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Législatives togolaises 2018: dans le calme en attendant le taux de participation

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Des citoyens togolais dans l'attente d'exercer leur droit de vote (Ph. d'archives)

3 155 837 électeurs dont 84 708 radiés des listes pour, entre autres, double inscription. 8490 bureaux de vote. Près de 3500 observateurs nationaux et internationaux. 91 députés à élire. Le pouvoir en place vise 80% de ces sièges au parlement. Une douzaine de partis politiques, majorité présidentielle et opposition confondues, aux côtés de nombreux indépendants, dans les starting-blocks. Boycott d’une coalition de 14 partis politiques de l’opposition. Un fichier électoral certifié par les auditeurs de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Ainsi se présente dans les grands chiffres, la carte d’identité des élections législatives de ce jeudi 20 décembre 2018.

Une capitale togolaise bien trop calme. Un calme presque obséquieux pour «Lomé la coquette», dont la plupart des rues bitumées et d’une propreté exemplaire sont, à l’accoutumée, bondées de monde. Ce silence qui plane sur la ville de ce pays qui compte retrouver son surnom de «la Suisse de l’Afrique de l’ouest» qu’il a longtemps porté, n’est pas le fruit du hasard. Les populations, dans leur ensemble sont restées terrées chez elles, non seulement parce que la journée a été déclarée «chômée et payée», mais aussi à cause de la psychose générale créée par les manifestations violentes dont le Togo est coutumier les jours d’élection. Pire, une partie de l’opposition, la «Coalition des 14», a opté pour le boycott du scrutin et a affirmé sa volonté d’empêcher les votes. Dans cette logique, à Bê, quartier de Lomé réputé être le fief de l’opposition, ça ne se bousculait pas dans les centres de vote. A l’EPP Bê Gare, un membre du bureau de vote numéro 1 a même révélé que des jeunes animés d’intention pas très orthodoxe, s’étaient rassemblés devant le centre mais ont été dispersés par les éléments de la Force Sécurité Elections (FOSE) qui sécurise le processus électoral, depuis le début de la campagne jusqu’à l’après vote. La FOSE, à travers un communiqué se satisfait de son action de veille, tout en relevant quelques incidents qu’elle dit avoir vite maîtrisés. Tout comme les membres du bureau de vote numéro 2, ceux du numéro un, ont reconnu que l’affluence est loin d’être au rendez-vous. Mais «les gens attendent toujours les derniers moments pour prendre d’assaut les bureaux», ont signifié presqu’à l’unanimité, les membres des bureaux de vote. Même son de cloche chez Zacharie Kodjo, le responsable du centre EPP Bê Gare selon qui «tout se passe bien». Comme pour renchérir les dires de ses collègues, le président du Centre et du Bureau de vote numéro 1, met un bémol à la «petite» affluence. Pour Saliou Daupoh, «de nombreux électeurs viennent après avoir reçu les témoignages d’autres que tout se passe bien, dans le calme».

Les électeurs s’alignent pour exercer leur droit de vote

Des difficultés? «Nous ne rencontrons aucune difficulté. Nous avons reçu tout le matériel de voté à temps et en dehors de certains électeurs que nous aidons à accomplir leur vote, en leur indiquant les différentes étapes à suivre, tout va bien», ont rassuré les membres des bureaux de vote. Mais certains électeurs ne sont pas du tout contents. Ils ont des soucis pour trouver leurs noms sur les listes pourtant affichées dans l’ordre alphabétique avec photo individuelle. C’est même en présence de Mlle Prénam T. Tantoko et Yao Yelou, deux jeunes observateurs nationaux qu’un électeur déçus a démarré sa moto en trombe. Mais son cas était particulier. «J’habite loin et mon nom figure bien sur la liste. Malheureusement, c’est arrivé ici que je me rends compte que j’ai oublié ma carte d’électeur à la maison. Ma femme a fait une photo du document qu’elle m’a fait parvenir par WhatsApp, mais on refuse que je vote». Voici l’histoire de l’«électeur» déçu qui probablement attendra la prochaine élection pour exercer son droit de vote. «Mais nous allons en parler dans nos rapports», a noté Prénam T. Tantoko qui espère que des solutions seront trouvées pour ces cas, «dans le futur».

Des élections sous l’oeil de près de 3500 observateurs nationaux et internationaux.

Jusqu’à leur fermeture qui a été suivie immédiatement de l’opération de dépouillement. De quel taux de participation seront créditées ces élections qui constituent un enjeu important pour le pouvoir de Faure Gnassingbé dans la logique des réformes institutionnelles et constitutionnelle en point de mire? Grand point d’interrogation dans l’attente des résultats.

Par Morin YAMONGBE (Envoyé spécial de Wakat Séra à Lomé)

Encadré: quel taux de participation?

Certains bureaux de vote, selon Togo Breaking News ont connu une forte affluence à quelques minutes de la fermeture des bureaux de vote.

Officiellement les bureaux ferment à 16h, heure locale. Mais pour l’instant, les opérations de vote se sont poursuivies dans le cadre des élections législatives et «sous l’œil vigilant et exigeant des observateurs aussi bien nationaux qu’internationaux».

Malgré l’appel au boycott (…), les Togolais seraient sortis nombreux, toujours aux dires de cet organe spécialisé, pour accomplir leur devoir civique. «En ce début d’après midi, l’affluence était très forte comme on peut le constater sur de nombreuses  images prises dans plusieurs centres de vote».

Un point partiel des votes permet à cette heure de faire des projections, selon la CENI. Le taux de participation non encore officiel devrait se situer au dessus de la moyenne, prévoit cette institution. A titre de comparaison, le Togo avait connu 66% de taux de participation aux législatives de 2013.

«Le peuple togolais montre à travers cette mobilisation, conclue Togo Breaking News, sa maturité et son sens du devoir».