Accueil A la une Procès Sankara: l’ex-président a été informé de son assassinat quelques heures avant

Procès Sankara: l’ex-président a été informé de son assassinat quelques heures avant

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Image d'archives

L’ex-président du Faso, le capitaine Noël Isidore Thomas Sankara, a été informé dans la matinée du jeudi 15 octobre 1987 de son renversement par le camp du capitaine Blaise Compaoré, selon « Naaba Sida » de son vrai nom à l’état civil, Victor Zongo, adjudant-chef major, un ancien agent de contre-espionnage qui a fait sa déposition en tant que témoin le lundi 22 novembre. Avant le témoignage de «Naaba Sida », le juge a continué l’interrogatoire du témoin Arsène Bongnessan Yé, un médecin militaire avant de poursuivre par l’audition des témoins Boukary Doamba et Patrice Ouédraogo, des agents de renseignements en service à la table d’écoute.

Après avoir juré de parler sans haine, de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, l’agent de contre-espionnage, l’adjudant-chef major, Victor Zongo, 66 ans, ancien préfet de Tansila, a affirmé avec force que le père de la Révolution burkinabè a été mis au courant dans la matinée du jeudi de ce qui allait lui arriver. Selon sa narration des faits, l’un des agents de contre-espionnage, Boubacar Tinga Cola, a remis au président Sankara, un pli fermé comportement des renseignements que son service avait intercepté et qui évoquaient son assassinat programmé.

Le pli fermé en question qui « a été remis main à main » au président Thomas Sankara disait en substance « dénouement sanglant de la crise ce soir à 15 », crise sous-entendant ici, la tension entre le bord du capitaine Sankara et celui du ministre de la Justice, le capitaine Blaise Compaoré, présenté comme son fidèle ami en son temps.

« Le président (Thomas Sankara) a été informé le matin. Il a été renseigné suffisamment à temps. L’information lui a même été transmise en plus d’une cassette audio attestant de la véracité de l’information (jugée urgente) », a martelé le témoin. Il a signifié qu’après avoir reçu le pli fermé des mains de l’agent Boubacar Tinga Cola, le capitaine Thomas Sankara a laissé entendre que « c’est irréparable », avant de féliciter l’agent Cola à qui il a même donné un chèque pour aller toucher au Trésor pour venir donner à toute l’équipe afin qu’elle reçoive ainsi toutes ses félicitations et ses encouragements pour le « bon travail accompli ».

Le témoin a aussi révélé que dans l’audio en question, il a été rapporté qu’on entendait dans la conversation, la voix du colonel major Jean-Pierre Palm, accusé dans l’affaire.

A écouter le témoin qui dit avoir effectué une mission en juin 1987 en Côte d’Ivoire sous ordre de ses supérieurs hiérarchiques pour aller infiltrer un groupe rebelle angolais de Jonas Savimbi, il a laissé entendre que cet espionnage a profité au camp de Blaise Compaoré car la piste incriminait le capitaine Boukary Kaboré dit le « Lion », au moment des faits, commandant du Bataillon d’Intervention Aéroporté (BIA) qui voudrait renverser le président du Faso. Selon lui, cela a contribué à rassurer le bord de Thomas Sankara qui a certainement baissé la garde pendant que le camp de Blaise Compaoré s’activait pour passer à l’action.

Le procès a été suspendu pour reprendre le mercredi. L’audience ne se tiendra pas demain pour des raisons de sécurité, selon le président du Tribunal, Urbain Méda.

Par Bernard BOUGOUM