Accueil A la une Macron et Ouattara à Bouaké: peut mieux faire!

Macron et Ouattara à Bouaké: peut mieux faire!

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Alassane Ouattara et Emmanuel Macron (Ph. d'illustration- Reuters)

Du 20 au 22 décembre 2020, Emmanuel Macron sera l’hôte des Ivoiriens. Lors de cette visite, le président français sera aux côtés des soldats français présents en Côte d’Ivoire et avec qui il fêtera Noël trois jours avant la fête de la Nativité. C’est une coutume pour le Papa Noêl français d’être avec «ceux qui sont loin de chez eux et qui ont dans leurs yeux quelque chose qui fait mal, qui fait mal» comme le chante l’artiste française Lâäm. Mieux le bien nommé Emmanuel, «Dieu est avec nous», prénom d’origine biblique, ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de célébrer le courage des militaires français, surtout ceux tombés sur le champ de bataille. Comme ce fut le cas le 6 novembre 2004 à Bouaké, lors du bombardement d’un camp installé au lycée français Descartes pendant la rébellion des années 2000. C’est même dans cette logique que «Dieu parmi nous», selon le programme officiel qui lui a été concocté, devrait se rendre dans cette région du Gbêkê pour rendre hommage aux neuf soldats français et au soldat américain tombés sous les balles de l’aviation de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Même si cet épisode reste encore un gros mystère, que même la justice ivoirienne n’a pas réussi à percer, Bouaké sera l’une des étapes saillantes du séjour de Emmanuel Macron.

Quel sens donner à ce recueillement 15 années après un drame non encore élucidé et qui cacherait même une main française? Le fauteuil de Laurent Gbagbo étant visé à l’époque au profit de son remplaçant considéré comme l’homme de la communauté internationale dont la France, tous les moyens étaient mis en branle. Bref, Emmanuel Macron et Alassane Ouattara peuvent aller se recueillir où bon leur semble et selon leurs intérêts du moment. Mais le casting et le timing tombent très mal à propos. En effet, le Niger, pays africain, membre du G5 Sahel pleure toujours la mort de 71 de ses soldats tombés par la faute de terroristes que la France combat dans la zone sahélo-saharienne. Les tombes des illustres militaires sont à peine refermées que celui qui a invité les chefs d’Etat du G5 Sahel à Pau en France pour «clarifier» leur position sur la présence de Barkhane, aurait pu aller s’y incliner sur la route qui le conduit à Bouaké. Quant à Alassane Ouattara qui devrait manifester une solidarité plus profonde que celle épistolaire, aurait pu marquer les esprits en se rendant avec son hôte à Niamey, et pourquoi pas à Inates. Dommage que l’homme que ses contempteurs érigent en «préfet» de la France ait une fois de plus raté le coche. Visiblement, les deuils africains sont moins importants que les marches pour soutenir les victimes de Charlie Hebdo ou du Bataclan ou encore de l’incendie de la célèbre Notre Dame de Paris.  L’unité africaine étant devenue chimère, il est loisible aux occidentaux d’en tirer profit pour maintenir le continent noir sous leur emprise.

En tout cas, contrairement aux réalités géographiques, Inates au Niger, vu le contexte des «71», devrait être plus proche de Emmanuel Macron et de Alassane Ouattara que la ville ivoirienne de Bouaké. De toute façon, il n’est jamais tard pour bien faire.

Par Wakat Séra