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Prière pour l’unité des chrétiens: Être tout simplement des «humains» … avant d’être des «religieux»

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Ph. d'illustration (c_africa.la-croix.com)

En Afrique, la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est bien moins connue. Depuis 1933, cette «Prière» s’est transformée en une institution de portée mondiale du 18 au 25 janvier de chaque année. En 2020, les Églises sont invitées à réfléchir sur l’humain qui prédestine à toute chose ici-bas. Quels messages pour l’Afrique, et particulièrement les pays du Sahel?

Témoigner dans ce monde: plus qu’une volonté religieuse, c’est un acte humain

«Ils nous ont témoigné une humanité peu ordinaire» (Ac 28,2). C’est le verset biblique choisi par les chrétiens de Malte et Gozo (Europe). Le chapitre 28 des Actes des Apôtres relate le naufrage du missionnaire Paul sur l’île de Malte. L’homme de Dieu est surpris par l’hospitalité des habitants (Barbares), qui n’ont pas encore reçu le christianisme. Ce ne sont pas seulement les chrétiens qui font de l’accueil du prochain une vertu. Toutes les cultures humaines promeuvent ce sens de l’étranger, de l’altérité.

Dans les pays sahélo-sahariens , des chrétiens prient, croient et espèrent dans la confrontation quotidienne avec une nature hostile et peu généreuse. Chaque jour qui passe est un jour de gagné ou de perdu. Les hommes et les femmes de toutes religions cultivent la résilience, qui reste le seul bien commun pour continuer à lutter. On en comprend dès lors les valeurs d’accueil, de solidarité, d’amitié nécessaire pour (sur)vivre.

Ce premier message est universel : tous les hommes sont des frères et aucune culture, spiritualité et religion ne doit dominer l’autre. Aucune doctrine, aucun dogme ne peut dépasser ce que les humains ont en partage : la Fraternité. « Si tu as de nombreuses richesses donne ton bien. Si tu possèdes peu, donne ton cœur. »

Prier ensemble : un devoir au-delà des toutes les confessions chrétiennes

Cette semaine est avant tout dédiée aux prières interconfessionnelles chrétiennes. Comme les Églises sœurs du monde entier les Églises africaines, quelles que soient leurs orientations bibliques, théologiques et ecclésiologiques, sont invitées pendant une semaine entière à taire leurs différends et de se concentrer sur l’œcuménisme spirituel. La reconnaissance des autres.

En dehors du christianisme, un « autre œcuménisme » élargi à l’entente cordiale entre les religions du monde, y trouve aussi sa place, à la manière du dialogue interreligieux plébiscité en 1986. A cette occasion, les sociétés modernes comprirent que les religions doivent être signes et lieux de paix entre les hommes.

Cette forme de dialogue existe bel et bien en Afrique où les cultures locales ont su développer la dimension fraternelle d’un vivre ensemble remis en cause depuis que des violences interconfessionnelles mettent en difficulté cette noble aspiration.

Cette Semaine spéciale est la manifestation œcuménique la plus célèbre au niveau planétaire, parce qu’elle ne discute ni de doctrines, ni de dogmes, ni d’éthiques, elle officialise un seul langage. C’est le second message de l’unité des Églises autour de leur fondateur : le Christ. « Au bout de la patience il y a le ciel ».

L’hospitalité africaine: quand la violence disperse, l’unité rassemble

En Afrique, parler d’unité chrétienne reste un langage encore peu développé. Les Églises en général sont issues des « Missions séparées » d’Occident (Catholiques et Protestants). Les religions venues d’ailleurs (notamment le christianisme, l’islam), par ce biais, ont « idéologisé » le concept même de religion, avec le risque de transformer des croyances autochtones en systèmes politico-religieux.

Dans les Eglises subsahariennes, en particulier, ces journées de prières (ou leur évocation) se réduisent parfois à une simple annonce le 25 janvier de chaque année (Jour anniversaire de la Conversion de l’Apôtre Paul). En 2020, dans le Sahel (pris en exemple), l’escalade de l’intolérance religieuse ruine des cultures locales, fragilise les relations communautaires et obscurcit l’avenir des « valeurs africaines pacifiques ». Les corollaires sont visibles dans le désarroi des réfugiés dont le nombre ne cesse de croître ces derniers mois.

Ces journées de prière, enfin, convient les chrétiens à des célébrations œcuméniques vivantes, à travers des prières personnelles et communautaires, des liturgies interconfessionnelles et des rencontres diverses (visites mutuelles, partages bibliques). Ce défi-là est à lui seul le troisième message aux chrétiens : tous les chrétiens doivent promouvoir l’unité visible des Églises.

La Paix et la cohésion sociale nécessitent la contribution des forces spirituelles et inculturées de l’Afrique. A chaque religion d’œuvrer pour le progrès humain, Dieu saura agir ensuite. « Pour qu’un enfant grandisse, il faut tout un village. »

Neree Zabsonre