Accueil A la une Propagande et désinformation: voici comment l’opinion se fait embarquer

Propagande et désinformation: voici comment l’opinion se fait embarquer

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La désinformation est une information «erronée», même si celle-ci est construite à partir d’une information vraie, qui vise à «mettre la confusion dans l’esprit», selon Dr Régis Dimitri Balima, enseignant chercheur à l’Université Joseph Ki-Zerbo. Il indique que les périodes de crise sont propices à la désinformation utilisée comme une arme de communication. Panéliste lors d’une conférence publique animée le vendredi 15 septembre 2023 à Ouagadougou, Dr Balima a confié que les gens croient facilement à ces fausses nouvelles lorsque celles-ci proviennent d’une personne de notoriété et surtout quand ces fake news viennent confirmer leurs croyances et émotions.

A l’occasion de la journée internationale de la démocratie, le consortium Diakonia, Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD), National Democratic Institute (NDI), PAX et Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a organisé, le vendredi 15 septembre 2023, à Ouagadougou, une conférence publique sur le thème: «Désinformation et Démocratie». Un des panélistes du jour, Dr Régis Dimitri Balima, enseignant chercheur à l’Université Joseph Ki-Zerbo, a développé le sous thème sur «les principales trames de la désinformation au Burkina Faso, l’état des lieux et son envergure».

Dr Régis Dimitri Balima, enseignant chercheur à l’Université Joseph Ki-Zerbo

Dr Balima a d’emblée défini la désinformation, qui désigne, selon lui, des informations qui peuvent être «complètement fausses, trompeuses, inexactes ou incomplètes». «C‘est la création volontaire d’informations fausses dans le but de nuire à une personne, un groupe, une organisation ou un pays», a-t-il précisé. A en croire l’enseignant-chercheur, la désinformation est, par essence, une information «erronée», bien qu’elle prend appui sur une information vraie.

Le communicateur a enchaîné en confiant que les périodes de crise sont propices à la désinformation qui est souvent utilisée, selon lui, par les dominantes politiques comme une arme de communication massive mettant les médias à contribution.

Mais pourquoi la désinformation fonctionne au sein de l’opinion?

La désinformation qui se base sur les fausses informations agit sur l’opinion pour diverses raisons, a fait comprendre Dr Régis Dimitri Balima. «Ces fake news, on les croit quand elles viennent confirmer nos croyances, nos préjugés, nos émotions», a-t-il expliqué, soutenant que leurs auteurs sont conscients du fait que les gens sont prêts à aimer, partager l’information sans la vérifier quand elle vient confirmer leurs préjugés et émotions.

Ainsi, ces auteurs «se débrouillent pour que les nouvelles aient un pied ancré dans la réalité factuelle, c’est ce qui les rend séduisantes et crédibles», a poursuivi le panéliste. Pour lui, le crédit accordé à la désinformation dépend aussi de la notoriété de son auteur.*

La désinformation, selon Dr Balima, peut avoir comme auteurs les web activistes qui, pour lui, sont souvent payés pour ce travail, les hommes politiques, les journalistes, les communicateurs, les intellectuels… Cette désinformation constitue «un réel danger pour la démocratie et la cohésion sociale» pour un pays comme le Burkina Faso, a averti l’enseignant-chercheur. Il relève que cette technique de communication engendre comme conséquences «la réduction de la confiance, la perte de crédit, la guerre d’idées au sein de l’opinion créant sa division». Elle installe ce qu’il a appelé le «règne de la post-vérité» où l’opinion l’emporte sur les faits qui ont moins d’influence par rapport aux appels d’émotions.

Désinformation, mésinformation, malinformation, propagande, où est la nuance?

Dans sa communication, Dr Balima a tenu à faire la nuance entre désinformation, mésinformation, malinformation et propagande. La mésinformation, pour lui, est certes une des formes de désinformation, en ce sens qu’elle est aussi une information fausse, mais la nuance réside au fait qu’elle n’a pas intention de nuire, a-t-il précisé, indiquant qu’elle est favorisée avec le phénomène des réseaux sociaux où on relaie de fausses informations sans s’en rendre compte.

La malinformation, décrypte le panéliste, peut être vraie à la base, mais avec l’intention de nuire. Il s’agit par exemple d’extraire des propos de leur contexte dans le but de discréditer ses propos et leur auteur, a-t-il notifié.

Dr Régis Dimitri Balima, enseignant chercheur à l’université Joseph Ki-Zerbo

La propagande quant à elle, est définie par le communicateur comme un ensemble de techniques de persuasion pour propager une certaine opinion. «C‘est une présentation tendancieuse, orientée, partiale des événements», a-t-il ajouté. Cette technique de communication «masque la vérité et produit de la désinformation. Elle peut s’appuyer partiellement sur la vérité, mais on ne dit pas tout, parfois le plus important on ne le dit pas», a souligné Dr Balima.

La propagande, selon l’enseignant-chercheur, se caractérise par la «désinformation», «la surmédiatisation des gouvernants» et où on ne donne pas la parole à tout le monde, mais à des groupes sympathisants des gouvernants du moment.

Par Siaka CISSE