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Massacres et viols en Guinée, trafic de drogue en Côte d’Ivoire, journaliste tué au Cameroun: bienvenue dans la république des procès!

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Le capitaine Moussa Dadis Camara

Quand justice et politique se côtoient, sans forcément se tenir par les mains, l’Afrique vit entre procès en Côte d’Ivoire, au Cameroun et en Guinée, et campagnes électorales au Tchad et au Togo.

A Conakry, malgré l’épisode de l’évasion rocambolesque de l’introuvable colonel Claude Pivi, d’un des personnages clés du dossier dit des massacres et viols à ciel ouvert du 28 septembre au stade éponyme, les accusés, dont l’ancien président guinéen, le capitaine Moussa Dadis Camara, assistent à leur procès qui se trouve dans sa dernière ligne droite. Même si le deuil des 156 personnes, tombées, pour la plupart, sous les balles assassines de militaires gagnés par une folie meurtrière indescriptible, sera difficile à faire par des parents, amis et proches encore sous le choc de ce drame qui hante leurs jours et leurs nuits, la justice aura au moins eu le mérite de ne pas laisser impuni ce drame du 28 septembre 2009.

Que dire des 109 femmes violées et souillées à vie par des hommes qui s’étaient métamorphosés en animaux en rut, incapables de dominer une libido qu’ils ont assouvi en plein jour, sur des femmes et des jeunes filles qui vivront jusqu’à leur mort, un traumatisme et un cauchemar monstrueux? En tout cas, le procès qui a perdu en engouement populaire, au fur et à mesure, de son déroulé et qui a connu un retard pour cause du mois de ramadan, mais aussi des débats sur la requalification des faits en «crimes contre l’humanité», se trouve, actuellement, au stade décisif des confrontations avec Moussa Dadis Camara, hier homme puissant et aujourd’hui simple justiciable, qui, s’il est reconnu coupable devra payer pour ses folies du pouvoir.

A Abidjan, sans être une affaire d’armes ayant tué des populations comme des mouches, le procès du trafic de cocaïne n’en défraie pas moins l’actualité. Jugée depuis le 22 décembre 2023, au Pôle pénal et économique d’Abidjan, il a également fait défiler à la barre, des prédateurs sans foi ni loi d’une jeunesse perdue dans les vicissitudes d’une vie qui lui faisaient découvrir la consommation de la drogue qui la détruit irrémédiablement et inexorablement. Sous le puissant effet de la cocaïne qui leur donne un sentiment d’invincibilité, ces jeunes commettent les pires crimes, allant du vol à la tire, aux braquages aux armes lourdes, en passant par des assassinats, ciblés ou en masse, de paisibles citoyens qui se sont retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment.

Transformant ce beau et accueillant pays de la Côte d’Ivoire en cartel de Medellin où au détour d’une rue, de pauvres citoyens rencontrent au quotidien la mort donnée par des jeunes drogués, alors que les trafiquants roulent carrosse, le commerce de la drogue implique toutes les strates de la société, des élèves à des hommes de tenue, en passant par des pères de famille, et commerçants insoupçonnables assis derrière leurs comptoirs qui sont, en réalité, de grands dépôts de la poudre blanche tueuse ou de «Kadhafi», cette drogue qui fait des ravages sur les bords de la lagune Ebrié. Malheureusement, Miguel Devesa, présenté comme le cerveau de cette affaire qui fait actuellement des vagues, et ses co-accusés, ne sont que la face visible d’une mafia locale et internationale dans laquelle nagent bien des gros poissons à qui l’on donnerait la communion sans confesse, alors qu’ils ont bâti leur fortune colossale sur la poudre de la mort.

Au Cameroun, les assassins de Martinez Zogo, de son vrai nom Arsène Salomon Mbani Zogo, l’animateur qui fouille et fouine dans les affaires sordides de la république, pour informer ses concitoyens, courent toujours. Certes, des présumés auteurs de la mort atroce, le 17 janvier 2023 à Yaoundé, du journaliste-animateur sont devant les juges, et répondront, peut-être, de leur acte ignoble, mais, le verdict, aussi lourd qu’il soit, ne rendra pas la vie à notre confrère qui ne faisait que son métier, pour permettre à ses semblables de jouir de leur droit à l’information. Hélas, une fois de plus, comme le Burkinabè Norbert Zongo et les Français Ghislaine Dupont et Claude Verlon, un journaliste téméraire, aura subi le châtiment suprême réservé à ceux de sa race, par des terroristes de la liberté d’expression, qui ne trouvent leur adrénaline que dans l’assassinat des journalistes.

Ces bourreaux que les procès et les condamnations à la prison ne découragent pas, arrêteront-ils, un jour, leurs actes macabres qui rendent orphelins des familles et des communautés tout entières, à cause d’intérêts égoïstes et très personnels face auxquels les procès, du reste parfois de véritables parodies de justice, ne peuvent rien? Question malheureusement sans réponse!

Par Wakat Séra