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Procès du putsch manqué: «On avait peur» (Colonel major Kéré)

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Des accusés dans le dossier du putsch de 2015

Le chef d’état-major particulier à la présidence du Faso, sous la transition, le colonel major Boureima Kéré qui a participé à la réunion avec le général Gilbert Diendéré et les officiers de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), le 16 septembre 2015 au cours de laquelle a été annoncé l’enlèvement des autorités, a confié au tribunal, ce lundi 12 novembre 2018, qu’au regard du «risque sécuritaire», il «ne pouvait pas dire quelque chose», notant qu’il avait peur pour sa sécurité.

Le 16 septembre 2015, dans la soirée, après l’enlèvement des autorités de la transition, le général Gilbert Diendéré a rencontré les officiers de l’ex-RSP. L’objectif était d’annoncer l’arrestation du président Michel Kafando, du Premier ministre Isaac Zida et de deux autres ministres et demander l’accompagnement de ces hommes.

«J’ai participé à la réunion qui s’est tenue autour de 16h (GMT) au bureau du chef de corps, (…) mais le risque sécuritaire faisait qu’on ne pouvait rien dire au général», a affirmé le colonel major Boureima Kéré poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires. Il a indiqué que le général était entré dans la salle avec un homme armé (le soldat Da Sami) et que le bâtiment était encerclé par des éléments en arme. Pour lui, c’était comme s’ils étaient tenus au respect.

L’accusé a laissé entendre que «quand le général Diendéré a demandé leur accompagnement», il a «compris que (la crise) était profonde», insistant sur le dispositif qui était mis autour du bâtiment. Pour lui, cet acte «traduisait un manque de confiance». «Avec ce dispositif, on avait peur pour notre sécurité (…) car on ne savait pas quelles instructions les soldats ont reçues», a-t-il poursuivi.

Dans sa déposition à la barre, le colonel major Kéré a reconnu avoir envoyé le capitaine Abdoulaye Dao chercher la déclaration du Conseil national pour la démocratie (CND) au bureau du chef de corps, sous les ordres du général Diendéré. Il a également indiqué que c’est lui qui a lu ladite déclaration devant la hiérarchie militaire, toujours à la demande de Gilbert Diendéré, avant sa lecture à la télévision nationale. «C’est la discipline militaire qui m’imposait de (la) lire», a dit l’ex-chef d’état-major particulier de la présidence du Faso.

Le colonel major Boureima Kéré aurait été aussi celui-là qui a signé le communiqué qui faisait du général Gilbert Diendéré, le président du CND. Selon l’intéressé, il l’a fait sur instruction du général quand ils étaient au bureau du chef de corps. Pour lui, il ne pouvait pas faire autrement car avec la présence d’hommes en arme, sa sécurité était menacée.

Le 17 septembre 2015, après l’annonce du coup d’Etat, le général a convoqué la hiérarchie militaire pour insister encore sur le maintien de l’ordre, car il y avait déjà des victimes. Et la gendarmerie a demandé une réquisition et a indiqué qu’elle n’avait pas les matériels. C’est ainsi que les différentes missions à la frontière du Togo et de la Côte d’Ivoire ont été exécutées.

«Si le chef d’état-major général des armées, Pingrenoma Zagré, qui s’est opposé au coup d’Etat, avait dit qu’il ne pouvait pas l’aider pour le maintien d’ordre, le général allait reculer», a déclaré devant le tribunal, le colonel major Kéré qui a soutenu qu’au moment des événements, il a joué le rôle de médiateur. Il serait celui-là qui a été envoyé par le général Zagré auprès de Diendéré, pour négocier la libération du président Kafando, ainsi que la remise du pouvoir aux autorités de la transition.

Par Daouda ZONGO