Accueil Editorial Kidal: bye bye Minusma, bonjour les nouvelles incertitudes!

Kidal: bye bye Minusma, bonjour les nouvelles incertitudes!

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Y a-t-il un charnier à Kidal? (Ph. d'illustration)

Comme promis, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a largué les amarres de Kidal!

Si les Casques bleus ont laissé derrière eux des populations visiblement orphelines dont des femmes n’ont pas hésité à leur offrir des souvenirs par lesquels elles demandent à leurs désormais anciens hôtes de ne pas les oublier, la Minusma abandonne également derrière elle, un camp visiblement objet de bien des convoitises. Les rebelles de la coalition du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) revendiquant le contrôle de cette région demeurent convaincus que cette ancienne base de la Minusma leur revient de fait. En face, l’armées malienne, positionnée à une centaine de kilomètres des lieux désertés par les Casques bleus, est aux aguets pour récupérer ce camp, comme elle l’a fait des autres, que la Minusma a quittés, depuis que la junte militaire au pouvoir l’a déclarée indésirable sur le territoire du Mali.

Alors que les personnels de la mission onusienne s’en éloigne, le camp de Kidal n’offre aucune garantie de quiétude, les deux parties qui le veulent se regardant en chiens de faïence. Que va-t-il maintenant se passer? La guerre de Kidal, tant redoutée mais pratiquement inévitable, aura-t-elle lieu? En tout cas, la marmite, au moindre trop plein ou au premier bouillonnement ne pourra que déborder.

Dans un contexte de grande insécurité fait d’attaques terroristes menées presqu’au quotidien par les combattants de l’ETat islamique au Grand Sahara (EIGS) et du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), les populations meurtries du Mali, et plus particulièrement du Nord du pays, souhaiteraient, sans doute de tous leurs vœux, faire l’économie de tout nouvel affrontement. Ce serait de trop! Or, chacun des protagonistes du conflit latent, campe sur sa position, des positions qui, de plus en plus, se raidissent d’ailleurs, laissant très peu de place au dialogue.

Et ce ne sont plus les Casques bleus qui pourront encore servir de tampon entre les deux camps ennemis, eux qui doivent penser à lutter contre la faim et la soif du désert et à faire face à d’éventuels assauts terroristes dans leur périple qui sera loin d’une excursion touristique. Il urge donc pour les Maliens, armée nationale ou CSP-PSD, de trouver, à défaut de faire la paix des braves, ne serait-ce qu’un modus vivendi transitoire pour épargner aux populations civiles de nouvelles affres d’une guerre qui se dessine. Qui pour servir encore de médiateur, les militaires au pouvoir ayant isolé progressivement le Mali de la communauté internationale, bien entendu celle éprise de paix?

Par Wakat Séra