Accueil A la une Ouagadougou: des centaines de personnes marchent pour appeler les Burkinabè à l’effort de paix 

Ouagadougou: des centaines de personnes marchent pour appeler les Burkinabè à l’effort de paix 

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Une vue des marcheurs devant le monument des héros nationaux

Des centaines de personnes de plusieurs structures notamment l’ONG PAX, ont marché silencieusement le mercredi 21 septembre, à Ouagadougou, autour du monument des héros nationaux, pour célébrer la paix, menacée au monde précisément au Burkina Faso, un pays dont plusieurs conflits communautaires mettent le vivre-ensemble et la cohésion sociale à mal.

Sous la houlette de l’ONG PAX et ses partenaires, plusieurs centaines de personnes ont pris part à la cérémonie de commémoration de la Journée internationale de la Paix célébrée chaque 21 septembre dans le monde. Séance d’aérobic, exécution de l’hymne national, marche silencieuse et discours ont été les temps forts de cette cérémonie qui vise à interpeller les populations sur la nécessité de travailler inlassablement à préserver la paix sans quoi la coexistence et la cohabitation des individus, des groupes sociétés ou des communautés seront impossibles.

Le Burkina Faso étant dans l’œil du cyclone du terrorisme, les assaillants alimentent les conflits au niveau des communautés pour atteindre leur objectif, à savoir déstabiliser les pays du Sahel. D’où la nécessité et l’urgence d’agir en faveur de la paix, une valeur humaine menacée de plus en plus dans le monde.

Tous les Burkinabè appelés aux efforts de paix

« La paix ne connaît ni limite ni frontière. Elle est universelle. Nous sommes alors en solidarité avec tous ceux et toutes celles qui habitent dans des zones tourmentées par des conflits. Que ce soit dans nos pays voisins au Sahel ou tout autre pays dans le monde dépourvu de stabilité. Que la paix y soit instaurée au profit de chacun et chacune », a affirmé Roger Minoungou, représentant de l’ONG PAX au Burkina Faso, initiatrice de la semaine de la paix dont cette célébration.

Des marcheurs silencieux pour célébrer la paix au Burkina Faso

Pour M. Minoungou, de nos jours, « nous n’entendons à longueur de journée que les bruits de cauchemars, des mauvaises nouvelles venant de presque partout avec très peu d’espoir et de perspectives. En cette journée internationale de la paix 2022, nous rappelons que la paix est possible et que nous devons y travailler », déclarant que « ce soir nous avons rallumé le feu de la paix. Nous avons voulu par cet acte symbolique donner un autre son de cloche, partager une autre lumière pour montrer que tout n’est pas sombre, et qu’il y a encore des possibilités ».

« En effet, notre marche aux flambeaux signale notre volonté à ce que la paix, tant menacée dans notre monde, soit réservée. Les centaines de bougies que vous avez allumées ce soir constituent un signal fort qui se répercutera bien au-delà de Ouagadougou », a-t-il dit, soulignant cette cérémonie intervient après la clôture du forum qui a réuni à Ouagadougou des jeunes, une cinquantaine, issus des organisations intervenant dans le domaine des droits humains et la paix de six régions du Burkina Faso que sont, la région de la Boucle du Mouhoun, du Centre, du Centre-Nord, de l’Est, du Nord et du Sahel, pour réfléchir sur la paix et ce qui sera leur contribution autour du thème : « La contribution des jeunes à l’édification de la Paix au Burkina Faso ».

Des marcheurs entonnant l’hymne national

Selon le représentant de PAX au Burkina, pour édifier la paix, « il faut un sursaut inspiré par une conception positive de la paix, loin des discours fatalistes auxquels les populations sont trop souvent confrontées ».  « Le Burkina Faso a indubitablement besoin d’un nouveau contrat social. Et pour parvenir à une paix, il est indispensable qu’il existe des espaces de dialogues ouverts, transparents et inclusifs », a-t-il relevé.

Les causes profondes majeures des conflits au Burkina

La porte-parole des bénéficiaires, Awa Traoré, à la clôture des trois jours de travaux a relevé les causes profondes majeures des conflits que sont entre autres « la stigmatisation de certaines communautés ; la mauvaise gouvernance avec son corollaire d’injustice, de corruption, etc. ; les conflits fonciers ; les conflits liés à la chefferie et les discordes liées aux appartenances politiques ».

Cette démarche analytique a permis à la cinquantaine de jeunes triés sur le volet, aux termes des travaux, de proposer les actions et recommandations aussi bien à l’endroit des autorités que de l’ONG PAX.

Roger Minoungou, représentant de PAX au Burkina

Ces jeunes ont recommandé avec insistance la nécessité d’« impliquer effectivement des jeunes dans les instances décisionnelles ; de promouvoir la prise en charge psychologique, la réinsertion et l’encadrement des jeunes en conflit avec la société ; de renforcer la sécurité des personnes engagées en faveur de la paix à travers la mise en place de plateforme d’information anonyme leur permettant d’alerter l’autorité en toute quiétude ; de doter en moyen technique, financier et matériel les organisations des jeunes travailleurs sur la paix et les droits humains et de renforcer la lutte contre la corruption à travers l’auto saisine de la Justice pour les cas de corruption dénoncés par les Organisations de la société civile (OSC) ».

A travers ce forum dont l’objectif général est de capitaliser les perceptions et contributions des jeunes du Burkina Faso à l’édification de la paix dans le pays, PAX veut construire des communautés inclusives en respectant les principes de l’état de droit ainsi que des droits humains à travers la reconnaissance et des investigations visant à adresse des abus et des violations.

Awa Traoré, porte-parole de la cinquantaine des jeunes ayant participé au forum

Depuis 2021, PAX s’engage au Sahel à travers son programme « Renforcement du courage citoyen » qui vise à transformer les conflits et/ou construire la paix dans zone du Liptako-Gourma, c’est-à-dire la zone des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

Autrefois reconnu comme un havre de paix au cœur de l’Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso connaît un cycle de violence depuis 2015 avec les premières attaques terroristes. Ces attaques ont fait plusieurs centaines de morts dont des Forces de défense et de sécurité (FDS) et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et des populations. Ce qui a contraint environ deux millions de personnes à fuir leurs localités pour avoir la vie sauve.

Par Bernard BOUGOUM