Accueil Opinion Maroc: rapprochement entre chrétiens et musulmans

Maroc: rapprochement entre chrétiens et musulmans

0
Le roi Mohamed VI du Maroc (Ph. rfi.fr)

Depuis quelques années, selon cet article qui nous est parvenu par les soins de son auteur, Jean-Jules Lema Landu,  «journaliste congolais, réfugié en France», l’aspiration à un rapprochement entre chrétiens et musulmans est dans l’air. Elle n’est pas nourrie de chimères, mais elle est plutôt illustrée par des actes concrets. La surprise est que cette réalité est en train de prendre son élan sur les terres mêmes de l’islam. En l’occurrence, au Maroc.

C’est, sans conteste, un thème de satisfaction, pour les fidèles des deux bords qui, dans le meilleur des cas, se sont toujours regardés en chiens de faïence, au pire entretués sans concessions! A cet égard, les cas de l’Egypte et du Nigeria sont emblématiques en Afrique. L’Egypte, où Daesh frappe régulièrement et durement les chrétiens coptes. Et le Nigeria, où Boko Haram prend le leadership de tous les mouvements anti-chrétiens.

Depuis des siècles, le drame dure. Erasme dans Du libre arbitre, Voltaire dans L’Affaire Calas, Samuel Huntington, récemment, dans Le choc des civilisations – et d’autres -, ont décrit le phénomène et appelé à la tolérance. Sans succès. Que faire?

Le Maroc, sous l’égide du roi Mohammed VI, s’est proposé d’explorer d’autres voies, qui reposent sur du «concret», aux dépens des approches purement philosophiques dont le résultat ressemble au feu d’épines: des cendres resurgit, avec virulence, la haine des religions. Aujourd’hui, les bouddhistes ne sont plus épargnés. En Afghanistan, ils sont dans le viseur des talibans.

De fait, l’atmosphère générale qui prévaut, un peu partout, n’est pas loin de la psychose, comme une illustration de la prédiction de Samuel Huntington sur le choc des civilisations. Les événements récurrents qui endeuillent les grandes métropoles occidentales, ne font que renforcer cette approche.

Dans un tel contexte, l’initiative du souverain chérifien est louable. Elle vise un double objectif. En premier lieu, l’affermissement, par les imams, de la connaissance doctrinale du Coran et d’autres textes relevant de la tradition, leur offrant aussi l’opportunité de saisir la notion de tolérance sur le socle de la sociabilité.

Ensuite, la mise en œuvre du rapprochement, pratique, entre chrétiens et musulmans, à travers une structure permanente. S’organisent à cet endroit, surtout, des rencontres pour des échanges conviviaux. En somme une sorte de curetage, autant en surface qu’à l’intérieur de la plaie gangrénée!

Pour le premier cas, il s’agit de l’institut Mohamed-VI. Créée en 2013, la structure héberge aujourd’hui quelque 800 étudiants, arabes et subsahariens confondus. Depuis, celui-ci est sur la brèche, car la première promotion, pour un cycle d’études de trois ans, a vu sortir ses tout premiers lauréats.

La seconde démarche concerne l’institut Al Mowafaqa, né en 2014. Cette école, qui forme spécialement au dialogue interreligieux, dispense aussi de la théologie chrétienne. Elle reçoit en majorité des étudiants subsahariens.

Des critiques sont venues du Sénat français, qui considère «cette formation inadaptée au contexte hexagonal».

Ne faut-il pas estimer que l’expérience marocaine a quelque chose de consistant plutôt que le recours aux solutions de circonstance, sinon éphémères?  Le souhait, en tout cas, serait que cette initiative fasse tache d’huile dans tout le continent.

Par Jean-Jules Lema Landu