Comme il fallait s’y attendre, c’est comme lettre à la poste que la candidature de Tidjane Thiam, à la présidentielle d’octobre 2025, sous la bannière du mythique Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), est passée. Dans une convention éclatée, tenue le mercredi 16 avril sur l’ensemble du territoire, et dont les résultats ont été rendus publics le lendemain, les militants du parti fondé par le premier président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët Boigny, ont plébiscité leur leader, avec 99,50 voix. Un score soviétique qui ferait pâlir de jalousie, le locataire-propriétaire du Kremlin, Vladimir Poutine. Si les chiffres renvoient à un vote massif, c’est le contraire qui aurait étonné, car l’ancien banquier était face à lui-même et le seul enjeu de ces primaires, était le taux de participation. Ce challenge étant relevé, alors que le successeur d’Henri Konan Bédié à la tête du parti d’opposition se trouvait hors de la Côte d’Ivoire, une bataille sans doute plus titanesque se présente devant lui.
Il importera, désormais, pour Tidjane Thiam, 62 ans, de se concentrer sur l’élection présidentielle du 25 octobre prochain qui l’opposera à des têtes fortes de la politique ivoirienne, au titre desquelles pourrait se retrouver un certain Alassane Ouattara, 83 ans, que ses partisans ont, d’ores et déjà, présenté comme leur candidat naturel. Le chef de l’Etat ne s’est pas prononcé sur sa participation à la course à sa propre succession, mais n’a pas non plus contredit les siens. Et si on reste dans la logique du «qui ne dit rien consent», malgré son âge que ses détracteurs, qui le poussent à quitter les affaires, trouvent trop avancé pour cette nouvelle aventure de cinq ans, Alassane Ouattara sera bien dans les starting-bocks pour courir le prochain marathon vers le palais présidentiel. Envers et contre tous ceux qui le taxent de vouloir briguer un quatrième mandat, alors que la constitution de 2016, lui donne bien le droit d’un autre mandat, son deuxième de la IIIe république, Alassane Ouattara maintient, pour l’instant, le suspense. Mais ce débat de mandat est désuet, selon plusieurs experts de la constitution et les opposants réalistes qui cherchent, plutôt, l’arme décisive pour battre, dans les urnes, le patron du parti du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP)!
La question qui se pose actuellement est celle de l’inclusivité et de la transparence de l’élection présidentielle. Concerné au premier chef par ce sujet de la nécessité d’un scrutin ouvert, pour éviter toute situation crisogène pour la Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam qui fait face à une fronde menée au sein de son propre parti par Jean-Louis Billon, et un procès contre sa nationalité, a encore une étape, et, peut-être pas la moindre, à franchir. Et si la justice tranche en sa faveur, rien ne prouve que ces secousses, même sans êtres telluriques, ne fragiliseront pas le parti et son candidat. En attendant, les activités, qui sont en réalité de véritables meetings avant l’heure, drainent du monde, tant au niveau du PDCI que du RHDP. Mais comme sous les tropiques, en dehors du candidat, et peut-être sa garde rapprochée, ce sont les mêmes foules qui, juste en changeant de maillots, crient à tue-tête lors des rassemblements politiques, le casse-tête est monstre, pour évaluer les véritables forces en présence. Il en est de même sur les réseaux sociaux où les débats font rage avec les mêmes personnes, cachées derrière plusieurs profils!
Tidjane Thiam, qui fait, véritablement, figure d’homme à abattre, est pris, entre plus de 100 requêtes, contre sa candidature, devant la Commission électorale indépendante, une CEI dégraissée des représentants du PDCI-RDA et du Parti des peuples africain de Côte d’Ivoire, le PPA-CI de l’ancien président Laurent Gbagbo, et des procédures judiciaires contre sa nationalité.
Et la Côte d’Ivoire se trouve encore emballé par ce débat malsain et porteur de tous les dangers, mais toujours brandi par les politiciens, pour éliminer un, ou des concurrents!
Par Wakat Séra