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Mali: la CEDEAO piégée par le colonel!

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La transition du colonel Assimi Goïta cherche longévité (Ph. d'archives)

La transition présidée par le colonel Assimi Goïta qui doit désormais ajouter à son curriculum vitae, «expert en coup d’état» pour en avoir réussi deux en 10 mois, est en quête de longévité. Le scénario que redoutait la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) est en train de prendre forme, et l’organisation régionale en fait l’amer constat à chacune de ses visites à Bamako. Lors de son dernier séjour dans la capitale malienne, à la tête de la délégation de la CEDEAO dont il est le président en exercice, le Ghanéen Nana Akufo-Addo qui avait, entre autres, à ses côtés, son médiateur pour le Sahel, le Nigérian Goodluck Jonathan, a encore touché du doigt la dure réalité qui se dessine pour la communauté internationale.

Les élections prévues en février 2022 pour déboucher sur la transmission du pouvoir à un régime civil et remettre le Mali, sur les rails de la démocratie sont bien en pointillés. Ceux qui dirigent la transition et doivent la conduire à terme, dans le temps imparti par la CEDEAO et accepté à l’époque par la junte militaire, ne font plus des élections une priorité. Ils passent par toutes les arguties, allant de la tenue des assises nationales à la situation sécuritaire qui ne cesse de se détériorer, pour tenter de faire passer la pilule. Même les interventions passionnées de citoyens maliens, souvent manipulés, dans l’émission de Juan Gomez sur RFI, sont mises à profit par Assimi Goïta et son Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, pour justifier l’injustifiable.

Ces dirigeants le savent bien, s’ils ont échappé à la main lourde de la communauté internationale, c’est bien parce qu’en son temps, la junte militaire avait fait preuve de bonne volonté lors des négociations post putsch, pour rendre le pouvoir, le plus tôt possible aux civils. Mais visiblement, tout n’était que stratagème et les masques sont en train de tomber. En pleine pandémie de Covid-19, ajouteront ceux qui ont encore le sens de l’humour, malgré la gravité et d’indécence de la situation. Etait-ce vraiment le rôle de la transition de se jeter dans l’aventure de ces fameuses assises nationales, budgétivores et dévoreuses de temps, qui pourraient bien constituer le premier défi du pouvoir élu par les Maliens? Certes, les Maliens ne doivent pas être enserrés dans le carcan du fétichisme des dates, mais leurs dirigeants ne doivent pas non plus se servir de putschs et de la transition, pour confisquer le pouvoir et retarder le développement du pays.

Du reste, ces périodes d’intérim ne portent pas toujours bonheur, parce que souvent mis à profit par des prédateurs qui, conscients de la courte durée de leur mandat s’adonnent à la course à l’enrichissement illicite personnel, mettant ainsi le pays à sac, sans autre forme de procès. Ce n’est peut-être pas le cas du Mali aujourd’hui, mais après avoir été de ceux qui ont applaudi à tout rompre, l’irruption des militaires sur la scène politique pour mettre fin à l’incurie et la mal gouvernance que reprochaient les Maliens au régime de Ibrahim Boubacar Keïta, nous sommes désormais inquiets, au même titre que la CEDEAO et toute la communauté internationale. Question aux chefs militaires maliens: à qui la faute si les Maliens ne peuvent vivre dans la quiétude, confrontés aux attaques terroristes qui les endeuillent au quotidien? C’est clair, s’ils ne rencontrent aucune réplique en face, les terroristes avanceront toujours et sèmeront pleurs et désolation. Les militaires étant occupés à Bamako par la politique, la situation sécuritaire ne peut connaître amélioration. Et ça, le colonel Assimi Goïta, le sait plus que quiconque!

Seul bémol pour les patrons de la transition malienne ce sont les inconséquences de la même CEDEAO, totalement atone face aux troisièmes mandats et mal gouvernance de ces présidents illégitimes mais qui s’abritent derrière la légalité des urnes qu’ils font bourrer par les zélés et zélateurs de service, lors des élections qu’ils organisent pour renforcer la démocratie de façade qu’ils servent, sans scrupule aucun, au monde.

Par Wakat Séra