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Procès du putsch de 2015: Léonce Koné, à la barre, réfute les faits à lui reprochés

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Léonce Koné (ph. d'archives)

L’ex-deuxième vice-président du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), Léonce Koné, cadre de banque à la retraite, invité à la barre ce mardi 16 octobre 2018, a réfuté «formellement» les faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, coups et blessures, à lui reprochés dans le cadre du dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015, qui a interrompu un tant soit peu la marche de la transition mis en place après le départ forcé de Blaise Compaoré en octobre 2014.

«Je réfute formellement ces accusations», a affirmé M. Koné. Accusé dans ce dossier du coup d’Etat des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), cet inculpé a dit être mis au courant, le 16 septembre 2015 dans la soirée, par Herman Yaméogo qu’il y avait des troubles au Conseil des ministres. C’est ainsi que des membres de l’ex-Front républicain qui militaient pour la modification de l’article 37 de la Constitution, se sont retrouvés chez M. Yaméogo pour voir la conduite à tenir.

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Le 17 septembre 2015, après la déclaration actant le putsch, Léonce Koné et d’autres membres du Front républicain, auraient pris contact avec le général Gilbert Diendéré pour solliciter une entrevue.

«Nous nous sommes rendus à Kosyam et Diendéré nous a reçus seul», a informé au Tribunal, M. Koné. Il a confié que les membres de cette délégation sont, entre autres, Achille Tapsoba, Réné Emile Kaboré, Herman Yaméogo et lui-même.

Dans les discussions avec le général Diendéré, il est ressorti que c’est «des jeunes soldats qui ont fait le putsch», selon ce cacique du CDP. Et les raisons qui ont favorisé cela seraient, notamment, «la loi sur l’exclusion» de certains dignitaires du parti de Blaise Compaoré, «le statut de promotion militaire» qui a promu général, le lieutenant-colonel Isaac Zida (ex-président pendant 21 jours et ex-Premier ministre sous la transition). «Nous avons pris acte», a-t-il poursuivi, notant qu’ils ont été informés que la hiérarchie militaire a dit qu’elle se mettra à l’écart mais elle soutiendra le général dans le maintien d’ordre.

Après cette rencontre, la délégation du Front républicain aurait, une deuxième fois rencontrée le président du Conseil national pour la Démocratie (CND), le général Diendéré. Mais cette fois-ci pour voir l’évolution de la situation et au niveau de l’armée et au niveau politique.

    Léonce Koné et les 50 millions F CFA venus de la Côte d’Ivoire

A la suite des différentes rencontres entre la délégation du Front républicain et le président du CND, Léonce Koné a dit avoir reçu un appel du général Diendéré, l’annonçant de l’arrivée d’«un plis», un sac contenant une somme de 50 000 000 F CFA.

Cet argent venu avec du matériel de maintien de l’ordre, serait, selon M. Koné, d’une collecte que Emile Ouédraogo et lui auraient fait en Côte d’Ivoire auprès «des amis privés» pour «des besoins politiques». Cet accusé a indiqué sur les 50 000 000, qu’ils voulaient battre campagne avec, 15 000 000 provenant de ses propres fonds.

Dans la suite de sa narration, il a soutenu que 20 millions de cette somme étaient prévus pour les activités du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), cinq millions pour les besoins de leur alliance et le reste pour les imprévus.  

Pour le parquetier, cette affaire d’argent est «troublante». Il a dit ne pas comprendre qu’un hélicoptère affrété pour aller à la frontière chercher du matériel de maintien d’ordre, revienne avec un fonds d’une collecte destiné à des fins politiques. A cette observation du parquet, Léonce Koné a laissé entendre qu’il s’agit d’une simple coïncidence. Mais, selon le procureur militaire, la probabilité que cela soit une coïncidence est mince.

Le parquet s’est également demandé, si la reprise de leurs revendications reprises par les putschistes est aussi une coïncidence.

Dans ses questions et observations, la partie accusatrice a fait cas des messages compromettants émis et reçus par l’accusé. A la lecture de ces SMS, Léonce Koné n’a pas souhaité réagir sur ceux-ci, soutenant parfois qu’il n’e se rappelle pas avoir envoyé des messages.

L’audience a été suspendue ce mardi vers 16h40 (GMT) et elle reprendra le mercredi 16 octobre 2018.

Par Daouda ZONGO