Accueil A la une Présidentielle en RDC: Tshisekedi confiant, opposition éclatée!

Présidentielle en RDC: Tshisekedi confiant, opposition éclatée!

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Félix Tshjisekedi le président candidat à sa propre succession (Ph d'illustration)

Beaucoup d’appelés, mais peu d’élus! Ça sera les résultats de la course au scrutin multiple du 20 décembre prochain en République démocratique du Congo.

Lancés aux trousses des 44 millions de potentiels électeurs, les nombreux candidats, 23 pour la présidentielle, 25 800 pour les législatives et 44 000 pour les provinciales, auront fort à faire, et surtout beaucoup d’énergie à dépenser en voiture, en bateau ou en avion pour ceux qui en ont les moyens, pour se donner des chances d’être élus. Plus que toutes les autres élections, la présidentielle, comme à l’accoutumée et compte tenu de multiples enjeux et de rivalités directes entre des personnes et des personnalités, cristallisera toutes les attentions.

Comme ce proverbe africain, selon lequel la qualité et l’abondance du repas se flairent dès la présentation de l’eau pour se laver les mains, les premiers jours de la campagne ouverte ce dimanche 19 novembre, présagent bien l’âpreté des «attaques», qu’il faut espérer qu’elles se limitent aux joutes verbales, entre des crocodiles du même marigot, qui se connaissent donc très bien.

Félix Tshisekedi, le président candidat à sa propre succession à Kinshasa, Moïse Katumbi à Kisangani, Martin Fayulu dans son fief de Bandundu-ville, pour ne citer qu’eux, ont réalisé, chacun à son niveau, une entrée en piste réussie, vu la mobilisation importante de personnes qui ont répondu au tocsin qu’ils ont sonné. De quoi faire rêver les uns et les autres! Sauf que les foules des meetings sont loin d’être celles des votes. Non seulement ils sont peu nombreux à posséder des cartes d’électeurs, mais qui pis est, ce sont les mêmes curieux qui prennent d’assaut les lieux des rassemblements. Il suffit juste de changer de tee-shirts ou de pagnes, confectionnés à l’effigie des candidats et distribués gracieusement, et le tour est joué!

Malheureusement, confondant public de meeting et militants réels, de nombreux candidats se nourrissent d’illusions, jusqu’à l’amer désenchantement du dépouillement et de la proclamation des résultats. Tant pis pour les candidats qui se seraient éloignés de leurs bases, car le seul mois dédié pour la pêche aux voix sera très court, la République démocratique du Congo, c’est plus de 2,3 millions de Km2! Le pari sera difficile pour avaler autant de distances, surtout en cette saison des pluies où les routes pour atteindre les électeurs de l’intérieur du pays, sont, pour la plupart, impraticables.

En attendant le jour décisif pour jauger les forces réelles, les alliances se feront et se dénoueront au gré des intérêts.  A ce jeu, Félix Tshisekedi semble avoir bétonné autour de lui. Il a le soutien de nombre de personnalités dont des figures tutélaires du microcosme politique de la RD Congo, comme les vice-Premiers ministres, l’ancien pensionnaire de la Cour pénale internationale, Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe. Dans un clin d’œil dont il a seul le secret, le destin a fait de ces deux politiciens, des anciens clients de la justice internationale pour l’un et locale pour l’autre. Mais les deux hommes jouissent toujours d’une bonne popularité qui sera très utile pour le président sortant qui à un bilan à défendre. Si la situation et les hommes semblent plus faciles à maîtriser côté pouvoir, il n’en n’est pas de même dans le camp d’une opposition qui a du mal à se mettre ensemble.

Certes, Moïse Katumbi peut compter sur l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon, Franck Diongo et Seth Kikuni qui se sont désistés pour lui. Mais l’ancien gouverneur du Katanga aura en face de lui, sauf revirement spectaculaire de leurs parts, d’autres poids lourds de l’opposition comme le candidat malheureux de la dernière présidentielle, Martin Fayulu toujours nostalgique d’une victoire qu’il dit lui avoir été volée et le Nobel de la paix, le célèbre «réparateur des femmes», Docteur Denis Mukwege.

Cette impossible union autour d’un seul candidat, chaque opposant préférant être tête de rat plutôt que queue de lion, risque d’être suicidaire pour l’opposition, dans une élection à un seul tour comme celle de la RD Congo. Les deux camps en constitution, l’un visiblement autour de Moïse Katumbi Chapwe et l’autre autour de Martin Fayulu le champion de l’ex-coalition Lamuka, si l’opposition demeure dans cette stratégie où les égos l’emportent sur l’intérêt commun, se neutraliseront à coup sûr au profit de…Felix Tshisekedi qui boit actuellement son petit lait.

Pour l’instant, rien, surtout pas cette opposition explosée qui se contentera d’un électorat morcelé, ne fait peur au président candidat, qui lui-même est fils d’opposant et, opposant il y a seulement cinq ans.

Par Wakat Séra