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Mali: les enfants de Soumeylou Boubeye Maiga parlent

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(Ph. Horon TV Mali)

rlebtL’ex-Premier malien, Soumeylou Boubèye Maïga, décédé le 21 mars 2022, a été inhumé le jeudi 24 mars 2022 au cimetière de Niarela, un vieux quartier commerçant du centre-ville de Bamako, en présence de sa famille, des politiques et connaissances. Au cours des obsèques, ses enfants ont prononcé un discours que nous vous proposons dans les lignes qui suivent.

DISCOURS DES ENFANTS DE SOUMEYLOU BOUBEYE MAIGA DURANT SES OBSÈQUES

Cher père,

Le premier homme de la vie de tes filles, super-héros de tes garçons. Tu as été un homme avec grand H. Un homme bon, généreux, humble, exemplaire, courageux. Ta tolérance, ta force de caractère, ta résilience, ta détermination, ta droiture, et ton sens du partage nous ont toujours laissé admiratifs. Plus qu’un pilier tu étais notre socle.

Tu as toujours été là pour nous et pour tout le monde d’ailleurs. C’est un privilège et un honneur de t’avoir eu comme père. Ce père aimant, attentionné, disponible, protecteur, respectueux et ouvert d’esprit. Tu étais un ami, un conseiller, un confident. Cela peut surprendre, mais tu étais aussi ce papa drôle.

Tu vas laisser un grand vide mais heureusement que la mort n’arrête pas l’amour. Tu as toujours cru en chacun de nous et tu nous as poussés vers le haut. Tu as été ce père qui nous a appris le sens du travail. Tu faisais tout ce qui étais en ton pouvoir pour que nous puissions atteindre nos objectifs et réaliser nos rêves.

Tu disais assez souvent: si vous êtes bien instruits et bien éduqués, je ne crains rien car je sais que partout où vous serez dans le monde vous pourrez vous en sortir. On aurait aimé que tu sois encore là pour pouvoir assister à nos différents accomplissements. Merci d’avoir cru en nous quels que soient nos différents potentiels et ambitions. Merci de nous avoir rassuré quand nous doutions, de nous avoir appris que rien n’était hors de portée à condition de travailler pour.

Tu disais que l’homme est l’enfant de l’obstacle – et les obstacles tu en as eus mais tu es toujours resté digne et tu as toujours su garder ta légendaire sérénité – le calme personnifié. Tu nous quitte sans avoir aucune dette morale envers nous, bien au contraire. Nous sommes plus que jamais fiers de toi et de porter ton nom.

“Qu’Allah nous donne la force morale pour surmonter cette épreuve. C’est un exercice de patience.” Une phrase que tu nous as souvent répétée également ces 7 derniers mois. Tu avais à toi seul la force morale de 1 000 hommes. Certains disaient même que ton cerveau était programmé pour résister, et ça, tu l’as démontré tout au long de ta vie.

La veille de ton rappel à Dieu tu nous as dit que tu ne regrettais rien et que si tu t’étais dérobé face à la justice tu n’aurais pas pu vivre en paix. Aujourd’hui, certes, tu n’as pas survécu mais tu es parti pour tes convictions. Grand commis de l’état, tu étais sur pied pour aller répondre à l’appel et c’est ton corps qu’ils nous ont remis.

Tout ce que tu as demandé c’était d’être jugé et blanchi car pour toi le plus important était que tu ne voulais pas léguer cet héritage à tes enfants et petits-enfants. Malheureusement c’est comme ça que ça se termine. Personne ne mérite le traitement qu’on t’a infligé. Saches qu’on se battra pour que tu continues à être fier de nous.

Toute ta vie tu t’es battu pour le Mali et aujourd’hui tu nous quittes pour le Mali. Tu auras lutté jusqu’au dernier souffle et tu es parti avec la tête haute – avec toute ta dignité et toute ta fierté. Nous savons qu’aujourd’hui, tu es enfin en paix.

Tu nous disais aussi qu’on ne peut pas avoir peur de Dieu et avoir peur des hommes. Nous vous affirmons que notre famille n’a peur que de Dieu. Nous croyons en Lui pendant les bons et les mauvais moments – telles sont les valeurs que tu nous as inculquées. Et au-delà de tout, nous croyons également en la justice divine.

Nous sommes heureux de te savoir parmi tes chers parents, tes frères, tes camarades de lutte et notre cher frère, Idi – qui t’aura précédé d’un an, un mois et un jour. Éternels complices, tu lui avais allumé une bougie de ta chambre d’hôpital pour les 1 an de son décès. Reposez désormais en paix.

Qu’Allah t’accorde un voyage paisible vers le Paradis. Que la terre te soit légère – gentil Papa. Qu’Allah te préserve des châtiments de la tombe, qu’il te pardonne et t’accorde les bienfaits de l’au-delà ainsi que le plus haut degré du paradis. Notre petit Papa, on t’aimait, on t’aime, on t’aimera toute notre vie et après ça aussi.