcelone. Maintenant, il attend un signe de son pays.

Source: L’Equipe.fr