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Putsch manqué: «Deux semaines de calvaire» pour le capitaine Zoumbri

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(Image d'illustration)

La période du putsch manqué du 16 septembre 2015 qui a été l’œuvre d’éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), a été «deux semaines de calvaire» pour le capitaine Oussène Zoumbri car ayant subi des «menaces et humiliations» au cours des événements. C’est ce qu’il a soutenu ce lundi 17 septembre 2018 devant la barre au cours de son audition.

Le capitaine Zoumbri qui est poursuivi par le parquet militaire pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures, complicité de dégradation de biens et incitation à commettre des actes contraires à la discipline militaire, a dit ne pas reconnaitre les charges pour lesquelles il est devant la Chambre de jugement.

Pour cet officier de l’ex-RSP, la période de deux semaines du coup d’Etat manqué a été un «calvaire» car en tant qu’officier, il se serait évertué à amener les hommes à rentrer au camp et à y demeurer. Il aurait été celui-là qui avait été désigné pour mener à bien le désarmement.

«Si on n’avait pas mis la main à la pâte ça allait être la catastrophe», a soutenu le capitaine Oussène Zoumbri, notant que l’opération de désarmement n’a pas été faite dans la «douceur». Il a affirmé que cette opération a été interrompue plusieurs fois. Selon le capitaine,  ceux qui s’opposaient au désarmement sont entre autres Mohamed Zerbo, Ali Sanou, Ollo Poda, Boureima Zouré. «Quand il y avait blocage on faisait appel au sergent-chef Roger Koussoubé pour débloquer», a-t-il poursuivi, notant qu’ «au RSP il y avait des éléments qui faisaient ce qu’ils voulaient sans qu’il n’y ait pas de sanction. Les chefs (au sein du corps) et même ceux de l’armée nationale, étaient au courant».

Le capitaine Zoumbri, officier d’intervention de l’ex-RSP au moment des faits, a exprimé son mécontentement «de ne pas pouvoir empêcher qu’il y ait un coup d’Etat». Le 16 septembre 2015, après «une formation pour la sécurisation des élections», il était chez lui quand il a été informé par des éléments de ce qui se passait. «Je me suis rendu au Conseil de l’Entente tout en cherchant à savoir ce qui se passait. J’ai donné des consignes afin que personne ne sorte du Conseil et j’ai fait appel à tous ceux qui n’étaient pas là», a-t-il relaté.

Selon cet accusé, il a été appelé après par le chef de corps, le commandant Aziz Korogho pour prendre part à une réunion avec le général Gilbert Diendéré. Au cours de la rencontre, le général Diendéré leur aurait demandé leur accompagnement et leur aurait dit «de rester avec les hommes pour les encadrer». Après cette réunion il a pris part à celle tenue avec la délégation des sages, où il a été le premier élément à prendre la parole à la suite des sages. «Je leur ai demandé si le rapport (du collège de sages) qu’ils ont déposé avait un lien avec les événements pour que les hommes se comportent ainsi», a-t-il laissé entendre, faisant savoir qu’il n’a pas eu de réponse.

Cet inculpé a reconnu avoir rencontré le 16 septembre 2015 entre 23h et 00h au camp Naba Koom dans le bureau du chef de corps, des civils tels que Adama Ouédraogo dit Damiss, Me Mamadou Traoré et Abdoul Karim Traoré.

En rappel le capitaine Oussène Zoumbri est celui-là qui est cité dans le rapport d’expertise comme étant l’interlocuteur du lieutenant Jacques Limon. Des messages compromettants auraient été passés entre ces deux militaires. Mais le capitaine Zoumbri a nié avoir échangé les dits messages avec le lieutenant Limon, remettant en cause les conclusions du rapport d’expertise. «Ces messages ne sont pas de moi. (Ils) sont un peu tirés par les cheveux», a-t-il déclaré.

L’audience débuté vers 9h a été suspendue à 17h02. Elle reprendra le mardi 18 septembre 2018.

Par Daouda ZONGO