Accueil A la une Le «bloc» contre les «coups d’état» de Ouattara et de Condé

Le «bloc» contre les «coups d’état» de Ouattara et de Condé

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Alpha Condé (à droite) en compagnie de Alassane Ouattara

«Jen appelle à une unité d’action de l’opposition pour stopper monsieur Ouattara dans sa folle aventure par tous les moyens légaux et légitimes. Je demande aux candidats, retenus ou non, spécifiquement au président Bédié, au président Gbagbo, au Premier ministre Affi N’Guessan, au ministre Amon-Tanoh, au ministre Mabri Toikeusse, de prendre ensemble nos responsabilités et de faire bloc. Il s’agira tous ensemble de saisir la Cédéao, l’Union africaine, l’Union européenne, l’ONU en vue d’obtenir des élections démocratiques transparentes et inclusives, comme ce fut le cas en 2010, et ceci sans préjudice. Ensemble, nous devons organiser la mobilisation de tout le peuple ivoirien depuis la campagne, les hameaux, les villages et les villes pour faire barrage au troisième mandat inconstitutionnel et interdit de monsieur Ouattara.» Ainsi parla l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, et président de Générations et peuples solidaires (GPS), Guillaume Kigbafori Soro, alias «Bogota».

La direction indiquée par les GPS de la politique ivoirienne est sans équivoque, et, bien suivie, elle rejoint la même destination que celle de l’opposition guinéenne, battant pavillon FNDC, le mouvement pour la défense de la Constitution, et dont le gouvernail est actuellement tenu par Sidya Touré, le président de l’Union des forces républicaines (UFR). Morceaux choisis de la déclaration de guerre de l’opposant guinéen contre la candidature de trop du chef de l’Etat, Alpha Condé, deux quinquennats et accroché au pouvoir, dans la tentative d’un troisième mandat: «La situation dans notre pays reste extrêmement grave, tous les acteurs politiques de l’opposition partagent le même point de vue en cela, ce qui diverge, ce sont les stratégies. Mais, ce qu’on vient de dire, est la position de tout un chacun. Il y a ceux qui ont choisi d’autres formes de lutte. Mais la lutte est la même et a pour objectif, le départ de ce régime et le refus d’une présidence quelconque à vie.»

Tout est dit et avec cette once de sagesse qui devait être leur, pour s’assurer une sortie par une porte dérobée de leurs palais, à défaut des honneurs de la grande entrée, côté cour, l’Ivoirien Alassane Ouattara, 78 ans, et le Guinéen Alpha Condé, 82 ans, disposent encore d’une marge de manœuvre, aussi étroite soit-elle, de renoncer à leur «coup d’Etat civil». Par le jeu subtil du report de courte durée de l’élection, les deux chefs de l’Etat en quête du pouvoir à vie, peuvent bien s’offrir un petit répit pour trouver des candidats valables pour compétir et défendre avec brio, les couleurs du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), en Côte d’Ivoire, et le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG). Ces deux partis au pouvoir sont loin de la sècheresse de cadres que prétextent, ADO et Condé, qui se croient investis de la destinée de leurs pays ad vitam aeternam, oubliant que les cimetières sont remplis d’hommes qui se croyaient indispensables.

Un mort de plus sera un mort de trop. De plus, l’Eléphant que Alassane Ouattara a fait renaître de ses cendres, après les épisodes macabres de la guerre civile de 2002-2003 et de la crise post-électorale de 2010-2011, n’a plus besoin de reconstruction, mais plutôt de cette émergence dont le président ivoirien s’est fait le chantre. De même, la Guinée et les Guinéens pardonneraient difficilement à Alpha Condé de les ramener à des décennies en arrière, dans le cycle sans fin des crises politiques que finissent, presque toujours, par arbitrer les militaires, qui, après avoir balayé la maison, la trouvant sans doute propre et à leur goût, s’y installent, instaurant des régimes de terreur.

Autant les putschs militaires sont à condamner, autant les coups d’Etat civils à la Ouattara et à la Condé doivent être bannis des processus démocratiques africains encore balbutiants pour la plupart. Et ADO et Condé le savent bien, ce sont les mêmes sujets qui ont crié «vive le roi» qui scandent «à bas le roi».

Par Wakat Séra