Accueil A la une Plaintes contre Soro Guillaume en France: l’effet boomerang inévitable pour Ouattara?

Plaintes contre Soro Guillaume en France: l’effet boomerang inévitable pour Ouattara?

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Soro Guillaume est au centre d’une plainte pour «torture, assassinat et crimes de guerre»

Les ennuis judiciaires s’amoncellent sur la tête de l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Kigbafori Soro (GKS) alors que celui-ci n’a même fini de digérer sa condamnation à 20 ans de prison à Abidjan, est poursuivi à Paris. Selon Mediapart, l’ancien chef de la rébellion est convoqué devant la justice pour des massacres commis à Bouaké et Korogho en 2004 lors de combats entre factions rivales et la mort d’Ibrahima Koulibaly, dit IB, le 27 avril 2011, deux semaines après la chute de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. Les plaignants, de nationalités ivoirienne et française, sont de proches parents d’IB et du chef de guerre, Bamba Kassoum dit Kass, tué dans les combats à Bouaké en 2004 entre pro-IB et pro Soro. Pour les partisans de «Bogota», ainsi était surnommé Guillaume Soro quand il dirigeait la Fédération estudiantine de Côte d’Ivoire (FESCI), ces plaintes sont une cabale orchestrée par le régime du président Alassane Ouattara pressé de mâter la «rébellion» de son «fils». «Si ces faits, par définition très graves, étaient avérés, il est aberrant que les juges ivoiriens n’en n’aient pas été saisis. Personne ne peut douter du caractère opportuniste et artificiel de cette démarche», a réagi son avocat, William Bourdon.

Vérité ou montage, cette énième «affaire» Soro Guillaume fera grand bruit sur les bords de la lagune Ebrié et risque d’être une bombe à fragmentation dont les déflagrations vont frapper au cœur du régime d’Abidjan. Plusieurs officiers supérieurs des Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI),  sont directement mêlés aux crimes qui sont reprochés à Soro. Le 27 avril 2011, la descente musclée des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) contre le camp retranché de Coulibaly Ibrahim dit IB, situé à Abobo-PK 18 (commune au Nord d’Abidjan, la capitale ivoirienne), était dirigée par Morou Ouattara, actuel commandant du Bataillon du sud-est. Le même jour, Chérif Ousmane alias «Papa Guépard», actuel sous-chef d’état major de l’armée de terre, a déclaré sur les antennes de la Radio télévision ivoirienne (RTI): «C’est fini pour IB. On ne parlera plus de lui».

Il faut ajouter à cette liste non exhaustive des anciens «Comzones» qui sont au plus haut sommet de l’armée ivoirienne. En tout cas, si les plaintes contre Soro Guillaume sont jugées recevables, c’est clair que l’enfant de Kofiplé (son village natal) va «casser les papots», c’est-à-dire qu’il va livrer des secrets qui risquent de mouiller le pouvoir Ouattara. Le chef de l’Etat ivoirien prendra-t-il de livrer des militaires qui sont soupçonnés d’être impliqués dans des crimes commis du temps de la rébellion? La Cour pénale internationale (CPI) qui affirme avoir mené des enquêtes sur les crimes perpétrés par des proches du président Ouattara va-t-elle entrer en scène?

«Si je coule, vous coulez», avait lancé Laurent Gbagbo à ses généraux lors de la crise postélectorale. C’est dire que les plaintes contre Soro Guillaume en France risquent d’avoir un effet boomerang contre le régime d’Abidjan qui semble avoir juré d’avoir la peau du «Tieni Gbanani» ou l’enfant terrible du marigot politique ivoirien.

Par Wakat Séra