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OIAC: Un Burkinabè, spécialiste de haut vol des armes chimiques, candidat à la direction générale

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Le professeur Abdouraman Bary quelques instants après son examen oral pose devant les drapeaux des pays membres de l’OIAC dont celui de son pays, le Burkina Faso

Le professeur Abdouraman Bary, spécialiste de haut vol des armes chimiques, candidat au poste de directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), a passé jeudi 13 juillet 2017 à La Haye, avec quatre concurrents, son grand oral devant le Conseil exécutif réunit pour sa 85è session au siège de l’organisation à La Haye.

Un Burkinabè, directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), le contrôleur mondial des armes chimiques ? Pourquoi pas. C’est bien possible. Cela serait peut-être le cas en décembre prochain. Notre compatriote, le professeur Abdouraman Bary concourt  à ce poste. Face à lui, quatre autres candidats, tous aux curriculums vitae aussi impressionnants.

Jeudi 17 juillet 2017, le Hongrois Tibor Toth, le Danois Jesper Vahr, notre compatriote Pr Bary, le Sud-Coréen Kim Won-Soon et le lithuanien Vaidotas Verba sont tour à tour passés devant le jury formé par les membres du Conseil exécutif, l’organe décisionnel de l’OIAC pour y passer leur grand oral.

Devant les 41 membres du Conseil qui étaient réunis pour la 85è session, Pr Bary a subi les flots des questions venant des ambassadeurs de France, d’Afrique du Sud, d’Iran, du Panama, de Slovénie qui représentent les cinq régions de l’organisation mais aussi du président du Conseil exécutif lui-même, le Bengladeshi Sheikh Mohammed Belal, auteur à lui seul de trois questions.

Ces auditions des candidats constituent la première étape d’un long processus de sélection du remplaçant de l’actuel directeur général, le turc Ahmet Üzümcü dont le mandat arrive à expiration à la fin de l’année. Après cet oral, le vote proprement dit, le premier d’une série de trois, interviendra à la mi-septembre au cours de laquelle un des candidats sera éliminé suivra en outre une seconde phase qui verra l’élimination de deux candidats avec que le président du Conseil exécutif n’entame des consultations des Etats pour dégager les tendances des votes en faveur de l’un ou l’autre des deux finalistes et proposer au final au Conseil en décembre le nom du candidat susceptible de l’emporter. Ainsi lors de sa dernière décision annuelle, ce candidat sera nommé directeur général par consensus par les 41 Etats qui représentent les cinq régions géographiques.

Un ex grand chimiste de l’UO

Soumis par le Burkina Faso, la candidature de M. Bary a été endossée par l’Union africaine (UA) lors du sommet des chefs d’Etat africains tenu les 3 et 4 juin dernier à Addis-Abeba. La Tanzanie a retiré sa candidature pour favoriser une candidature unique africaine et offrir au continent de meilleures chances de remporter le poste.

L’Afrique dispose de neuf voix sur les 41 membres votants au sein du Conseil exécutif de l’OIAC et sans cataclysme toutes ces voix devraient d’ores et déjà revenir au candidat du continent.

Titulaire d’un doctorat d’Etat ès Sciences et d’un docteur de troisième cycle en sciences des matériaux, le professeur Abdouraman Bary a enseigné de septembre 1993 à août 2009 à l’Université de Ouagadougou comme professeur de chimie. Il était également le directeur du Laboratoire de chimie analytique, de radiochimie et électrochimie. De nombreux résultats scientifiques importants ont été produits dans son laboratoire de recherche, ce qui a aidé à résoudre certains problèmes de développement, par exemple dans le domaine du contrôle de la pollution chimique. Beaucoup d’étudiants qu’il a contribué à former travaillent maintenant dans divers secteurs de l’industrie chimique en passant par l’enseignement secondaire et supérieur et les compagnies privées.

Cumulativement avec ses fonctions d’enseignant-chercheur à l’UO, il a exercé de 1997 à 2007 , les fonctions de coordonnateur de l’Autorité nationale pour la Convention sur les armes chimiques jouant un rôle clé dans le processus de ratification par notre pays de la Convention sur les armes chimiques (CWC), du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) et  d’autres instruments de contrôle des armements. Il a été un acteur principal dans le développement de la politique et de la législation nationales relatives aux armes chimiques et aux produits chimiques toxiques. Il a aussi assuré la mise en œuvre nationale de la convention sur les armes chimiques et la convention sur les armes biologiques et les toxines. Il a dirigé  la délégation du Burkina Faso aux conférences des Etats parties de l’OIAC et a participé à l’élaboration de positions au nom du Burkina Faso adoptées dans cette organisation.

Au plan international, il a, entre autres, servi en tant que représentant de l’Afrique au sein du Comité permanent du Forum intergouvernemental sur la sécurité chimique (FISC) créé par la Conférence internationale sur la sécurité chimique et a joué un rôle déterminant dans la tenue de la première Conférence des Parties de la Convention de Bamako sur l’Interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux.

M. Bary qui travaille depuis 2009 à Nairobi au Kenya comme coordonnateur pour la région Afrique du Sous-programme «Produits  chimiques, déchets dangereux et qualité de l’air» du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), a soutenu la mise en œuvre des accords multilatéraux environnementaux sur les produits chimiques et les déchets dans la région Afrique, le sous-programme du PNUE sur les produits chimiques les déchets dangereux et la qualité de l’air, ainsi que le sous-programme sur la gouvernance environnementale et l’intégration de la gestion rationnelle des produits chimiques dans les plans nationaux de développement. Il a, auparavant coordonné et mis en œuvre les réponses du PNUE aux demandes de nombreux pays africains dans le domaine de la gestion des produits chimiques.

Nobel de la paix

Composé de 192 Etats parties et couvrant 98% de la population mondiale, l’OIAC a permis d’identifier à ce jour, 90% des stocks mondiaux d’agents chimiques dont 72.524 tonnes ont été détruits. L’organisation a réalisé 5.545 inspections dans 86 États parties, y compris 2.817 inspections de sites liés à des armes chimiques. Elle a en outre inspecté 265 sites liés à des armes chimiques sur un total de 272 sites déclarés. Depuis l’entrée en vigueur de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC ) en avril 1997, 4.913 installations industrielles sont assujettis à l’inspection périodique de l’OIAC.

Son Conseil exécutif composé de 41 Etats, sont élus par la Conférence pour deux ans suivant le principe de la rotation. Aujourd’hui, au sein du Conseil, l’Afrique dispose de neuf membres, l’Asie neuf membres, l’Europe orientale cinq membres, l’Amérique latine et les Caraïbes sept membres, l’Europe occidentale et autres États dix membres (on y compte les Etats-Unis, l’Australie ou la Grande Bretagne par exemple). Le 41è Etat est désigné à tour de rôle par l’Asie et la région Amérique latine et les Caraïbes.

L’OIAC a été fondée en 1997 pour mettre en œuvre les dispositions de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC) signée le 13 janvier 1993. Elle a pour mission principale de débarrasser le monde des armes chimiques et de la menace de leur emploi et faciliter la coopération pour l’utilisation de la chimie à des fins pacifiques pour tous.

Ses experts ont été envoyés en Irak, en Libye, au Soudan, et récemment en Syrie pour identifier et démanteler l’arsenal chimique du régime du président syrien Bachar al-Assad. Ses experts de la Mission d’établissement des faits (FFM) se rendent toujours en Syrie où les Occidentaux continuent d’accuser M. Assad de poursuivre l’utilisation d’armes ou de gaz mortels.

Ils étaient aussi venus en Côte d’Ivoire aider les autorités à gérer les conséquences dramatiques du Probo Koala, le navire vraquier qui a déversé des déchets toxiques sur les côtes à Abidjan en septembre 2006 faisant au moins dix-sept tués et l’intoxication de milliers de personnes.

Le succès dans les efforts de désarmement mondial a valu à l’OIAC le Prix Nobel de la paix en 2016.

A ce jour, seuls quatre pays dans le monde parmi lesquels Israël et la Corée du nord n’ont ni signé ni ratifié la CIAC sur laquelle le travail de l’OIAC est adossé.

Romaric Ollo HIEN

Ambassade du Burkina Faso à Bruxelles