Accueil Communiqué de presse OXFAM appelle à une augmentation généralisée des impôts pour les ultra-riches

OXFAM appelle à une augmentation généralisée des impôts pour les ultra-riches

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L’ONG internationale regroupant une vingtaine de structures caritatives a appelé à «une augmentation généralisée des impôts pour les ultra-riches afin de récupérer leurs gains extraordinaires, générés en grande partie à la suite des plans de relance et de l’injection de fonds publics dans l’économie, ainsi qu’en tirant profit de la crise», dans son nouveau rapport transmis, ce lundi 16 janvier 2023 à Wakat Séra. Selon OXFAM, «des décennies de réductions d’impôts pour les plus riches et les entreprises ont exacerbé les inégalités». L’Organisation qui lutte pour les inégalités déplore que «dans de nombreux pays, le taux d’imposition des personnes les plus pauvres est plus élevé que celui des milliardaires».

Depuis 2020, les 1 % les plus riches ont capté près de deux fois plus de richesses que le reste de l’humanité

  • Les ultra-riches ont capté la moitié des nouvelles richesses au cours des dix dernières années et ont maintenant dépassé ce chiffre.
  • La fortune des milliardaires augmente de 2,7 milliards de dollars par jour alors même que les salaires de 1,7 milliard de personnes ne suivent pas le rythme de l’inflation.
  • Un impôt allant jusqu’à 5 % sur les multimillionnaires et les milliardaires du monde entier pourrait rapporter 1 700 milliards de dollars par an, soit une somme suffisante pour sortir 2 milliards de personnes de la pauvreté.

D’après un nouveau rapport publié aujourd’hui par Oxfam, les 1 % les plus riches ont accaparé près des deux tiers des 42 000 milliards de dollars de nouvelles richesses créées depuis 2020, soit près de deux fois plus que les 99 % restant. Au cours des dix dernières années, les 1 % les plus riches avaient accaparé environ la moitié des nouvelles richesses.

Au Burkina Faso, Ghana, Mali, Sénégal et au Niger, les 0,1% les plus riches détiennent au moins deux fois plus de richesses que les 50% les plus pauvres réunis. Au Nigeria, les trois hommes les plus riches possèdent plus de richesses que 83 millions de Nigérians et leur richesse a augmenté d’un tiers depuis le début de la pandémie de COVID-19.

« La loi du plus riche » sera publiée le jour de l’ouverture du Forum économique mondial à Davos, en Suisse. Les élites se réuniront dans la station de ski suisse à l’heure où la richesse extrême et l’extrême pauvreté ont augmenté simultanément pour la première fois en 25 ans.

« Alors que les populations font tous les jours des sacrifices sur des produits de base comme les denrées alimentaires, les ultra-riches s’enrichissent à un rythme qui dépasse leurs rêves les plus fous. Cette nouvelle décennie, qui a débuté il y a seulement deux ans, promet d’être la plus avantageuse à ce jour pour les milliardaires, de nouvelles années folles placées sous le signe de la prospérité pour les plus riches du monde », affirme Gabriela Bucher, directrice générale d’Oxfam International.

« Taxer les ultra-riches et les grandes entreprises est une solution majeure pour sortir des crises qui se succèdent et se superposent depuis 2020. Il est temps de tordre le cou à la théorie du ruissellement », poursuit-elle.

Les milliardaires ont enregistré une hausse sans précédent de leurs richesses. Depuis 2020, avec la pandémie et la crise du coût de la vie, 26 000 milliards de dollars (63 %) des nouvelles richesses ont été accaparés par les 1 % les plus riches, alors que le reste de l’humanité n’a reçu que 16 000 milliards de dollars (37 %). Pour chaque dollar de nouvelle richesse mondiale gagné par une personne faisant partie des 90 % les plus pauvres, un·e milliardaire a gagné 1,7 million de dollars. La fortune des milliardaires augmente de 2,7 milliards par jour. Cette hausse spectaculaire vient clore une décennie de profits records durant laquelle le nombre des milliardaires ainsi que leur fortune ont doublé.

Les profits des secteurs de l’alimentation et de l’énergie

Les gains ont été particulièrement importants en 2022 avec l’augmentation rapide des profits dans les secteurs alimentaire et énergétique. D’après le rapport, 95 entreprises alimentaires et énergétiques ont plus que doublé leurs profits en 2022. Celles-ci ont dégagé des profits exceptionnels d’un montant total de 306 milliards de dollars et versé 257 milliards de dollars (soit 84 % de cette somme) aux actionnaires fortunés. La famille Walton, qui possède la moitié de Walmart, a reçu 8,5 milliards de dollars l’année dernière. La fortune du milliardaire indien Gautam Adani, propriétaire de grandes entreprises énergétiques, a augmenté de 42 milliards (soit de 46 %) sur la seule année 2022. Les profits excédentaires des entreprises ont été à l’origine d’au moins 50 % de l’inflation en Australie, aux États-Unis, et au Royaume-Uni.

Les inégalités et la faim en hausse sous l’inflation

Parallèlement, au moins 1,7 milliard de personnes vivent dans des pays où les salaires ne suivent pas le rythme de l’inflation, et plus de 820 millions de personnes, soit une personne sur dix dans le monde, souffrent de la faim. Ce sont souvent les femmes et les filles qui mangent le moins, et en dernier. Elles représentent près de 60 % de la population mondiale qui souffre de la faim. D’après la Banque mondiale, les inégalités mondiales et la pauvreté connaissent leur plus forte augmentation depuis la Seconde Guerre mondiale. Des nations entières sont menacées de faillite et les pays les plus pauvres consacrent un budget quatre fois plus important au remboursement de leurs dettes auprès de riches bailleurs qu’aux soins de santé. Les trois quarts des gouvernements mondiaux prévoient d’adopter des mesures d’austérité et de réduire les dépenses du secteur public, y compris dans les domaines de la santé et de l’éducation, à hauteur de 7 800 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.

La recommandation d’Oxfam : taxer plus les ultra-riches (ou pour une taxation plus juste)

Oxfam appelle à une augmentation généralisée des impôts pour les ultra-riches afin de récupérer leurs gains extraordinaires, générés en grande partie à la suite des plans de relance et de l’injection de fonds publics dans l’économie, ainsi qu’en tirant profit de la crise. Des décennies de réductions d’impôts pour les plus riches et les entreprises ont exacerbé les inégalités. Dans de nombreux pays, le taux d’imposition des personnes les plus pauvres est plus élevé que celui des milliardaires.

Elon Musk, l’un des hommes les plus riches du monde, a eu un « taux d’imposition réel » d’environ 3 % entre 2014 et 2018. Aber Christine, une vendeuse de farine en Ouganda, gagne 80 dollars par mois et paie 40 % d’impôts.

Au niveau mondial, pour chaque dollar collecté en impôts, seulement quatre cents proviennent de l’impôt sur le patrimoine. La moitié des milliardaires du monde vivent dans des pays qui n’ont aucune forme de droits de succession sur la fortune et le patrimoine transmis aux descendant·es direct·es. Ils transmettront une somme non imposable de 5 000 milliards de dollars à leurs héritiers/ères (montant supérieur au PIB de l’Afrique), ce qui donnera naissance à une nouvelle génération d’élites. La plupart des personnes riches ne tirent pas leurs revenus du travail mais du capital. Pourtant, les taux d’imposition sur les revenus du capital ne s’élèvent, en moyenne, qu’à 18 %. Cela est près de deux fois moins que le taux marginal moyen sur les revenus du travail.

Le rapport montre que les impôts sur les plus riches étaient autrefois beaucoup plus élevés. Au cours des quarante dernières années, des gouvernements d’Afrique, d’Asie, d’Europe et d’Amérique ont considérablement réduit les taux d’imposition sur les revenus des plus riches. En même temps, ils ont augmenté, de manière disproportionnée, les impôts sur les biens et les services, qui affectent davantage les plus pauvres et exacerbent les inégalités entre les genres. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le taux marginal de l’impôt fédéral sur le revenu aux États-Unis ne descendait pas en deçà de 90 % et il s’élevait en moyenne à 81 % entre 1944 et 1981. Des taux d’imposition similaires étaient en vigueur dans d’autres pays riches durant certaines des décennies les plus prospères en termes de développement économique. Ils ont joué un rôle décisif dans l’élargissement de l’accès aux services publics comme l’éducation et la santé.

« L’imposition des personnes riches est une condition préalable stratégique si l’on veut réduire les inégalités et éviter d’affaiblir la démocratie. Nous devons la réinstaurer pour soutenir l’innovation, renforcer les services publics et favoriser le bien-être et la santé des sociétés», estime Gabriela Bucher.

D’après une nouvelle analyse publiée par Fight Inequality Alliance, l’Institute for Policy Studies, Oxfam et Patriotic Millionaires, un impôt annuel allant jusqu’à 5 % sur la fortune des multimillionnaires et des milliardaires du monde pourrait rapporter 1 700 milliards de dollars par an. Cette somme suffirait pour sortir 2 milliards de personnes de la pauvreté, combler le déficit de financement des appels humanitaires actuels et mettre en œuvre un plan d’éradication de la faim sur dix ans. Elle permettrait en outre d’aider les pays pauvres ravagés par les conséquences des changements climatiques, et d’assurer des soins de santé et une protection sociale universels à l’ensemble des citoyen·nes des pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure.

Oxfam appelle les États à :

  • Instaurer un impôt exceptionnel de solidarité sur le patrimoine et une taxe sur les bénéfices exceptionnels des entreprises afin de mettre un terme aux profits de la crise.
  • Augmenter de façon permanente l’impôt sur le revenu (travail et capital) des 1 % les plus riches, par exemple pour atteindre un taux minimum de 60 %, avec des taux plus élevés pour les multimillionnaires et les milliardaires. Augmenter en particulier les impôts sur les revenus du capital qui sont soumis à un taux d’imposition moindre que les autres types de revenus.
  • Imposer la fortune des ultra-riches à des taux suffisamment élevés pour réduire significativement le nombre de milliardaires et leur fortune, et redistribuer les richesses. Cela passe par l’instauration d’impôts sur la succession, le foncier et le patrimoine net.

Rapport de OXFAM

Notes aux rédactions

Téléchargez « La loi du plus riche », le résumé exécutif et la note méthodologique (en anglais) expliquant comment Oxfam a compilé les statistiques du rapport.

Les calculs d’Oxfam sont fondés sur les données les plus complètes et les plus actuelles disponibles. Les données sur les personnes les plus riches proviennent du classement des milliardaires de Forbes.

Toutes les sommes sont exprimées en dollars américains et, le cas échéant, ont été ajustées pour tenir compte de l’inflation en utilisant l’indice des prix à la consommation américaine.

D’après la Banque Mondiale, l’extrême pauvreté a augmenté en 2020 pour la première fois en 25 ans. Parallèlement, l’extrême richesse a augmenté de manière spectaculaire depuis le début de la pandémie.

D’après le rapport d’Oxfam, si les 1 % les plus riches ont accaparé 54 % des nouvelles richesses mondiales au cours de la dernière décennie, ce chiffre est passé à 63 % durant les deux dernières années. 42 000 milliards de dollars de nouvelles richesses ont été générés entre décembre 2019 et décembre 2021. 26 000 milliards de dollars (63 %) ont été accaparés par les 1 % les plus riches, alors que le reste de l’humanité n’a reçu que 16 000 milliards de dollars (37 %). D’après le Crédit Suisse, toute personne disposant d’une fortune supérieure à 1 million de dollars se situe dans la tranche supérieure des 1 % les plus riches.

Les milliardaires se sont enrichi·es de 2 600 milliards de dollars depuis la pandémie, malgré une légère réduction de leur fortune en 2022 après les gains sans précédent enregistrés en 2021. La fortune des plus riches du monde augmente à nouveau.

Aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie, des études ont révélé que respectivement 54 %, 59 % et 60 % de l’inflation en vigueur dans ces pays étaient dus aux profits des entreprises. En Espagne, la Confédération syndicale des Commissions ouvrières (ou CC.OO., l’un des plus grands syndicats du pays) a conclu que les profits des entreprises étaient à l’origine de 83,4 % de l’augmentation des prix survenue dans le premier trimestre 2022.

La Banque mondiale a annoncé que l’objectif d’éradication de l’extrême pauvreté à l’horizon 2030 ne pourra probablement pas être atteint et que « la réduction de l’extrême pauvreté était au point mort » dans un contexte où les inégalités mondiales risquent de connaître leur plus forte augmentation et où la lutte contre la pauvreté dans le monde a connu son plus grand recul depuis la Seconde Guerre mondiale. La Banque mondiale définit l’extrême pauvreté comme le fait de vivre avec moins de 2,15 dollars par jour.

Elon Musk a bénéficié d’un « taux d’imposition réel » de seulement 3,27 % entre 2014 et 2018, d’après le site d’information indépendant ProPublica.

Nous nous sommes basé·es sur le seuil de pauvreté de 6,85 dollars pour calculer le nombre de personnes (2 milliards) qui pourraient sortir de la pauvreté grâce à un impôt annuel allant jusqu’à 5 % sur la fortune des multimillionnaires et des milliardaires du monde entier.

Les résultats des sondages indiquent systématiquement que la majeure partie de la population mondiale est favorable à une augmentation des impôts pour les plus riches. Par exemple, la majorité des Américains·nes, 80 % des Indiens·nes, 85 % des Brésiliens·nes et 69 % des personnes interrogées dans 34 pays africains sont favorables à une augmentation des impôts pour les riches.

D’après un rapport publié par Oxfam, les ultra-riches sont les plus grands responsables de la crise climatique à l’échelle individuelle. Les milliardaires les plus riches, à cause de leurs investissements dans des industries polluantes, émettent un million de fois plus de carbone qu’une personne ordinaire. Les 1 % les plus riches sont responsables de deux fois plus d’émissions que la moitié la plus pauvre de l’humanité et leur empreinte carbone est partie pour être 30 fois supérieure à celle compatible avec la limitation du réchauffement à 1,5 °C d’ici 2030, fixée lors de l’Accord de Paris.

Rapport