Accueil Société Putsch de 2015: le caporal Sami Da, «un agent double» 

Putsch de 2015: le caporal Sami Da, «un agent double» 

0
photo d'illustration

L’audience entrant dans le cadre du procès du putsch du 16 septembre 2015 au Burkina suspendue hier mardi 3 juillet 2018, s’est poursuivie ce mercredi 4 juillet avec l’interrogatoire du caporal Sami Da et du soldat de première classe Amadou Ly. Le caporal Da qui était à son deuxième jour à la barre s’est vu qualifié comme étant «un agent double» dans cette affaire au vu de ce qui ressort dans les procès-verbaux.

Prenant la parole dans le cadre des interrogatoires, Me Séraphin Somé de la partie civile a indiqué qu’ «en réalité ce qui ressort c’est que Sami Da est un agent double». Pour Me Somé, «avec l’argent» ce militaire «peut tout faire».

Cette position de l’avocat de la partie civile a été plus ou moins soutenue par le parquet qui a indiqué que cet ex-garde présidentiel «jouait un double jeu» car au moment des événements il a eu à donner des informations au capitaine Flavien Kaboré, l’aide du camp du Premier ministre Isaac Zida, de qui il a reçu un téléphone avec une puce. Toujours selon le parquet militaire, le caporal Sami Da aurait lui-même affirmé avoir «déjoué un coup» contre M. Zida bien avant le putsch grâce à une information qu’il a donnée au capitaine Kaboré qui a pu évacuer l’ex-Premier ministre de la présidence.

Le caporal Sami Da qui avait nié les faits d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires qui lui sont reprochés, n’a pas souhaité réagir sur le sujet. Mais par contre il reconnait avoir reçu le téléphone portable des mains du capitaine Flavien Kaboré. «Il m’a donné le portable avec une puce et il m’a dit de l’appeler avec ça» en cas de besoin.

«On a dit embarqué et j’ai embarqué»

Sur sa participation au coup d’Etat, le caporal Da affirme avoir été appelé par le sergent-chef Roger Koussoubé et lorsqu’il est arrivé au Palais (Résidence présidentielle), il a vu des véhicules qui étaient en marche. «On a dit embarqué et j’ai embarqué» car «j’ai vu le chef Koussoubé monter dans un véhicule», a signifié le militaire de l’ex-garde présidentielle, notant que là où va son chef il y va. Dans son récit, il affirme qu’ils sont allés à la présidence. «Quand nous sommes arrivés, je suis resté dehors à côté du véhicule et j’ai vu le président Michel Kafando, le Premier ministre Zida, l’adjudant Florent Nion et l’adjudant-chef Moussa Nébié qui sortaient». Il a aussi affirmé que de là-bas il est reparti à pieds au Palais car il ne voyait plus son chef.

Le caporal Sami Da qui dit ne pas reconnaitre les faits de meurtre et coups et blessures volontaire, a affirmé que du 16 septembre soir au 21 septembre 2015, il a reçu l’ordre, du sergent-chef Koussoubé, d’assurer la sécurité du général Gilbert Diendéré. «Je ne savais pas qu’il y avait quelque chose. C’est quand on m’a arrêté qu’on m’a dit qu’on a fait un coup d’Etat», a déclaré l’ex-garde présidentiel qui dit qu’il n’avait pas le temps de suivre la télé ni d’écouter la radio. «Je n’ai fait qu’exécuter des ordres», a-t-il conclu ne se reconnaissant pas dans une histoire de putsch.

Quant au cinquième accusé appelé à la barre, le soldat de première classe Amadou Ly, il a déclaré avoir été appelé le 16 septembre à 10h par son chef, l’adjudant Florent Nion, pour renforcer un poste de détection à la présidence, car il y avait deux absents. «Je suis arrivé à la présidence vers 13h et j’ai occupé le poste» en question jusqu’à «17h» avant de «me rendre au palais», à la recherche du chef. Il note que sous le hall du palais il a vu seulement le major Eloi Badiel et le sergent-chef Bouda qui est l’adjoint de son chef de section. «Le chef Bouda m’a dit de rester au poste de garde au niveau du Palais (où était gardé des autorités de la transition). Je ne savais pas ce qui y était», a ajouté l’accusé.

Selon le soldat Ly, il ne s’est rendu compte de rien. «Je ne savais pas que les autorités de la transition avaient été arrêtées si c’est pas après. Je n’ai pas su à quel moment elles ont été enlevées», a-t-il laissé entendre dans un français approximatif.

Tout comme les autres accusés qui sont déjà passés à la barre, le soldat de premier classe Amadou Ly accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, dit ne pas reconnaitre les faits à lui reprochés.

Deuxième liste des accusés à être à la barre les prochains jours

1-Moussa Nébié

2-Ouékouri Kossé

3-Eloi Badiel

4-Roger Koussoubé

5-Boureima Zouré

Par Daouda ZONGO