Accueil A la une Mécanisme du COVAX: la conquête du marché par Bigpharma en Afrique noire

Mécanisme du COVAX: la conquête du marché par Bigpharma en Afrique noire

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«Il est temps de penser à nos forces et moyens avant d’accepter n’importe quoi.» C’est la conviction de  Bahdon Abdillahi Mohamed, qui, à travers cette tribune, dénonce des aspects du mécanisme Covax et surtout, l’opacité qui enveloppe l’Alliance Gavi.
«Le dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT) est une nouvelle collaboration mondiale novatrice visant à accélérer la mise au point et la production de produits de diagnostic, de traitements et de vaccins contre la COVID-19, ainsi qu’à en assurer un accès équitable1».
Quelle belle annonce pour ne pas dire initiative! C’est une tautologie de dire que le monde traverse une période difficile sur tous les plans, à cause d’une pandémie dont l’origine est douteuse par rapport à d’autres pandémies mortelles. Il existe diverses versions sur son origine. On a accusé, dès le début, un animal, le pangolin et un pays, la Chine où le virus Covid-19 a fait les premières victimes humaines.  Les virus, qui sont apparus ce siècle, les XIXè et XXè siècles, ont eu une origine asiatique, selon les historiens. Mais selon les climatologues et «environnementologues», la destruction de l’environnement, à un rythme accéléré, serait aussi une raison de ces pandémies. La visite des experts de l’OMS dans l’empire du milieu, n’a pas donné des arguments convaincants. Fallait-il attendre des résultats de ce pays, et de ceux qui prétendent être «ouverts» et «démocratiques»?
Cette initiative repose sur une collaboration entre l’Alliance Gavi, créée en 2000, ancienne Alliance du Vaccin et l’Organisation Mondiale de Santé (OMS). C’est peut-être la première fois qu’il y a une supposée collaboration mondiale sur un secteur social important: la santé et la recherche: un vaccin contre une pandémie. Est-ce vraiment une collaboration mondiale?
Qui sont derrière le Covax?
Au-delà de la communication de l’Alliance Gavi et de l’OMS, on doit se poser des questions sur plusieurs points. Si au moins un tiers des citoyens.es de ce monde sait les fonctions de l’OMS ou a entendu des informations et interviews de ses responsables dans les journaux, télévisions et réseaux sociaux surtout depuis le déclenchement de cette pandémie, rares sont celles et ceux qui ont entendu parler de l’Alliance Gavi.
Le graphique précédent résume la composition de cette alliance. On trouve tous types de structures et de personnages. Par une simple observation des lignes, on dirait que les individus «bénévoles», les gouvernements des pays en voie de développement et les gouvernements donateurs, des pays du Nord, qu’elle est une organisation «humanitaire».
En évoquant l’humanitaire dans leurs actions et leurs coups, les grandes entreprises, les fondations et autres structures dont les dirigeants.es ont eu un parcours politique, de patron d’une grande société mondialement connue, il y a une subjugation de la majorité silencieuse ou ignorante.
Parmi ses créateurs ou partenaires, on trouve un personnage, qui s’est fait remarquer depuis plusieurs décennies dans les campagnes de vaccination dans les pays du Sud: Bill Gates. Or on sait le poids financier de ce personnage, Bill Gates. En créant la fondation Bill and Melinda Gates, l’ex créateur de Microsoft s’est investi dans des campagnes de vaccination dans les pays du Sud. Hors celles-ci n’ont pas atteint leurs objectifs: la malnutrition tue toujours, les maladies tuent des millions d’enfants. Ce monsieur a eu un pouvoir plus important que celui des dirigeants.es, en passant de l’informatique à des questions sociales et sanitaires dont il ignore totalement. Peu de personnes ignorent les discours nihilistes du cofondateur de Microsoft sur la population mondiale. Son principal objectif est de réduire le nombre d’habitants sur la planète terre, parce que les ressources ne suffissent pas à les nourrir. Mais il feint d’ignorer les gaspillages du capitalisme nihiliste dont il tire ses principaux bénéfices.
Un autre personnage, au passé complexe du maoïsme à sa jeunesse à la droite violente et capitaliste à son cinquantenaire, José Manuel Durão Barroso. Après la commission européenne et la finance spéculative, il se convertit à un humanitarisme, qui rapporte. Il est l’actuel président du Conseil d’Administration de cette alliance. Il a remplacé la Dre Ngozi Okonjo-Iweala, ancienne ministre des Finances et des Affaires Etrangères du Nigéria, et ancienne directrice générale de la Banque mondiale, qui est devenue la Directrice de l’Organisation Mondiale du Commerce depuis le 1er mars 2021.
Comme institution et organisme, on trouve la banque mondiale et l’Unicef. Quel rôle humanitaire peut avoir un membre de l’Axe du mal, comme l’écrivait l’ex directeur du Monde Diplomatique, Ignacio Ramonet?
Il y a une certaine opacité sur le reste des membres: personnalités indépendantes, organisations de la société civile. Qui sont-elles? On trouve aussi des entreprises de l’industrie pharmaceutique des pays du Nord et du Sud. Quelle belle coopération, ou mieux, quelle belle hypocrisie? Une industrie qui sous-traite ne coopère pas, elle gagne toujours.
Une manœuvre qui confond les esprits
Comment une institution bancaire peut-elle contribuer à la supposée lutte contre la pandémie du Covid-19? Des millions des personnes ont perdu la vie par son diktat des quatre dernières décennies du 20è siècle. Les programmes d’ajustement structurel, les prêts à taux élevé pour les pays du Sud et d’autres mesures, ont rapporté des bénéfices à ses actionnaires, les pays du Nord.
Cette fameuse alliance ouvre un autre chapitre de l’humanitaire rentable aux fonds de pension, à certaines multinationales et des personnages au double visage. On sait bien que le capitalisme a cette grande capacité de profiter des détresses sociales pour rentabiliser. Les capitalistes poursuivent leurs intérêts sur tout en transformant tout en marchandise, vendue sous plusieurs formes comme l’aide ou l’humanitaire. Le sociologue suisse et premier rapporteur du Droit à l’Alimentation des Nations Unies, Jean Zigler, avait analysé dans ses œuvres les faces cachées de ce qu’on peut appeler la politique du capitalisme et de ces personnages, qui se sont accaparés la politique de leurs pays et celle du monde.
Dans une globalisation, qui a réduit les fonctions de l’Etat, qui a banalisé le sens de la politique et qui a imposé une gouvernance reposant sur le bénéfice plus que l’accomplissement des objectifs de développement adoptés par une structure, qui n’a jamais joué ses rôles, les Nations Unies.
Pourquoi les pays du Nord ne pouvaient pas bénéficier de cette aide humanitaire?
Pour comprendre un peu mieux cet humanitaire rentable, voici des phrases qu’on peut lire sur le site web de Gavi: «Dans le cadre de sa mission visant à sauver des vies, à réduire la pauvreté et à protéger le monde contre la menace d’épidémies, Gavi a contribué à vacciner plus de 822 millions d’enfants dans les pays les plus pauvres du monde, évitant ainsi plus de 14 millions de décès». Depuis quand ces personnages et ces institutions s’occupent-ils de la pauvreté? «En réunissant les principaux acteurs de la vaccination mondiale autour d’une mission, Gavi associe les connaissances techniques du monde du développement au savoir-faire en affaires du secteur privé». Les gros bénéfices les ont réunis plus que le partage des savoir-faire techniques. Il paraît que les droits sur les licences ne rapportent plus comme avant.
Par la profusion des photos et images (principalement des gens des pays du Sud) du site, on constate bien que sa mission n’est pas mondiale, mais plutôt nordiste; pensée et créée par un groupe de personnages occultes. Ses actions et ses discours sont adressés à des dirigeants et des peuples bien ciblés, ceux du Sud, et en particulier ceux qui ont souffert et qui souffrent de la violence du capitalisme; un capitalisme prédateur et de surveillance. Shoshana Zuboff présente une analyse sérieuse de ce nouvel capitalisme, représentée par celles et ceux qui contrôlent l’économie digitale.
Un «cadeau» qui coûte et humilie l’Afrique noire
Les pays de l’Afrique méditerranéenne ne sont pas dans la liste des pays destinataires de la «charité». Pour vacciner sa population contre le Covid-19, le Maroc a choisi le vaccin chinois. Et d’ailleurs, il sera produit sous licence dans ce pays maghrébin, alors que l’Algérie a choisi le vaccin Spounik Vde la Russie. Ces tonnes de vaccins que reçoivent certains pays d’Afrique noire sont financés par l’administration Joe Biden et l’Union Européenne.
Dans les discours de ses dirigeants.es et les communiqués de l’Alliance Gavi, le mécanisme du Covax relèverait de la coopération et non de l’aide, donc de la collaboration entre les chercheurs.es des pays du Sud et du Nord. Même si cette pandémie ne touche pas de la même manière, elle touche tous les pays. Et un peu partout, on parle de 2è et 3è vagues. Or le mot coopération n’a jamais de sens concret; il a caché des formes subtiles de domination et de soumission. L’opacité de cette supposée coopération est manifeste dans les textes des communiqués de presse de cette alliance. Coopérer, ce n’est pas transférer des vaccins fabriqués dans les pays industrialisés vers les pays non industrialisés pour éviter l’autre expression insensée «pays en voie de développement». Le transfert coûte. Contre la malaria, l’Ebola et d’autres maladies, qui tuent des millions d’Africains.es, la coopération n’existe pas, la spéculation fonctionne bien. Et l’économie dite néolibérale fonctionne avec la spéculation. L’administration Joe Biden et l’Union Européenne se targuent de financer le mécanisme de Covax alors qu’ils spéculent sur nos matières premières en les achetant à des prix de misère. Toujours l’hypocrisie du Nord.
On doit se poser plusieurs questions sur le Covax et sur les images de certains présidents, qui font de la publicité en se vaccinant en premier avant les personnes plus fragiles. Les dirigeants.es africains.es et l’Union Africaine ont-ils pensé une réponse nationale et continentale? Une coopération entre leurs services. Comme toujours, ils ont attendu une réponse de l’extérieur. Or ce qu’on reçoit de l’extérieur se transforme en une soumission.
Les pays africains disposent des moyens de fabrication de médicaments. Certes ils n’ont pas les mêmes capacités humaines, matérielles et techniques que celles de Bigpharma. La pharmacopée traditionnelle a été négligée. Or sa modernisation pourrait servir aux populations. Le Covax n’est autre qu’une voie d’uniformisation entre les pays du Nord et du Sud. Ceux qui ont créé l’alliance Gavi, ont imposé un moyen pour lutter contre cette pandémie: la vaccination massive des populations. Or on sait bien que les vaccins, qui circulent dans le monde, ont été fabriqués à la va-vite.
Si dans le temps, les vaccins ont sauvé des millions de vie contre des pandémies, on oublie vite que les bactéries et les virus ont acquis une résistance contre les vaccins et les médicaments. Et c’est avec raison que John Nkengasong, directeur des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), affirme que les vaccins fournis «ne permettront pas de faire sortir la pandémie» du continent.
Et lisant dans une boule de cristal, des responsables de l’OMS et Bill Gates affirmaient que le monde doit se préparer à d’autres virus plus virulents que la Covid-19.
Il est temps de penser à nos forces et moyens avant d’accepter n’importe quoi.
Par Bahdon Abdillahi Mohamed